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Et si l’on parlait un peu de la présence de la Franc-maçonnerie dans l’Eglise

publié dans regards sur le monde le 9 septembre 2011


 

Oui! Si l’on parlait un peu de la présence de la Franc-Maçonnerie pour comprendre un peu l’histoire contemporaine de l’Eglise. Etudions les faits:

9 décembre 1999.

A Gavrus, au Prieuré Saint Jean-Eudes, c’était du temps où j’étais encore dans la FSSPX, il est 21 h 40. Les prêtres s’apprêtent à se retirer dans leurs « appartements » respectifs pour prendre un juste repos. La journée est finie…
De notre petit salon – bien sympathique – je descends au rez-de-chaussée vérifier si toutes les portes sont bien fermées. La porte du bureau du « capitaine » est bien fermée. A ce moment, le fax – dans son bureau – s’actionne. Un texte sort. Je vois l’heure au fax, 21 h. 40. Je vois le titre, un gros titre : « Carnet du Jour ». Je m’arrête. Il s’agit du carnet mondain du Figaro du 8 décembre 1999. Un texte est encadré. Je vois le nom d’un prêtre « en gras » : abbé J.C. Desbrosse. Je lis attentivement.

Autun« On nous prie d’annoncer le retour à l’Orient éternel… Bigre ! de l’abbé J. C. Desbrosse. » L’Orient éternel ? Je poursuis la lecture. L’abbé J.C. Desbrosse est dit prêtre du diocèse d’Autun, Chalons et Macon. Je sais maintenant qu’il est né en 1948. Il était avocat à l’Officialité d’Autun et même responsable des pèlerinages diocésains. Le texte du faire-part de décès nous dit que : une messe de funérailles a été célébrée le samedi 4 Décembre à la cathédrale d’Autun. J’imagine par l’Evêque. Ils se réservent généralement ce ministère pour leurs prêtres.

Je lis ensuite qu’il est affilié depuis 1980 à la Franc-Maçonnerie – et tout particulièrement à la Grande Loge Nationale Française – avec l’autorisation de « l’autorité ecclésiastique ».

Le journal La Croix, du 13 Décembre, nous apprend même que c’est Mgr Le Bourgeois, à l’époque évêque d’Autun qui lui a donné cette autorisation. Un journaliste de La Croix – Bernard Gorce – est allé interroger le prélat. En retraite aujourd’hui à Paris, d’un âge avancé, 88 ans, mais toujours « bon pied, bon œil », il donna cette réponse.

A la question : Dans quelles conditions aviez-vous autorisé le Père Desbrosse à entrer dans une loge maçonnique ?
Notre évêque répond : En 1980, un jeune prêtre de mon diocèse, le Père Jean Claude Desbrosse, est venu me demander l’autorisation à entrer dans la Grande Loge Nationale Française (GLNF). Il avait des amis et ceux-ci insistaient pour qu’il les rejoigne. Je connaissais bien ce prêtre d’origine italienne et doué d’une grande finesse d’esprit. Je savais qu’il ne partait pas dans cette expérience tête baissée. Je lui ai donc donné mon accord ». (La Croix, 13 Décembre 1999)

C’est clair

Sur le fax, je lis ensuite les différentes loges fréquentées par le bon père.
– Il fut membre plus spécialement des respectables des loges suivantes ;
Atlas 171 (Neuilly), Gislebertus 478 (Autun), Trafalgar 223 (Edinburgh).
Il fut également dignitaire de la Grande Loge des maîtres maçons de marque de France, membre de la loge de marque Augustodunum 28 (Autun).
Il fut aussi dignitaire des grands chapitres de la Sainte et Royale Arche de Jérusalem de France, d’Ecosse et de l’Etat d’Israël. Il était encore membre du grand prieuré d’Ecosse des chevaliers du Temple et de Malte.
Cependant, c’est dans l’ordre Royal d’Ecosse qu’il trouva ses plus grandes joies maçonniques.
Il se recommande à la prière de ses frères, compagnons et chevaliers.

Je n’en connais aucune…et pour cause…
Il devait en avoir des réunions, le bougre ! Sa fonction d’avocat à l’Officialité du Diocèse devait lui laisser bien des libertés… Je suppose.
Cette remarque : c’est dans l’ordre Royal d’Ecosse qu’il trouva ses plus grandes joies maçonniques retint mon attention.
Le faire-part est donc rédigé – pensais-je – par un proche de l’abbé, un intime, quelqu’un qui devait le bien connaître… quelqu’un qui devait connaître et ses joies et ses peines… ses plus grandes joies maçonniques ! Dis donc ! Ou peut-être rédigé par lui-même, qui sait ?
Je me couche surpris d’un tel faire-part.

Le lendemain, je reçois de nombreux coups de fil : vous avez eu connaissance ! Oui ! C’est invraisemblable ! Je vous envoie le document ! J’en ai bien reçu quatre ou cinq… Ces mêmes amis avaient contacté l’évêché d’Autun, Mgr Séguy.
Tous me donnaient leurs impressions : l’évêque semble très gêné de cette affaire. Je comprends… Ils sentent tous une certaine crispation, un certain énervement pour ne pas dire plus. L’un d’eux s’est fait purement et simplement « jeter ».

L’affaire prend une certaine ampleur.

L’évêque d’Autun sent la nécessité d’intervenir.
Le samedi 18 Décembre, il communique au Figaro, une note sur son prêtre et sur la Franc-Maçonnerie, publiée dans la rubrique « Courrier des Lecteurs ». C’est très maison…

– L’Eglise et les francs-maçons: « Ce texte, dont j’ignore l’origine ou la provenance, présente l’abbé Jean-Claude Desbrosse comme membre de la grande loge nationale française.
Il est question de « l’autorité ecclésiastique ». En ce qui me concerne, je me permets de vous faire savoir que j’ai toujours dissuadé tout catholique, et particulièrement l’abbé Desbrosse, d’adhérer à une association maçonnique, conformément à l’enseignement constant et actuel de l’Eglise catholique. En effet, l’Eglise, notre Mère dans la foi, enseigne que « les principes de ces associations maçonniques ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l’Eglise et l’inscription à ces associations reste interdite par l’Eglise ».
D’autre part, « les autorités ecclésiastiques locales n’ont pas compétence pour se prononcer sur la nature des associations maçonniques, par un jugement qui impliquerait une dérogation ». (Déclaration approuvée par le pape Jean-Paul II et publiée le 26 Novembre 1983)
Raymond Séguy
Evêque d’Autun, Chalon et Macon,
77403 Autun

Cette dernière phrase – tirée de l’enseignement romain – est à l’adresse de Mgr Le Bourgeois.

Mgr Le Bourgeois n’aurait jamais donné – dit-il – cette autorisation pour le « Grand Orient » mais pour la Grande Loge, c’est différent…
Dans son interview à La Croix, à la question : Peut-on être prêtre et franc-maçon ?
Mgr Le Bourgeois répond :
« Oui, mais on ne peut pas être membre de n’importe quelle loge. Je n’aurais jamais autorisé un prêtre à devenir membre du Grand Orient de France (GOF) ou d’une autre loge plus ou moins athée, voir anticléricale. La GLNF est une loge « spiritualiste » dans laquelle se retrouvent de nombreux chrétiens ».

Tiens, comment le sait-il ?
Et de fait, il se vante, dans l’interview à La Croix, du 13 décembre 1999, de sa grande liberté dans la gestion de son diocèse.
A la question du journaliste : Aviez-vous parlé de cette initiative avec d’autres évêques ?
Il répond :
« Pas particulièrement.
Certains étaient sans doute au courant. (Tiens…) Mais il était entendu entre le P. Desbrosse et moi-même qu’il ne devait pas faire de prosélytisme. Je crois par ailleurs qu’il existe un petit nombre de prêtres francs-maçons en France (C’est déjà trop, Monseigneur !) Mais nous n’avons jamais fixé de règle de principe. (L’évêque peut-être mais pas l’Eglise !). Quant à moi, j’ai toujours été un évêque très libre de faire ce que je croyais être mon devoir de pasteur ».

Je comprends… Et quelle liberté ! Il n’a pas craint d’écrire contre l’avis de Rome et du Pape, sur un autre sujet, un plaidoyer pour les divorcés remariés. C’est son livre « Chrétiens divorcés remariés » chez Desclée de Browers, en 1990. Il va même dans le détail dans une annexe significative, p. 187/189, il donne les indications concernant la cérémonie pour célébrer un remariage. Il faut le faire… !
Ce « bon » Le Bourgeois ne serait-il pas, lui aussi, F.M. Il se sent très libre dans son devoir de pasteur. Je veux bien le croire…

Son confrère dans l’épiscopat, Mge Seguy, s’inspirant de la pensée du cardinal Ratzinger, lui répond – cinq jours après l’interview – « les autorités ecclésiales locales n’ont pas compétence pour se prononcer sur la nature des associations par un jugement qui impliquerait une dérogation ».

Nos deux évêques – m’est avis – ont dû avoir préalablement à leurs précisions publiques, des conversations téléphoniques. Est-ce vrai, Excellence, que vous ayez donné l’autorisation ? Oui. Vous ne deviez pas, et de citer la phrase du cardinal Ratzinger approuvée par le Pape. Et notre évêque – à la retraite – de lui répondre : « j’ai toujours géré librement mon diocèse ».

La note de Mgr Séguy semble avoir « agacé » les amis F.M. de l’abbé.
Le 21 Décembre, l’un d’entre eux réagit et fait publier, toujours dans Le Figaro, des précisions intéressantes.
Il fait remarquer que cet avis de décès :
« …a été rédigé par J.C. Desbrosse et lui seul ».
Je comprends mieux, à cette réflexion, la note sur ses joies intimes qu’il connût dans la Loge écossaise.
Il  (l’ami) précise même que c’est bien « à sa demande expresse laissée par écrit » – par testament, je l’ai appris ensuite, déposé chez les pompes funèbres d’Autun – qu’à l’heure « fatale », cette note de décès fut transmise au Figaro. C’est le directeur des pompes funèbres lui-même qui l’a confirmé. Les Pompes funèbres savent – eux – respecter les intentions des défunts. Ils ne sont pas comme les curés d’Alençon…
J’en déduis – quant à moi – que notre abbé n’a pas renoncé à son affiliation maçonnique et qu’ainsi il ne pouvait être honoré de la sépulture ecclésiastique.
La discipline ecclésiastique est formelle. Le Canon 1240 §2 de l’Ancien Droit Canon le dit expressément :
« Sont privés de la sépulture ecclésiastique à moins qu’ils n’aient donné quelques signes de pénitence avant leur mort (ce qui n’est pas le cas ici)
« ceux qui ont fait une apostasie notoire de la foi chrétienne ou sont attachés notoirement à une secte hérétique ou schismatique ou à la secte maçonnique ou aux sociétés du même genre ».

Le nouveau Code – bien moins précis et pour cause peut-être – ne semble pas dire toutefois le contraire. C’est le canon 1184 § 3 qui doit être appliqué.

Toutes ces précisions me sont précieuses. Il faut réagir, pensais-je. J’informe la Maison générale de la FSSPX. J’avertis la Maison de Suresnes.
J’écris au Nonce ma désapprobation. Je date ma lettre du 20 décembre.
J’en envoie copie le lendemain à tous les évêques de France. Aux évêques, je suis plus précis sur l’affaire des obsèques ecclésiastiques, sachant, à cette date, que le prêtre n’avait pas renié son affiliation maçonnique.
Je contacte la presse… Le Prieuré est bien organisé… En quelques heures tout cela est fait. Il pourrait servir de bureau de presse… Le seul journal Présent ainsi que Monde et Vie en font écho. Qu’ils en soient remerciés !

J’ai reçu, à cette date, quatre réponses épiscopales, de simples accusés de réception.
Je n’ai pas encore reçu de réponse de la Nonciature, ni de Mgr Séguy… mais peu importe.
Il fallait agir, écrire et dire notre désapprobation.
C’est une question d’honneur, d’honneur de l’Eglise.
C’est une question de respect du droit, du Droit ecclésiastique.

Mais il faut aussi réfléchir.
Au-delà de ce qui n’est qu’anecdote,
Au-delà de cette affiliation de ce prêtre à la loge maçonnique (terrible réalité pour lui – prions pour le repos de son âme), cet événement est, peut-être un indice, une révélation.

Il révèle peut-être une réalité, un drame – le drame de l’Eglise que nous révèlera, un jour, le troisième secret de Fatima. Une infiltration dans l’Eglise, dans son clergé – dans le bas et le haut clergé – dans la hiérarchie même d’une puissance « étrangère » à l’Eglise d’une puissance ennemi, d’une puissance hostile, d’une puissance destructrice, corruptrice dans sa pensée et dans son action, d’une puissance jouant un vrai rôle « démoniaque » dans l’Eglise, la détournant du vrai, l’empêchant de prendre les bonnes solutions pour réagir à la déconfiture de l’heure. Qui lui fait enseigner une doctrine hétérodoxe au lieu et place de sa « doctrine révélée ».
Le cas « Desbrosse » est un signe…révélateur.

Il est certes difficile – pour ne pas dire impossible – de savoir qui appartient à une Loge. La loi du silence est la règle. Comme l’enseigne le Pape Léon XIII dans son encyclique Humanum genus, du 20 Avril 1884.
« Les frères se sont séparés sous la loi du silence », telle est la phrase qui conclut toute réunion maçonnique.

J’ai eu en main un dossier perdu par un des leurs, secrétaire d’une loge maçonnique française d’une ville du Pays de Loire. J’ai pu lire les comptes-rendus des réunions, à l’époque sur l’avortement, ils se terminent toujours par cette phrase. J’ai tout brûlé à ce jour.

Mais s’il est difficile de savoir qui appartient physiquement aux Loges, il est facile de savoir, aujourd’hui, qui en partage les idées, l’idéologie. Les buts mercantiles, philanthropiques qui seraient, à les entendre, leurs vrais buts ne sont qu’apparence proposée pour cacher la réalité de la secte. Leurs buts sont tout autres !

Leurs pensées philosophiques, politiques, religieuses se répandent dans tous les pays, dans beaucoup de têtes, dans les têtes politiques – ils ont gagné le pouvoir politique – mais aussi dans les têtes religieuses.

Ils cherchent à gagner le pouvoir religieux, le pouvoir de l’Eglise.
C’est leur but : corrompre l’Eglise de l’intérieur en lui insufflant leur philosophie : le naturalisme politique, la philosophie voltairienne, rousseauiste.

N’oublions pas les révélations de la Franc-Maçonnerie elle-même.
Le Pape Clément XII en a eu connaissance.

Ces révélations ont été publiées à la demande du Pape Grégoire XVI, puis de Pie IX par Crétineau-Joly dans son ouvrage « L’Eglise romaine et la Révolution ». Par le Bref d’approbation du 25 Février 1861 qu’il adresse à l’auteur, Pie IX a pour ainsi dire consacré l’authenticité des documents cités dans cet ouvrage.

Or, on le sait :
C’est le cœur et la tête de l’Eglise que vise la Franc-Maçonnerie.
« Ce que nous devons demander avant tout – disent ces instructions – ce que nous devons chercher et attendre comme les Juifs attendent le Messie, c’est un pape selon nos besoins ».
« On a chargé nos épaules d’un lourd fardeau… Nous devons arrivés par de petits moyens bien gradués, quoique assez mal définis, au triomphe de la Révolution par un Pape »…et le clergé !
« Le Pape, quel qu’il soit, ne viendra jamais aux sociétés secrètes ; c’est aux sociétés secrètes à faire le premier pas vers l’Eglise afin de les vaincre tous deux. Le travail que nous allons entreprendre n’est l’œuvre ni d’un jour, ni d’un siècle peut-être ; mais dans nos rangs le soldat meurt et le combat continue.
« …nous ne doutons pas d’arriver à ce terme suprême de nos efforts. Mais quand ? Mais comment ? L’inconnu ne se dé-gage pas encore. Néanmoins, rien ne doit nous écarter du plan tracé, au contraire, tout doit y tendre, comme si le succès devait couronner, dès demain, l’œuvre à peine ébauchée ».

« Or donc, pour nous assurer un pape dans les proportions exigées, il s’agit d’abord de lui façonner une génération digne du règne que nous rêvons.
« Laissez de côté la vieillesse et l’âge mûr ; allez à la jeunesse, et, si possible, jusqu’à l’enfance… C’est à la jeunesse qu’il faut aller, elle, que nous devons entraîner sans qu’elle s’en doute, sous le drapeau des sociétés secrètes ».

Et ce règne n’est rien d’autre que le règne qui a pour principe le refus d’obéir à la loi divine, qui a pour règle la volonté de se passer de Dieu et d’agir directement contre Dieu. Saint Augustin parlait de cette cité terrestre qui procède de l’amour de soi porté jusqu’au mépris de Dieu.
Voilà leur rêve caché, désiré, voulu qui – avec le temps – se réalise.
Et pour ce faire, il faut toucher la jeunesse ecclésiastique et lui « faire passer, de proche en proche, glisser adroitement dans les esprits, les germes de nos dogmes ».

Voilà ! Tout est dit !
Et ces dogmes et ces principes – répétons-le – ce sont ceux du naturalisme, du rationalisme, et du droit que Léon XIII appelle le « Droit nouveau » qui en un mot est démocratique et basé sur la négation du péché originel.

Au titre du rationalisme qui affirme que la raison est « maîtresse et souveraine », ils refusent toute vérité révélée, ils sont en conséquence les ardents défenseurs de la laïcité de l’Etat, il faut absolument, disent-ils, séparer l’Eglise de l’Etat et imposer le libéralisme politique. La secte maçonnique en est le propagateur. La Franc-Maçonnerie est le libéralisme politique en acte. Et la « gauche » et la « droite » y puisent leurs principes.

Mais n’entendons-nous pas dans l’Eglise les grands prélats soutenir, étonnement, pareil langage.

Souvenez-vous des paroles de Mgr Vilnet alors président de la Conférence épiscopale déclarant lors d’un colloque sur « la Laïcité ouverte », le 22 avril 1989, à la Maison de la Chimie, à Paris, que l’Eglise vis à vis de l’Etat, est « interlocutrice et non régente ».

Souvenez-vous aussi des paroles du cardinal Etchegaray. Hier, il disait :
« L’Etat neutre, c’est bien ; mais ce n’est pas encore l’idéal… Après l’Etat chrétien, dont la Déclaration conciliaire sonne le glas, après l’Etat athée qui en est l’exacte et aussi intolérable antithèse, l’Etat laïque, neutre, passif et inengagé, a été certes un progrès, mais il reste lui-même marqué d’un certain fixisme et révèle une conception étriquée de la fonction étatique. Ne risque-t-il pas de devenir puissance de frein, si sa tâche essentielle consiste à rogner les ailes des projets des parties prenantes de la nation pour aboutir à la grisaille d’un résidu ou de plus petit dénominateur commun ? ».

Aujourd’hui, à Valence, comme légat pontifical lors des cérémonies commémorant le bi-centenaire de la mort en exil du Pie VI (1717-1799), il renouvelle pareil langage.

« On peut s’interroger certes sur la lenteur, alourdie parfois de peines et de maladresses, avec laquelle la papauté s’est dégagée d’un pouvoir temporel multiséculaire. Mais cette évolution amorcée sous la pression de contrainte externes, s’est accélérée quand l’Eglise l’a conduite d’elle-même par une sorte de logique interne qui puise sa force dans l’Evangile (C’est fou de dire cela !) Et cette courbe ascendante a trouvé son point culminant au Concile Vatican II avec le Décret sur la « Liberté religieuse » qui se fonde sur les droits de la personne humaine et non sur les droits de la religion catholique. (C’est clair, ce n’est pas le langage vrai de l’Eglise catholique!)
Il poursuit et conclut avec logique rejoignant ainsi la pensée maçonnique.
« La laïcité est certes inséparable de l’unité nationale. Mais cette unité ne peut-être conçue en terme d’identité réductrice des différences dans une société de plus en plus massivement pluraliste. Après l’Etat chrétien dont le Concile a sonné le glas, après l’Etat athée qui en est l’exacte et aussi intolérable antithèse, l’Etat laïque ne saurait se contenter d’une neutralité par pur abstention : il est de son devoir, sans se renier, de faire appel aux valeurs religieuses comme à une référence capable de nourrir et de fortifier le tissu si fragile de la société ». (DC. 3 Oct. 1999, n° 2211, cd 828)

Le Cardinal réintroduit le « phénomène religieux » dans la société au seul titre du pluralisme et du besoin subjectif de l’individu et nullement au titre de la vérité du Christ. C’est ce qu’il faut comprendre.

Et Mgr Defois réaffirma – lui aussi – la nécessaire laïcité de l’Etat. On s’en souvient, dans une conférence de presse pour préparer la venue du Pape Jean Paul II à Reims, à l’occasion du millénaire du Baptême de Clovis. Il déclara : il n’est pas question pour l’Eglise :
« …d’annexer l’histoire et l’identité française. Nous ne voulons pas récuser l’acquis de la Révolution qui a proclamé les Droits de l’Homme, l’idéal de liberté, d’égalité et de fraternité comme socle moral de la nation », ni remettre en cause une séparation de l’Eglise et de l’Etat qui « paraît aujourd’hui comme une sauvegarde de nos libertés, y compris religieuses ». (Ouest France, Février 1996)

Tous ces prélats ne réalisent-ils pas les vœux maçonniques à savoir, prêcher « une révolution en tiare et en chape marchant avec la croix et la bannière, une révolution qui n’aura besoin que d’être un tout petit peu aiguillonnée pour mettre le feu aux quatre coins du monde ».
Elles sont terribles ces paroles. « Que le clergé marche sous votre étendard en croyant toujours marcher sous la bannière des Clefs apostoliques ».
Terribles parce qu’aujourd’hui réalisées.

Et lorsque nous voyons le cardinal Ricard, arc hevêque de Bordeaux, à l’époque encore président de la conférence épiscopale française, écrire, dans le Figaro, c’était le 30 janvier 2004, en plein milieu du conflit sur le voile islamique : « Toutes les composantes religieuses doivent avoir droit de cité, publiquement, à condition de savoir aussi donner leur place aux autres et de ne pas se mettre en contradiction avec les grands principes de la République » nous sommes dans l’erreur absolue. Voici le commentaire qu’en fit Jean Madiran dans son livre « La laïcité dans l’Eglise » : « Relisons. Condition pour qu’une religion ait droit à l’existence dans la République française, ne pas se mettre en contradiction avec les grands principes de la République ! On croît rêver. Ces « grands principes » , c’est la mixité généralisée, composante obligatoire du principe essentiel de laïcité, ainsi que l’affirme l’exposé des motifs de la nouvelle loi laïque. Ce sont les droits de l’homme, et parmi eux le « droit à l’avortement ». Et aussi l’éducation morale des enfants entièrement et sans appel soumise à l’autorité de l’Etat. Demain peut-être, parmi « ces grands principes », on verra figurer le droit à l’euthanasie, le mariage homosexuel, et Dieu sait quoi encore. Plus fondamentalement, quelles que soient les suites de l’évolution fantaisiste et illimitée de ces « grands principes de la République », le droit de cité de l’Eglise catholique ne peut dépendre de sa conformité à une loi politique, fut-ce une loi constitutionnelle. Et ce fut un jour sombre, annonciateur de grands malheurs, ce jour du 30 janvier 2004 où le président de l’épiscopat français situa la légitimité de l’Eglise ailleurs que dans sa mission divine ». (op. cit. p. 79-80). Respecter les « grands principes de la République », la Maçonnerie n’en demandait pas tant. Et c’est ainsi « Que le clergé marche sous « les étendard (maçonniques) croyant toujours marcher sous la bannière des Clefs apostoliques ». Les autorités ecclésiales en sont la raison.

Mais n’en restons pas là.

Un autre principe maçonnique très important est celui de l’indifférentisme religieux. C’est une conséquence du rationalisme.

Léon XIII le décrit très bien dans son encyclique… Quelle sagesse !
« En ouvrant leurs rangs à des adeptes qui viennent à eux des religions les plus diverses (même aux prêtres catholiques nous le savons maintenant) Ils deviennent plus capable d’accréditer la grande erreur du temps présent, laquelle consiste à reléguer au rang des choses indifférentes, le souci de la religion et à mettre sur le pied d’égalité, toutes les formes religieuses.
« Or, à lui seul, ce principe suffit à ruiner la religion catholique car étant la seule véritable, elle ne peut, sans subir la dernière des injures et des injustices, tolérer que les autres religions lui soient égalées ».

Mais que fait-on à Rome, au Vatican ?
A quoi s’agite Mgr Etchegaray ?
A la préparation de la journée de la réunion œcuménique du 27 Octobre 1986 à Assise.

Ainsi au Vatican, on vous parle d’œcuménisme… Là, en Loge, d’égalité des religions ! C’est la même chose.

Du reste, les Loges ne s’y sont pas trompées.

La Grande Loge Nationale de France, celle à laquelle appartenait un temps, l’abbé J.C. Desbrosse, pouvait donner le communiqué suivant : «Les maçons de la G.L.N.F désirent s’associer de tout cœur à la prière œcuménique qui, le 27 octobre, rassemblera à Assise tous les responsables de toutes les religions en faveur de la paix dans le monde » (cité dans le livre de Don Andrea Mancinella, « 1962. Révolution dans l’Eglise » (p. 147).

Et mieux encore, le Grand Orient d’Italie pouvait écrire : « La sagesse maçonnique a établi que personne ne peut être initié s’il ne croit pas au G.A.D.U. (Grand architecte de l’univers), mais que personne ne peut être exclu de notre famille à cause du Dieu auquel il croit et de la façon dont il l’honore. C’est à cette interconfessionalisme qu’est due l’excommunication que nous avons subie en 1738 de la part de Clément XII. Mais l’Eglise était certainement dans l’erreur, s’il est vrai que le 27 octobre 1986, l’actuel pontife a rassemblé à Assise des hommes de toutes les confessions religieuses pour prier ensemble pour la paix. Et que cherchaient nos frères, sinon l’amour entre les hommes, la tolérance, la défense de la dignité humaine, quand ils se rassemblaient dans les Temples, se considérant égaux, au-dessus des fois politiques, des fois religieuses et de la couleur de la peau » (Hiram, revue du Grand Orient d’Italie, avril 1987)

Détrompez-vous. Les frères maçons ne cherchent pas dans leurs Temples « l’amour entre les hommes, la tolérance, la défense de la dignité humaine », ils cherchent à détruire l’Eglise, à la ruiner de font en comble ; Car ce principe d’interconfessionalsime «suffit à lui seule, dit Léon XIII à ruiner la religion catholique car étant la seule véritable, elle ne peut, sans subir la dernière des injures et des injustices, tolérer que les autres religions lui soient égalées ».

A Assise, en 1986, des hommes d’Eglise s’adonnèrent  à l’interconfessionalisme. Cet événement provoquera l’indifférentisme religieux, point voulu nécessairement par les prélats catholiques …mais réalisé tout de même par eux. Là aussi, la Franc-Maçonnerie a gagné.

Je conclurais volontiers :

La prochaine réunion d’Assise, celle du 27 octobre 2011, celle annoncée et organisée par Benoît XVI, loin d’être une réunion tout à la gloire et à l’honneur de Notre Seigneur Jésus-Christ, notre Maître et notre Rédempteur, tout à l’honneur de l’Eglise romaine, sera parce que « œcuménique » et en tant que telle, c’est-à-dire indépendamment même de la volonté des organisateurs, et de ce qui pourra être dit, c’est-à-dire dans son principe même, sera une réunion à la gloire de la Franc-maçonnerie et de ses dogmes, c’est-à-dire de son naturalisme, de son indifférentisme, à la gloire de Satan. Ce sera le triomphe de la contre-église.

L’affiliation de l’abbé Jean-Claude Desbrosse à la Loge d’Ecosse en est le signe certain.
Il me fait penser aussi au témoignage du comte Paolo Sella di Monteluce, économiste et homme politique italien, cité dans le livre de Don Andrea Macillena, « 1962, la révolution dans l’Eglise », à la page 50 : « En octobre 1958, environ sept ou huit jours avant le Conclave, je me trouvais au sanctuaire d’Oropa, à l’un des habituels repas du groupe Attilio Botto, industriel de Bielle qui aimait réunir autour de lui des professionnels des différentes branches pour discuter sur divers problèmes. Ce jour là était invité un personnage que je connaissais comme une haute autorité maçonnique en contact avec le Vatican. Celui-ci me dit, en me raccompagnant cher moi en voiture : « le prochain pape ne sera pas Siri, comme on le murmure dans certains cercles romains, parce que c’est un cardinal trop autoritaire. On va élire un pape de conciliation. Le Patriarche de Venise Roncalli a déjà été choisi. Je répliquai surpris ; « choisi par qui ? » « Par nos maçons représentés au Conclave » me répondit sereinement mon courtois accompagnateur. Je demandais alors : « Il y a des maçons au Conclave ? ». « Bien sûr, m’entendis-je répondre, « l’Eglise est entre nos mains » Je répliquais stupéfait : « Alors qui commande dans l’Eglise ? ». Après un bref silence, la voix de mon accompagnateur martela : « Personne ne peut dire où sont les sommets, les sommets sont occultes »

Ainsi le clergé marche sous l’étendard maçonnique tout en croyant toujours marcher sous la bannière des Clefs apostoliques.
Il est temps de revenir au véritable enseignement constant de l’Eglise et à une juste pratique de l’œcuménisme tel que Léon XIII l’enseignait.
C’est un devoir.
C’est une question d’honneur.

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