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Réflexions autour la présence de représentants de l’Église aux rencontres 2012 de l’UOIF.

publié dans flash infos le 7 mai 2012


dimanche 6 mai 2012
Réflexions autour la présence de représentants de l’Église aux rencontres 2012 de l’UOIF

Publié par Christian Mira le dimanche 6 mai 2012 sur le site de Notre Dame de Kabilie.

J’écrirais, personnellement, « trahis par nos évêques »

Les rencontres annuelles 2012 des musulmans de France, organisées par l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), ont été marquées par une « première »: la participation de deux représentants de l’Église de France, Mgr Michel Dubost, évêque d’Evry-Corbeil-Essonnes, président du Conseil pour les Relations Interreligieuses (CRI), et le père Christophe Roucou, responsable du Service des Relations avec l’Islam (SRI). Le CRI et le SRI sont deux organismes de la Conférence des évêques de France. L’objet de cet article est de présenter, dans une première partie, les déclarations de Mgr Dubost (avec quelques commentaires), faites avant et après la table ronde de ces rencontres, intitulée « le dialogue intellectuel et culturel : un préalable pour un changement durable »). Dans ces déclarations le président du CRI justifie sa présence, en jugeant que la stigmatisation des musulmans en France s’amplifie. Le thème de la table ronde laissait cependant supposer que la question des persécutions anti chrétiennes, l’un des facteurs évidents de stigmatisation, serait abordée. Ceci ne semble pas avoir été le cas. Un deuxième paragraphe concerne quelques réflexions et questions engendrées par la présence de représentants de l’Église à ces rencontres. La troisième partie traite du contenu d’un document (« Faut-il avoir peur de l’islam ») des éditions Bayard, publié en collaboration avec le SRI, peu avant les rencontres de 2012. A propos de la présence de représentants de l’Église, le dernier paragraphe situe le contexte général lié à l’actualité religieuse et politique du moment, dont l’offensive de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) pour inscrire dans le droit international une interdiction mondiale de tout examen critique de l’islam et de la charia.

-1 Présence de représentants de l’Église à la rencontre de l’UOIF. Déclarations de Benoît XVI sur les persécutions antichrétiennes.

Les rencontres annuelles 2012 des musulmans de France, organisées par l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF) le lundi de Pâques, ont retenu l’attention de nombreux catholiques. Cet intérêt est lié à la participation de deux représentants d’organismes de la Conférence des évêques de France (C.E.F.) à une table ronde intitulée « le dialogue intellectuel et culturel : un préalable pour un changement durable ». Il s’agit de Mgr Michel Dubost, évêque d’Evry-Corbeil-Essonnes, président du « Conseil pour les Relations Interreligieuses et les Nouveaux Courants Religieux » (C.R.I.), et du père Christophe Roucou, responsable du Service des Relations avec l’Islam (S.R.I.). Sur le thème annoncé, ils ont pu dialoguer avec deux imams de l’UOIF, Azzedine Gaci (recteur de la mosquée Othmane de Villeurbanne, et ami du cardinal Barbarin, Primat des Gaules) et Tareq Oubrou (recteur de la mosquée El Huda à Bordeaux), tous deux connus pour leur engagement dans le dialogue islamo-chrétien.

Cette participation s’est située à un moment où le gouvernement a refusé d’accorder les visas d’entrée à des prédicateurs islamistes invités par l’UOIF, donc jugés dangereux. Parmi eux Yussef Al-Qaradawi, président de l’Union Internationale des Savants Musulmans (oulémas), membre de la confrérie des frères musulmans ainsi que du Conseil Européen pour la Recherche et la Fatwa, consultant religieux sur la chaîne satellitaire Al-Jazira, auteur de « Le licite et l’illicite » (éditions Al-Qalam, 2001). Aussi, anticipant les nombreuses réactions négatives que ce soutien indirect à une organisation musulmane controversée ne manquerait de provoquer, Mgr Dubost a justifié sa décision sur le site du Journal Le Monde (07/04/2012) dans les termes qui suivent: « depuis les événements de Toulouse et Montauban, je sens une grande nervosité et une peur chez les musulmans. Dans ces moments, il est important de montrer que des liens existent et redire les conditions de ces liens. Pour les créer, il faut le respect des lois de la République et la liberté de professer en public et en privé l’enseignement de son culte ». Plus particulièrement en ce qui concerne l’UOIF, il a ajouté « il serait dangereux pour l’organisation et pour tous nos concitoyens que des gens se sentent ostracisés ». En outre se plaçant dans le contexte de l’élection présidentielle, le président du Conseil pour les Relations Interreligieuses considérait que les « débats ne doivent pas se transformer en antagonismes furieux. Nous, religieux, avons la responsabilité du lien social. Nous avons quelque chose à dire ensemble : que l’homme ne se réduit pas à la consommation et que nous partageons des valeurs de justice, de paix et de transcendance ».

Fait surprenant, à date de publication de cet article de Notre-Dame de Kabylie, une « recherche Google » via différentes combinaisons de mots clés, n’a permis d’obtenir qu’une seule relation de la table ronde. Elle a été publiée sur le site de l’hebdomadaire catholique La Vie, sous le titre « Michel Dubost explique pourquoi il est allé au rassemblement des musulmans au Bourget » (VOIR). En voici des extraits :

« Alors que certains catholiquesavaient demandé au prélat de ne pas se rendre au Bourget, Mgr Dubost a tenu à dire sa solidarité avec les musulmans qui se sentent stigmatisés : « Je ne regrette pas d’être venu ici, au contraire. Les musulmans ont peur d’être stigmatisés. C’est une raison de plus pour venir et pour leur témoigner mon amitié. Nous devons être les uns avec les autres, non pas seulement pour une question d’amabilité, mais au nom de la foi. Je crois que notre Dieu est notre père à tous. Je ne veux pas qu’on dise du mal de certaines personnes parce qu’elles sont ce qu’elles sont. »

Mgr Dubost s’est attardé sur le caractère concret du dialogue avec l’islam : « Le témoignage de mes amis musulmans m’aide dans ma propre foi chrétienne. Pour moi, le dialogue interreligieux n’est pas quelque chose d’abstrait, il a lieu entre des personnes, en l’occurrence avec des amis musulmans. Pour nous tous, rencontrer d’autres croyants c’est quelque chose de fondamental. »

L’évêque a enfin insistésur sa conception d’une « laïcité d’intégration ». « Il faut qu’on puisse parler de Dieu dans le domaine public », a-t-il estimé. Un point de vue que l’évêque partage probablement avec de nombreux participants musulmans, à en juger par les applaudissements qu’il a suscités ». ** Fin de citation de l’article de La Vie.**

Auparavant, dans le but de faire apparaître sa réelle volonté de lutter contre toute stigmatisation de l’islam, dans le cadre de l’émission du 7 mars (matin) d’Yves Calvi sur RTL, Mgr Dubost avait déclaré ne pas être gêné de manger halal, oubliant cependant que ceux qui le font, sans en être informé, paient une taxe religieuse au culte musulman contre leur volonté. Les explications, données ci-dessus par le président du Conseil pour les Relations Interreligieuses, pour motiver sa présence aux rencontres de l’UOIF, font apparaître que l’une des causes essentielles de la stigmatisation de l’islam (et non des musulmans en tant que personnes) n’a pas été évoquée dans le débat avec les deux imams. Il s’agit des persécutions antichrétiennes en terre d’islam. Il n’est pas impossible que cette question ait été considérée devant les participants aux rencontres de l’UOIF. Si c’est le cas, elle n’a pas été reprise dans les médias dominants, ou non, d’où la très faible probabilité de l’évocation de ce sujet. Tout chrétien, solidaire de ses frères en grande souffrance en terres d’islam, se sentant « dans les chaînes avec eux » (Hébreux 13:3), a probablement été douloureusement surpris par ce silence, en pensant à ces passages du Nouveau Testament:

– « Pierre était gardé en prison tandis que l’Église priait Dieu pour lui ardemment » Actes 12; 5.

– « Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez dans les chaînes avec eux, de ceux qui sont maltraités, vous aussi qui avez un corps. » (Hébreux 13:3).

Devant l’effrayant bilan des persécutions antichrétiennes, leur amplification, la dégradation de la liberté religieuse, la sanction de l’apostasie, un chrétien ne peut rester insensible. Or ces rencontres de l’UOIF se sont situées à un moment où l’actualité récente illustrait de façon brulante cette terrible situation:

– Le jour de Pâques (la veille de cette table ronde), un attentat dirigé contre une église de la ville de Kaduna (nord du Nigéria) faisait une quarantaine de morts et des dizaines de blessés.

– Un leader chrétien a été décapité, et d’autres chrétiens sont menacés de traitement similaire, lors de l’avancée des militants islamistes au Mali. Les chrétiens ont fui la ville de Tombouctou où la charia a été imposée. Des rapports annoncent que les églises de Gao, 200 milles à l’est, ont été complètement détruites. Cf. http://www.assistnews.net/Stories/2012/s12040044.htm

– Le 30 mars, à Nutangram un village du Bengale occidental, une centaine de musulmans ont interrompu une réunion de prière de chrétiens. Ils les ont insultés, tabassés, enfants compris, et leur ont donné la chasse en les menaçant de mort, sous le regard d’environ 500 musulmans amusés. Les assaillants encourageaient leurs coreligionnaires femmes à frapper les femmes chrétiennes. Cette augmentation des agressions musulmanes contre les chrétiens constituent un phénomène relativement nouveau en Inde, une nation majoritairement hindou (LIRE)

– A l’occasion des célébrations de Pâques 2012, le pape Benoît XVI condamnait « les discriminations et persécutions des communautés chrétiennes » du Moyen-Orient (où est né le christianisme) à l’Afrique. Dans son message « Urbi et Orbi » il ajoute : »Le Christ est espérance et réconfort particulièrement pour les communautés chrétiennes qui sont les plus éprouvées par des discriminations et des persécutions à cause de leur foi ».

– La publication récente du « Rapport de l’Index Mondial des Persécutions en 2011 » par « Portes Ouvertes »(http://www.opendoors.org/ ONG internationale chrétienne destinée au soutien des chrétiens persécutés) montre l’aggravation de la situation de ces persécutés. Déjà, il y cinq ans, Thomas Grimaux avait publié le livre « Le livre noir des nouvelles persécutions antichrétiennes » (Favre, 2007) montrant l’ampleur de ce fait. Il notait que ces persécutions étaient devenues institutionnalisées et pratiquées à grande échelle dans le monde entier. Depuis les choses ont empiré. Entre 2003 et 2010, en Asie, Afrique et au Moyen Orient, les attaques terroristes contre les chrétiens, victimes de 70% des violences religieuses commises dans le monde entier, ont augmenté de 309% (http://www.zenit.org/article-30726?l=french).

– Trois semaines après les rencontres de l’UOIF, le 29/04/2012, deux services religieux chrétiens ont subi une attaque à la bombe et une fusillade, qui ont fait environ au moins vingt morts, et de nombreux blessés, à Kano (Nord Nigéria à majorité musulmane).

La non-mention des persécutions antichrétiennes lors de la table ronde est d’autant plus surprenante que, le 22 novembre 2010, après l’attentat contre la cathédrale de Bagdad, Mgr Dubost avait parlé de liberté religieuse, et dit clairement: « Les attentats contre les chrétiens ont pour but le départ, l’anéantissement des chrétiens ». De son côté Benoît XVI a toujours été très explicite sur ce sujet. Ainsi:

– En 2006, il a placé le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux, son principal instrument de communication avec le monde musulman, sous la tutelle du Conseil Pontifical de la Culture. En ce qui concerne le dialogue avec l’islam, il s’agissait pour le Pape de privilégier les aspects pratiques, tels qu’amener les autorités religieuses musulmanes à condamner les violences antichrétiennes faites souvent au nom de Dieu, à la reconnaissance de la parité entre homme et femme, à l’égalité des droits pour les non musulmans vivant en terre d’islam, la liberté religieuse, le droit de changer de religion. La référence du Pape est un « dialogue des cultures » orienté vers les répercussions culturelles, et éthiques, résultantes pour les différentes religions (thème de la table ronde).

– Le dimanche 10 janvier 2010, après la récitation de la prière de l’angélus, le Saint Père disait: « La violence envers les chrétiens dans certains pays a suscité une grande indignation, aussi parce qu’elle s’est déroulée au cours des jours les plus sacrés de la tradition chrétienne. Les institutions politiques et religieuses ne doivent pas renoncer, je le rappelle, à leurs responsabilités. Il ne peut y avoir de violence au nom de Dieu, et on ne peut pas davantage prétendre l’honorer en offensant la dignité et la liberté de ses semblables ». Ici « violence au nom de Dieu » cible de façon claire les pays à majorité musulmane.

– Dans son discours au premier Séminaire Catholique-Musulman organisé par le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux (Rome, novembre 2008), devant les leaders religieux musulmans et chrétiens, Benoît XVI déclarait: « La discrimination et la violence dont aujourd’hui encore les communautés religieuses font l’expérience à travers le monde, et les persécutions souvent violentes dont elles sont l’objet, représentent des actes inacceptables et injustifiables, et bien plus graves et déplorables quand ils sont perpétrés au nom de Dieu. Le nom de Dieu ne peut être qu’un nom de paix et de fraternité, de justice et d’amour ».

Cette bien triste actualité, et ces déclarations non ambigües du Saint Père, dont celle dans le cadre de la rencontre islamo-chrétienne de Rome, semblaient justifier au moins un petit mot sur les persécutions dans le débat intitulé « le dialogue intellectuel et culturel : un préalable pour un changement durable ».

Plus haut nous avons vu le sens que Benoît XVI donne à « dialogue des cultures ». Quant au « dialogue intellectuel », il suppose la vérité et la liberté d’aborder les sujets qui fâchent, sinon on est en pleine confusion. A ce sujet, analysant le dialogue officiel mené actuellement en France, le père Jourdan islamologue, ancien délégué du diocèse de Paris pour les relations avec l’islam, dénonce l’absence de liberté des interlocuteurs des deux parties du dialogue islamo-chrétien, qu’il résume avec l’image du « bal masqué » (LIRE). Mgr Dubost voit aussi dans sa présence un témoignage d’amitié, et ajoute  » Nous devons être les uns avec les autres, non pas seulement pour une question d’amabilité, mais au nom de la foi. Je crois que notre Dieu est notre père à tous ». Sans évocation des persécutions antichrétiennes (ce que fait si souvent le Saint Père), on ne peut s’empêcher de penser au livre du père Jourdan « Dieu des chrétiens. Dieu des musulmans », qui parle d’ambiance affective et de bienveillance relativiste dans les relations avec l’islam. Page 184 ce point est précisé avec « une relation trop affective masque un refus du dialogue ». Dans son interview sur Notre-Dame de Kabylie, l’auteur voit dans ce qu’il appelle « affectivisme » une « réaction psychologique et une tactique par manque de courage et de liberté devant la peur ». Il ajoute: « Musulmans et non-musulmans peu courageux s’installent alors dans l’affectif, qui est le masque fondamental idéologique entretenu : il faut de ‘l’empathie’ ! Tous ceux qui donneraient l’impression d’attenter à cette empathie convenue sont forcément qualifiés d’antimusulmans. Le piège est bouclé. Tout le monde est prisonnier ».

En déclarant agir « au nom de la foi »,et « Je ne veux pas qu’on dise du mal de certaines personnes parce qu’elles sont ce qu’elles sont », le président du Conseil pour les Relations Interreligieuses a voulu justifier sa présence. Le problème est que les musulmans en tant que personnes ne sont pas stigmatisés, et surtout ne doivent pas l’être, car ils sont plutôt des victimes, ce que disent de nombreux ex- musulmans. En particulier Joseph Fadelle, converti issu de l’islam (auteur du livre « Le prix à payer »), le montre dans son entretien (25 novembre 2010) avec la rédaction de L’Homme Nouveau, en disant: « Je pense qu’il est vraiment important de distinguer avant toute chose les musulmans et l’islam ». Une telle position a d’autant plus de valeur qu’il est toujours sous le coup d’une fatwa de mort, qu’à cause de sa foi il a été torturé dans une prison irakienne, puis laissé pour mort par son oncle et ses frères, venus l’exécuter pour cause d’apostasie, après sa fuite en Jordanie, ceci afin d’obéir à l’ordre d’un père qui lui portait la plus grande affection, le voyait comme son héritier à la tête de son puissant clan. Joseph Fadelle excuse ses bourreaux en disant « c’est la règle, l’islam les y oblige », montrant ainsi en quoi ces bourreaux sont devenus eux-mêmes des victimes. Ainsi il stigmatisait non pas les personnes, mais implicitement les livres canoniques (Coran, hadiths, Sira) qui justifient l’utilisation de la violence sacrée.

– 2 Quelques réflexions et questions issues de la présence de représentants de l’Église à la rencontre de l’UOIF

Dans la première moitié du 20éme siècle Ali Abd al-Raziq défendait l’idée que l’islam doit être un message uniquement spirituel et moral. Il mettait en cause la notion d’état musulman via une analyse radicale, véritable appel à la laïcité, ce qui l’a conduit à finir sa vie au ban de la société. Plus tard, suivant la même voie, le soudanais Mahmoud Mohamed Taha, de formation soufie, a bien essayé en 1967 de plaider l’abandon de pans entiers du Coran. En effet, inversant la règle de la « doctrine de l’abrogation », il considérait « abrogée » toute la partie du Coran révélée à Médine, dans la mesure où elle apporte des règlements particuliers outrepassant le message général de la période mecquoise. A ce sujet il faut rappeler que les versets qui prônent la violence sacrée contre les infidèles (dont en particulier les versets 5 et 29 de la sourate 9), et édictent des lois, correspondent à la période médinoise. Les versets qui prêchent l’indulgence ou la tolérance (tels que « pas de contrainte en religion »), les premiers dans l’ordre chronologique, sont ceux de la période mecquoise. Ils sont considérés comme abrogés par la théologie musulmane. Taha ramenait la question religieuse au niveau de la seule foi, et montrait les risques résultant d’un attachement aux prescriptions. Considéré comme apostat envers la parole de Dieu, il a été exécuté par pendaison. Nasr Hamid Abu Zayd’, l’un des théologiens libéraux les plus connus, est un professeur d’études islamiques. Son œuvre cherche à interpréter le Coran par une herméneutique humaniste. Il souffrit de persécution religieuse pour ses opinions sur le Coran. En 1995, il fut promu difficilement professeur titulaire, mais une polémique sur ses écrits enfla et mena à l’annulation de son mariage pour apostasie. Après la décision de la Cour égyptienne, et sous la menace de mort de groupes fondamentalistes, il s’enfuit en Hollande, où il réside depuis (cf http://fr.wikipedia.org/wiki/Nasr_Hamid_Abû_Zayd). Farag Foda était un écrivain égyptien, défenseur des doits de l’homme, assassiné le 8 juin 1992. Avant sa mort, Farag Foda avait été déclaré apostat et ennemi de l’islam. Un savant d’Al-Azhar, Mohammed al-Ghazali, témoignant devant le tribunal jugeant les assassins, a déclaré qu’il était juste de tuer un ennemi de l’islam: « L’assassinat de Farag Foda est en fait l’application de la sanction contre un apostat » (cf. http://en.wikipedia.org/wiki/Farag_Foda).

Connaissant l’absence de risques de ce type en Europe, plus particulièrement en France pays libre donc non soumis à la loi de l’islam, dans le cadre du dialogue officiel actuel n’est-il pas du devoir des interlocuteurs chrétiens du dialogue de suggérer, certes pas brutalement, mais progressivement, à leurs partenaires l’exemple de ces courageux musulmans? Il y a là l’occasion de commencer à faire disparaître l’un des éléments importants de la stigmatisation de l’islam (pas des musulmans). En attendant dans le cadre des rencontres de l’UOIF, il n’était pas inconvenant d’émettre le vœu que cette association se positionne clairement quant à la liberté religieuse, au respect des Droits de l’Homme, et leur promotion dans l’enseignement religieux. La tâche paraissait d’autant plus facile pour Mgr Dubost qu’après les assassinats commis par Mohamed Merah, dans le cadre d’un rassemblement organisé à Lyon, des leaders musulmans, dont Azzedine Gaci (avec Tarek Oubrou débatteur de la table ronde), ont lu un appel intéressant. Cet appel disait que les « responsables musulmans de France ….doivent inlassablement retravailler avec leur communauté pour relire leurs textes fondateurs, étudier leur environnement, produire une pensée en phase avec l’époque, et repenser l’éducation islamique donnée à leurs enfants » (SOURCE). Il est possible que les rédacteurs de cet appel pensaient au livre (en plusieurs volumes) destiné à la formation religieuse des enfants « La Voie du petit musulman » (Editions Essalam/Safir, Paris), en vente en particulier à la FNAC. Il est ainsi présenté par l’éditeur : « Ces livres présentent, d’une manière pédagogique, simple, complète et progressive, la connaissance de base de l’islam que doit acquérir l’enfant dans les domaines de la foi, la pratique de l’islam, la morale et la vie du prophète. Ce programme d’enseignement, conçu par des pédagogues, est conforme aux plus importantes références religieuses ». La page 46 du tome 5 est intitulée « Le musulman est un combattant » suivi de « Le combat est une obligation pour tout musulman » justifié par la citation du verset 111 de la sourate 9 « Dieu a acheté aux croyants leurs personnes et leurs biens pour leur donner le Paradis en échange. Ils combattent dans le chemin de Dieu: ils tuent et sont tués ». L’illustration en bas de page représente un cavalier sabre en main chargeant l’ennemi. La page 47 est illustrée par l’image des deux enfants qui ont tué Abou Jahl (l’opposant quoraïch de Mahomet) enfonçant leur sabre dans sa gorge pendant la bataille de Badr. La page 35 est consacrée au massacre de 600 à 900 juifs médinois des Banu Qurayzah, les femmes et les enfants étant réduits en esclavage. Elle se termine par: « C’est ainsi que Médine fut définitivement nettoyée des juifs qui menaçaient les musulmans, complotaient contre la vie du Prophète, et tentaient de porter atteinte à la religion de Dieu ». Pour l’équivalent dans l’enseignement aux enfants en Grande Bretagne, lire « Muslims pupils learn to cut off hands of thieves » http://www.telegraph.co.uk/education/educationnews/8150247/Muslim-pupils-learn-to-cut-off-hands-of-thieves.html

Le Service des Relations avec l’Islam, représenté par le père Roucou, se définit ainsi: « l’un des organismes mis en place, dès 1974, par les évêques de l’Église Catholique de France. Il vise à maintenir des contacts réguliers avec des associations et des personnes appartenant à la religion musulmane, il conseille aussi les chrétiens (prêtres, religieux ou laïcs) que leur situation ou leur fonction amène à établir des liens plus suivis avec des croyants musulmans. … Les chrétiens que nous sommes ne peuvent rester insensibles à l’amour divin qui s’est révélé en Jésus: il n’a pas cherché son propre avantage, il n’est pas entré en compétition avec les « grands de ce monde »: il s’est voulu serviteur de tous… jusqu’à la mort… et la mort sur une croix. Nous nous sentons appelés à nous laisser former et envoyer par le même Esprit de Dieu pour que de nouveaux liens s’établissent entre Chrétiens et Musulmans de France. L’Église catholique qui nous a désignés nous demande ainsi d’être des intermédiaires et des traits d’union entre les deux communautés. Apprendre aux uns comment connaître et aimer les autres ».

Est-ce que « des liens plus suivis avec des croyants musulmans », et le fait « d’être des intermédiaires et des traits d’union entre les deux communautés » impliqueraient d’exclure toute réflexion commune sur les persécutions antichrétiennes, et sur l’éducation religieuse donnée aux enfants musulmans et chrétiens, réflexion qui alors serait considérée comme un obstacle à l’objectif « d’apprendre aux uns comment connaître et aimer les autres? ». Est-ce que, dans le cadre du dialogue, « les chrétiens que nous sommes » qui « ne peuvent rester insensibles à l’amour divin qui s’est révélé en Jésus » sont tenus faire silence sur les persécutions contemporaines des chrétiens, et sur la nature de l’éducation religieuse des enfants, afin de ne pas compromettre ce dialogue? Ces persécutés sont-ils exclus de cet amour divin révélé en Jésus? N’est-ce pas le rôle, et surtout le devoir, du croyant chrétien de témoigner, de façon officielle, compassion et aide à ses frères souffrant pour leur foi, ce qui a toujours été le cas depuis les premiers siècles?

Ne serait-il pas plus avantageux pour faire disparaître la « stigmatisation », évoquée par Mgr Dubost, d’inciter les interlocuteurs musulmans du dialogue à suivre l’exemple du leader musulman, le Sheikh Dr Muhammad Al-Hussaini? A l’inverse de ses coreligionnaires en France dont les rares condamnations sont bien timides, celui-ci condamne dans les termes les plus fermes les persécutions antichrétiennes. Il va même jusqu’à dénoncer le silence de la plupart des responsables chrétiens, comme le relate le site http://www.christianweek.org/stories.php?id=661&cat=record: « Dr. Mohammed Al Hussaini dit que la persécution des chrétiens s’amplifie parce que la hiérarchie de l’Eglise ne s’en soucie pas. …. Nous ne pouvons compter sur la communauté musulmane, dit-il, en s’insurgeant contre les injustices des musulmans vis à vis des minorités chrétiennes. C’est pourquoi il exhorte les responsables chrétiens à agir auprès des dirigeants musulmans du monde entier ». Le site http://www.ccfon.org/view.php?id=825 reproduit de plus larges extraits de ce qu’a dit Mohammed Al Hussaini, avec des commentaires. En effet, il n’est pas illogique de penser que l’absence de réaction des « institutions religieuses » ne peut qu’être interprétée comme un encouragement à la passivité des autorités politiques, et de la police, dans les pays où sévit la persécution.

S’il n’en était pas ainsi, les responsables religieux chrétiens du dialogue en France ne laisseraient pas aux seuls militants athées le soin de la défense des persécutés, en manifestant une réelle compassion pour les victimes. Cet inattendu engagement d’athées est donné sur le site « Riposte laïque »: http://www.ripostelaique.com/La-persecution-des-chretiens.html, où Lucette Jeanpierre, dans une recension du livre de Raphaël Delpard « La persécution des chrétiens aujourd’hui dans le monde » (Ed. Michel Lafon) dit: « Tous les moyens sont bons pour les faire abjurer leur foi, y compris le viol collectif, sorte de viol idéologique, dans les pays musulmans. …. On ne peut lire un tel ouvrage sans être profondément troublé par le silence qui accompagne ces violences inacceptables, ces meurtres, ces viols, ces actes de barbarie. Silence de l’Eglise catholique, silence des hommes politiques de droite comme de gauche. … On reste confondu, après avoir lu ce livre, par l’arrogance des musulmans, dans les pays européens, et en France, quand ils réclament des droits démocratiques pour leur religion, et qu’ils éradiquent, avec des moyens barbares, toute autre religion, et toute autre pensée, quand ils en ont les moyens ». Dans ce livre Raphaël Delpard lance un cri douloureux: « Les chrétiens sont en danger. Cela n’a rien d’un effet d’annonce. En 2009, c’est une insupportable réalité ». Pour lui ces drames, occultés « par le silence des nations », se déroulent très majoritairement dans des pays musulmans: « On ne peut pas faire comme si le problème n’existait pas et détourner les yeux ».

Sur le site http://www.france-catholique.fr/Dans-le-dialogue-avec-l-islam-le.html, et sous le titre « Dans le dialogue avec l’islam: le tabou levé, ou le silence récidivé? » (15/01/2010), le père Daniel-Ange fait un bien triste constat. Après avoir évoqué « le black-out total de l’épiscopat français sur la persécution communiste, pendant des années », il s’exprime ainsi: « J’ose poser la question politiquement, ecclésialement très incorrecte: ne recommençons nous pas, avec la persécution islamique? Voici quatre ans, un document de la Conférence épiscopale, remarquable par ailleurs, validé par l’Assemblée plénière à Lourdes, abordait tous les aspects du dialogue. Je n’y ai pas trouvé une allusion à cette violence islamique antichrétienne ».

N’est-il pas temps de modifier la stratégie du dialogue officiel en France, et de sortir du « bal masqué » dont parle le père Jourdan?

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