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Entraide et Tradition

Des éléments de sainteté

publié dans couvent saint-paul le 2 mars 2012


Deuxième dimanche de Carême.

Des éléments de sainteté

Dimanche dernier, vous avez entendu Saint Paul vous dire d’entrer en ce temps de Carême avec générosité car ce temps est, plus que d’autres temps, « le temps du salut ». « Nous vous exhortons, dit-il aux Corinthiens, à ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu ».
J’aurais envie de vous dire, dans un langage plus familier : mes chers amis, « au travail », « à votre sanctification ».
Mais vous pourriez me dire : mais quelle est cette sanctification à laquelle vous nous appelez, à laquelle nous devons nous attacher, à laquelle nous devons travailler ? Où en trouver les principes? Où en trouver le « programme » ?

Où en trouver le programme ? Où en trouver les principes ?
Tout simplement en suivant les textes que l’Eglise met à notre disposition dans ces très belles semaines de Carême. Tous les jours, durant ces quatre semaines, l’Eglise fait un choix particulier de textes de l’Ecriture Sainte qu’elle propose à notre méditation pour l’édification de nos âmes. Ce choix n’est pas fait au hasard. Ce choix est l’expression d’une pensée, d’une spiritualité. C’est là que je voudrais que vous alliez cette année, en ce Carême, puiser les principes de votre sanctification, votre programme, de votre idéal de chrétien.

Ainsi tout d’abord, l’Eglise, dans le premier dimanche de Carême, vous exhorte, à la sainteté. Elle vous exhorte à trouver la sainteté dans la méditation de l’Ecriture Sainte. Avez-vous remarqué que dans le récit de la tentation du Christ, le Christ s’oppose aux tentations du démon par des citations de l’Ecriture Sainte. A trois reprises, il lui répond : « il est écrit : l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu »…A la 2ème tentation, Jésus lui répond : « Il est écrit : tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu ». A la 3ème tentation, celle qui concerne la domination et l’adoration du démon, Jésus lui répond : « Retire toi Satan, car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu le serviras lui seul ». Ainsi outre l’enseignement que le Christ nous donne, il nous dit aussi où il faut chercher la Sagesse. Où ? Dans l’Ecriture Sainte.

C’est ce que nous propose l’Eglise en ce saint Carême.
Dès le lundi de la Ière semaine de Carême, l’Eglise cite Ezéchiel, le prophète, et nous met en présence du Bon Pasteur : « je chercherai moi-même mes brebis et je les visiterai. Comme un Pasteur visite son troupeau lorsqu’il se trouve au milieu de ses brebis dispersées, ainsi je visiterai mes brebis…Je les ferai moi-même reposer…Je chercherai ce qui était perdu, je ramènerai ce qui était égaré, je panserai ce qui était blessé, je fortifierai ce qui était faible et je conserverai ce qui était gras et fort et je les ferai paître avec justice ». Voilà flanqué devant nos yeux, la belle figure du Bon Pasteur. Jésus revendiquera cette image. « Je suis le Bon Pasteur ». On sait qu’il ira chercher, lui aussi, la brebis perdue…Tout cela fait naître en nous la confiance et la paix. Loin de nous  la crainte, la crainte servile. Ce n’est pas le sentiment qui doit dominer lorsque je vois le fondateur du christianisme se dépeindre sous l’image du Bon Pasteur.

Toutefois, ce Bon Pasteur est juste. Il aime la justice : « je les ferai paître avec justice, dit le Seigneur tout puissant ». Aussi ne suis-pas étonner qu’au jugement final, il rendra à chacun son du. « Il placera les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche »…Et quel sera le principe de son jugement, de sa justice. Il nous en prévient : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ». Mais quand Seigneur nous vous avons fait cela ? Et le Bon Pasteur de répondre : « En vérité, je vous le dis, toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». J’en conclus, chacun d’entre nous sera jugé sur sa pratique de la charité fraternelle. Voilà le grand principe de sainteté. C’est pourquoi ceux-là entendront ces paroles particulièrement douces : « Venez les bénis de mon Père, possédez le Royaume qui vous a été préparé dès l’établissement du monde ». Ainsi une mère de famille dévouée à ses enfants accomplit la justice qui plait au Maître du Royaume. Ses enfants sont pour elle comme les « frères » du Christ. Une épouse attentive à son époux, de même. Un propriétaire qui garde et entretient son bien patrimoniale pour ses enfants, agit de même. Un patrimoine se garde et exige toute attention. « Venez-les bénis de mon Père »…
Je comprends aussi avec ce texte que j’ai une finalité et que je dois vivre en fonction de cette finalité. Quelle est-elle ? Gagner, par la sanctification qui implique la charité fraternelle, gagner le Royaume qui a été préparé « dès l’établissement du monde ». Je le posséderai, si je le veux. Si je fais ce que je dois. Le Maître de ces lieux est juste et juge justement. Il nous dit le critère du choix.
Aussi l’entendons-nous dès le mardi nous dire justement : « Cherchez le Seigneur », « quaerite Dominum » « pendant qu’on peut le trouver » i.e, en cette vie…Demain il sera trop tard. Les dès seront jetés… « Invoquez-le pendant qu’il est proche »…Il est proche, plus proche qu’aucun autre Dieu, il est dans le tabernacle. Il veut se donner à nous. « Que l’impie abandonne sa voie et l’homme d’iniquité ses pensées et qu’il revienne au Seigneur, car il aura pitié de lui. Et notre Dieu est large pour pardonner ». Il est le Bon Pasteur. Il est celui qui a pris soin de la victime rencontrée en chemin. Il est le Bon Samaritain. J’aime une telle doctrine.

Il est aussi celui qui aime le respect du à Dieu le Père et en prend les moyens. Le respect du à Dieu et à sa gloire fait parti des éléments constitutifs de la sainteté. Je l’ai vu entrer dans le Temple de Jérusalem « l’œil en feu », nous dit saint Jean, « le zèle de ta maison me dévore », « chassant tous ceux qui vendaient et achetaient, renversant les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient les colombes. Je l’entendis nous dire : « Ma maison sera appelé une maison de prière ; mais vous, vous en faites une caverne de voleurs ». Une maison de prière où les enfants qui ont bénéficié de ses bienfaits, le baptême, la communion… ne peuvent pas ne pas crier : « Hosanna au Fils de David ». Et j’entends cette réponse du Seigneur aux pharisiens scandalisés : « N’avez-vous jamais lu cette parole : de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle, vous avait tiré une louange parfaite » c’est à l’adresse des mamans qui ne craignent pas de porter leurs enfants à l’église et à la Sainte Table. Courage ! Il faut le faire ! Car la messe est bien longue pour eux…

J’entends également le Seigneur appeler Moïse à monter sur la montagne sainte, le Sinaï, pour y recevoir « les tables de pierre, et la loi et les commandements » Dieu lui-même en est l’auteur : « loi et commandements que j’ai écrits afin que vous instruisiez le peuple » « quae scripsi ut doceas filios Israêl ». Je comprends alors que la loi de Dieu doit être ma loi.. Je vois, dans une autre lecture de cette semaine, Elie se fortifiant de cette nourriture mystérieuse portée par l’ange, et mis « auprès sa tête », nous dit l’Ecriture, à trois reprises « ad caput suum »…mais cette nourriture fortifiante, c’est l’annonce, pour la Nouvelle Alliance, de cette Eucharistie fortifiante…Et pour ma sainteté, pourrais-je m’en priver toujours.

Je recueille, dans l’Evangile du mercredi, une phrase du Seigneur que je vous laisse. Voilà qu’il enseigne le peuple. On vient lui dire et peut-être même l’interrompre dans son discours : « Voici que votre mère et vos frères sont dehors et vous cherchent ». C’est dire : voici votre parenté qui attend dehors. Et Jésus en profite pour nous donner un enseignement des plus importants : « Mais qui est ma mère et qui sont mes frères ? Et étendant sa main sur ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur et ma mère ». Oh magnifique parole à retenir par cœur pour notre sainteté. Faire en tout, la volonté de Dieu, de Dieu le Père, c’est appartenir à la « fratrie » du Seigneur. C’est être de la famille du Seigneur. C’est être de son Royaume. C’est faire de ce bien éternel, son héritage. Pour être membre de cette cour céleste, il faut accomplir la loi du Seigneur, Loi et commandements de Dieu, commandements de l’Eglise. Voilà la condition pour lui appartenir. Cet enseignement est merveilleusement repris dans l’épître du jeudi : « Celui qui marche dans mes préceptes et observe mes ordonnances, pour agir selon la vérité : celui là est juste, il vivra certainement, «hic justus est, vita vivet » dit le Seigneur tout puissant.
Je vois également l’importance de la foi dans le récit de cette femme suppliante. Jésus l’éprouve tout d’abord. A sa demande de guérison, il ne dit pas un mot. Elle poursuit jusqu’à indisposer les disciples qui demandent au Maître de bien vouloir la renvoyer « Renvoyez là car elle crie derrière nous »…Elle insiste encore. Jésus s’exprime de nouveau durement : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens ». Et elle, de répondre : « Oui Seigneur ; mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leur maîtres ». Alors Jésus lui répond : « o femme ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu le veux. Et la fille fut guérie à l’instant même ». Et je comprends la beauté de la foi, beauté d’une foi suppliante, condition nécessaire pour toute sainteté.

Et puis arrive les lectures du vendredi des quatre Temps, avec cette merveilleuse première lecture qui me parle de la miséricorde et de la justice de Notre Dieu. A celui qui se repent de son péché, il lui sera fait miséricorde et justice : «Et lorsque l’impie se détournera de l’impiété qu’il a pratiquée et qu’il agira selon l’équité et la justice, le Seigneur fera vivre son âme », « ispe animam suam vivificabit »…Mais au juste qui aura quitté la voie droite, « il mourra à cause de l’injustice qu’il aura commise ». O Dieu de miséricorde ! O Dieu de justice, je vous adore. O Dieu de bonté et de miséricorde qui s’est manifesté un jour près de la piscine de Bethsaïda guérissant un malade qui était là depuis trente ans attendant que l’eau de la piscine s’agite et que quelqu’un veuille bien le jeter à l’eau pour obtenir sa guérison. Mais lorsqu’il s’y jetait, quelqu’un de plus rapide avait bénéficié avant lui de la guérison… Trente ans de patience…de quoi décourager le meilleur. Et Voilà que Jésus le guérit. Voilà notre Dieu ! Voilà notre religion.

O vous, disciples du Seigneur qui marchaient ainsi dans les voies du Seigneur, qui marchaient dans la pratique de la charité fraternelle et qui rendaient à personne le mal pour le mal, même pour des pneus crevés, et qui aimaient offrir le sacrifice du dimanche matin, sachez que « vous avez été choisi par le Seigneur afin que vous soyez son peuple…afin que vous observiez ses préceptes et qu’il vous rende le peuple le plus illustre de toutes les nations qu’il a créées pour sa louange, pour son nom et pour sa gloire et que soyez le peuple saint du Seigneur votre Dieu, selon sa parole ». Et ainsi vous serez « toujours dans la joie ». (Thes 5 16). Mais plus encore, vous serez avec le Christ transfiguré au Thabor, et un jour dans la gloire, contemplant le Fils bien aimé du Père, l’objet de ses complaisances, disant avec les disciples, non pas seulement avec les trois disciples privilégiés du Thabor, mais avec tous les disciples, Notre Dame, les Anges et les Elus, « Seigneur, il nous est bon d’être ici ».
Et tout sera, grâce à la miséricorde de Dieu, consommé pour vous, pour toujours. Faites ainsi. Et vous vivrez. Amen

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