La Revue Item - « La Tradition sans peur »
Suivez les activités de l'Abbé Aulagnier
Entraide et Tradition

Un jugement du Père Thomas d’Aquin sur Mgr Rifan

publié dans nouvelles de chrétienté le 14 janvier 2014


 

 Mgr Fernando Areas Rifan

SOURCE – Dom Thomas d’Aquin, osb – beneditinos.org – 12 février 2013. Ce jugement n’est pas faux. Il fait réfléchir (PA)

Depuis toujours M. l’abbé Rifan a été un entraîneur d’hommes. Doué d’une vive intelligence, d’un contact facile et chaleureux, ayant le sens des réparties, il n’avait pas de difficulté à conquérir l’admiration et la confiance de tous.
Ordonné en 1974 par Mgr Antônio de Castro Mayer, il ne tarda pas à devenir le secrétaire de l’évêque de Campos.
En 1980, lors de mon ordination, l’abbé Rifan a trouvé le moyen de se rendre à Ecône, profitant d’une visite « ad limina » que l’évêque de Campos faisait à Rome à cette occasion. L’abbé Rifan s’est rendu aussi à notre monastère, où Dom Gérard a vite fait de discerner en lui un futur évêque. Les événements donneront raison à Dom Gérard, mais dans des circonstances bien différentes que l’on ne pouvait soupçonner alors.
Au Brésil, l’abbé Rifan avait été sollicité par les fidèles de Permanência pour dire la messe à Rio. Cet appel s’adressait aux prêtres de Campos en général. Un sympathique dialogue entre l’abbé Rifan et Maître Júlio Fleichman a scellé alors la coopération entre Campos et Rio.
─ “ Nous ne pouvons pas retirer le pain de nos fidèles de Campos pour le donner à ceux de Rio ”, argumentait l’abbé Rifan, voulant éviter cet apostolat hors du diocèse de Campos(1).
─“ Mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table des enfants ”, a répondu son interlocuteur. La réponse était trop belle pour que l’abbé Rifan puisse y répliquer.
Campos a donc commencé à desservir Rio, et quand Santa Cruz a été fondée, en 1987, Campos a pensé à nous confier cet apostolat. Nous avons consenti seulement à une collaboration, ne voulant pas prendre la responsabilité de ce qui était quasiment une paroisse, car cela aurait pu troubler la régularité de notre vie conventuelle.
Cet état des choses allait durer jusqu’en 1989 ou 1990, époque où le Père Laurent a assumé en permanence l’apostolat à Rio, auquel s’est ajouté celui de Niterói par la suite.
Mais auparavant il y a eu les sacres de 1988. Un beau matin, Mgr de Castro Mayer a pris une décision dont la fermeté a surpris son entourage : aller à Ecône pour les sacres. L’abbé Rifan l’a accompagné, ainsi que les abbés Possidente et Athayde. À la cérémonie du sacre, l’abbé Rifan a traduit le petit sermon, ou mieux, la profession de foi que Mgr de Castro Mayer a faite pour justifier sa présence à cette cérémonie et pour dire publiquement son soutien à l’œuvre de Mgr Lefebvre. Ce petit sermon, soit dit en passant, a été remarquable et a profondément réconforté Mgr Lefebvre et tous ceux qui l’ont entendu.
Après les sacres, Mgr de Castro Mayer et ses prêtres sont partis au Barroux, où ils n’ont pas pu s’entretenir avec Dom Gérard comme ils le désiraient. Dom Gérard les fuyait, laissant voir ainsi de quel côté il penchait. En quittant le Barroux, l’abbé Rifan a laissé un mot à Dom Gérard, en lui disant l’immense gâchis et la déception qu’un accord entre le Barroux et Rome provoquerait dans la Tradition.
Quand, au Brésil, nous avons reçu la nouvelle de l’accord de Dom Gérard avec Rome, nous avons pris contact avec Mgr Lefebvre et Mgr de Castro Mayer pour nous orienter sur ce qu’il était plus sage de faire. L’abbé Rifan, en ces heures difficiles, a servi d’intermédiaire pour nous communiquer les conseils de Mgr de Castro Mayer. Monseigneur et ses prêtres nous proposaient de quitter Santa Cruz et de nous installer dans le diocèse de Campos. Une lettre de Mgr Lefebvre allait nous décider de faire autrement : garder Santa Cruz et exposer publiquement les raisons de notre rupture avec Dom Gérard. Les biens de l’Église appartiennent au Christ Roi et il ne faut pas les brader ni les laisser tomber entre les mains des ennemis de son règne universel. Accompagné de l’abbé Tam, l’abbé Rifan est venu à Nova Friburgo nous aider à rédiger cette déclaration.
Ensuite, il est revenu encore une fois pour parler surtout au Père Joseph Vannier, qui avait pris le parti de Dom Gérard mais qui avait de la considération pour les prêtres de Campos. Les abbés Possidente et Rifan ont vu le Père Joseph, mais sans résultat. Je comptais surtout sur l’abbé Possidente qui avait de très bons rapports avec le Père Joseph.
Quelques jours plus tard, c’était Dom Gérard lui-même qui se présentait au monastère, avec le Père Emmanuel Buttler, pour essayer de reprendre le monastère en mains. L’abbé Rifan était de nouveau chez nous, pour nous aider dans les discussions que nous avons eues alors avec Dom Gérard. Nous lui exprimons ici notre gratitude pour toute l’aide apportée à Santa Cruz, aide qui contraste si fort avec ce qu’il fera quelques années plus tard.
Juste après ces événements, ou bien juste avant, l’abbé Rifan est venu nous aider à prêcher une mission dans la région, avec toute son expérience en la matière. À la fin de la mission, nous avons planté une croix avec l’inscription : “ Sauve ton âme ”.
Les liens entre nous et l’abbé Rifan ont été encore accrus par un voyage en Allemagne pour obtenir de l’aide pour le monastère et pour la paroisse de l’abbé Rifan. Nous sommes passés à Ecône. Mgr Lefebvre nous a reçus avec la gentillesse qui le caractérisait et a mis dans la poche de l’abbé Rifan une aide substantielle pour l’achat du terrain où il voulait bâtir une nouvelle église, celle-là même où, aujourd’hui, il prône la soumission à Vatican II et aux décrets liturgiques de l’Église Conciliaire. Quel gâchis !
Après le décès de Mgr de Castro Mayer, une question urgente s’est posée aux prêtres de Campos : qui devait remplacer Mgr de Castro Mayer ? Cela aurait pu être déjà fait en 1988, mais Campos avait laissé passer l’occasion. Après quelques délibérations, le clergé fidèle a décidé de se choisir un évêque et un petit « conclave » a été réuni. Mgr de Castro Mayer, avant de mourir, avait indiqué deux noms : l’abbé Emmanuel Possidente et l’abbé Licínio Rangel. L’abbé Rifan n’avait donc pas les préférences de Mgr de Castro Mayer. Il est intéressant de le remarquer.
L’abbé Rangel a été choisi, l’abbé Possidente ayant refusé, bien qu’il ait été le plus indiqué pour cette charge. Le sacre de Mgr Rangel a été réalisé à la ville de São Fidélis, le 28 juillet 1991. L’évêque consacrant a été Mgr Tissier de Mallerais, assisté de Mgr Williamson et de Mgr de Galarreta. Malgré le respect qu’on avait pour lui, Mgr Rangel n’avait jamais appartenu au trio dirigeant du clergé de Campos. Les abbés Possidente, Rifan et Athayde avaient une influence qui limitait quelque peu l’action de Mgr Rangel, assez réservé et un peu timide par tempérament. Cela soit dit sans rien de péjoratif ni pour Mgr Rangel ni pour les trois prêtres les plus influents du diocèse. C’était un fait ; et il peut expliquer, en partie, les événements qui vont suivre.
Invité par la Fraternité Saint Pie X pour prêcher la retraite sacerdotale qui a précédé le Chapitre Général où Mgr Fellay a été élu, en 1994, pour succéder à M. l’abbé Schmidberger, l’abbé Rifan devenait de plus en plus une figure dans la Tradition. Un sermon qu’il avait prononcé à la clôture d’un des pèlerinages de Chartres avait soulevé l’enthousiasme des auditeurs. C’est ainsi que lorsque la Fraternité a pris contact avec Rome après le Jubilé de 2000 et a invité Campos à y prendre part, c’est l’abbé Rifan qui a été choisi pour représenter Campos dans ces entretiens. Le drame allait commencer.
Quand les conditions posées par Rome ont paru inacceptables à la Fraternité Saint Pie X, Campos, en revanche, a préféré ne pas faire marche arrière. Quelle est la part de responsabilité des uns et des autres dans cette affaire ? C’est difficile de l’établir. Ce qui est certain, c’est que l’homme de la situation, bien qu’obéissant aux directives de Mgr Rangel, était bien l’abbé Rifan, seul interlocuteur présent à Rome au cours des tractations. L’abbé Rifan, il faut le noter, avait, depuis déjà un certain temps, des contacts de plus en plus fréquents avec les progressistes et il avait coutume d’obtenir des permissions de dire la messe de Saint Pie V chez l’adversaire. Bien que cela ne soit pas nécessairement un mal, cela a été, je le crois, une amorce qui a contribué à la chute de l’abbé Rifan et de tout le diocèse. Est-ce le simple contact avec ces hommes imbus de modernisme et de libéralisme qui a été le point de départ de cette chute ? La question mérite d’être posée.
À la grande déception des catholiques de tradition du monde entier, Mgr Rangel signe, le 18 janvier 2002, un accord avec Rome, à la cathédrale de la ville de Campos, en présence du Cardinal Castrillon Hoyos, de Mgr Roberto Guimarães, évêque titulaire du diocèse, et d’autres personnalités du monde ecclésiastique. C’était l’arrêt de mort de la Tradition à Campos. Les fidèles, trompés par leurs prêtres qui s’étaient trompés eux-mêmes, ont tous suivi. Pas tous à vrai dire, mais ceux qui ont résisté ont été vraiment le “ pusillus grex ”. L’abbé Rifan disait alors :  » Ce n’est pas un accord ; c’est une reconnaissance.  » Il laissant entendre par là que Rome reconnaissait le bien fondé de la Tradition. Les fidèles étaient désorientés et ont cru à l’abbé Rifan. On criait à la victoire.
Mgr Rangel, atteint par un cancer, n’a pas tardé à quitter cette vie et l’abbé Rifan lui a succédé à la tête de l’Administration Apostolique née des accords avec Rome. Sacré par le Cardinal Hoyos, Mgr Rifan va vite se révéler le rallié par excellence. Devenu l’ami de nos ennemis, il fera la tournée des évêchés un peu partout, embrassant ceux qu’autrefois il attaquait avec une fougue qu’on n’est pas près d’oublier. Ayant changé de camp, il n’a pas cessé d’accumuler des preuves de la sincérité de son ralliement. Comme disait Abel Bonnard :  » Un rallié n’est jamais assez rallié.  » Autorité de Vatican II, légitimité de la nouvelle Messe, obligation de se soumettre au  » magistère vivant  » des Papes libéraux, condamnation de Mgr Lefebvre : tout cela Mgr Rifan a été obligé de l’approuver et de le proclamer. Il l’a fait avec une assurance sans faille et croissante. On dirait qu’il y met plus de zèle que la plupart des progressistes. Cependant, ce n’était pas cela que les prêtres de Campos avaient voulu, ni ce qu’ils avaient dit aux fidèles, ni même ce qu’ils avaient plus ou moins laissé entendre au Cardinal Castrillon Hoyos. La preuve de cela, c’est la déclaration qu’ils avaient rédigée, dans laquelle ils affirmaient leur détermination à continuer le combat contre le libéralisme, le modernisme et le progressisme qui ont inspiré Vatican II. Le Cardinal Hoyos, après avoir lu la déclaration, a fait la réflexion suivante qu’un des prêtres de Campos m’a reporté :  » Oui, c’est cela que nous avons convenu. Mais il n’est pas nécessaire de dire tout cela. Il suffit de déclarer que vous allez faire des critiques constructives, conformément à ce que permet le Code de Droit Canon.  » Ce jour-là, m’a dit ce même prêtre, le combat était terminé, avant même d’avoir commencé. Soit par peur de chagriner le Pape ou le Cardinal Hoyos, soit par manque de conviction, soit parce que leur foi était ébranlée, soit par peur de Mgr Rifan, soit pour quelque autre raison, le fait est que Campos était devenu un chien muet. Rome, qui savait bien que cela allait terminer ainsi, n’avait dorénavant plus rien à craindre de ces prêtres, qui pourtant avaient été formés à l’école d’un des plus grands évêques du XXe siècle. Comment expliquer cela ? Sans vouloir pénétrer le fond des cœurs et entrer au-delà de ce que les faits nous révèlent, je pense qu’il est certain que le contact avec les autorités qui ne professent pas l’intégrité de la foi catholique ne peut qu’amener peu à peu ceux qui se soumettent à elles à partager ses idées et ses manières de faire. Mgr Lefebvre avait suffisamment mis en garde Dom Gérard à ce sujet. À Rome on ne fait pas ce qu’on veut, mais ce que Rome veut. Dom Gérard n’en a pas tenu compte ; Mgr Rifan, encore moins.
Mais c’est du diocèse même qu’allait venir une réaction. Les fidèles se sont quand même rendu compte avec le temps que quelque chose était en train de changer. Ils ont fait appel à nous et le Père Antônio-Maria OSB est allé leur dire une messe à la campagne, dans une ferme qui porte le beau nom de Santa Fé (Sainte-Foi). Mgr Rifan a été furieux. Il a réuni les “ coupables ” et les a semoncés durement.
─ “ Gare à vous, si vous faites venir de nouveau un prêtre du monastère ou de la Fraternité ! ”
─ “ Excellence, a répondu un paysan qui avait connu Mgr de Castro Mayer, cela ne dépend que de vous. Si vous poursuivez dans la nouvelle direction que vous avez choisie, j’appellerai, tous les ans, un prêtre de la Fraternité pour faire mes Pâques, moi et ma famille. ” Pour ces bons paysans, la Fraternité et notre monastère ne font qu’une seule et même chose : c’est la Tradition. Mais ils voient qu’un nouveau drame se pointe à l’horizon depuis quelque temps et ils ne sont pas prêts à refaire des accords semblables à ceux dont ils ont déjà tant souffert. Dieu seul sait ce qui arriverait si Mgr Fellay venait à signer une régularisation canonique.
Mgr Rifan n’a pu rien obtenir de ces valeureux paysans, qui aujourd’hui, aux grandes fêtes, sont plus 250 dans une petite église construite par eux-mêmes, où seuls les prêtres de la Tradition sont admis.
Pour ne pas trop allonger cet article, signalons seulement que Mgr Rifan concélèbre aujourd’hui avec les évêques progressistes et dit que refuser systématiquement de célébrer la Nouvelle Messe est une attitude schismatique. C’est cela que nous appelons trahison, c’est-à-dire l‘action de cesser d’être fidèle à quelque chose ou à quelqu’un ; en l’occurrence, à Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous le constatons. Il est vrai que plusieurs le nieront, mais accepter Vatican II n’est-ce pas trahir le Christ Roi ? On peut aussi lui appliquer cette autre définition de trahison : crime d’une personne qui passe à l’ennemi. C’est aussi un fait. Tout le monde peut le constater. Que Dieu nous préserve de faire pareil, nous qui, par notre fragilité, pouvons tomber même plus bas. Aujourd’hui Mgr Rifan est l’ami de ceux qui ont condamné Mgr Lefebvre et Mgr de Castro Mayer. Il parle maintenant du bienheureux Jean XXIII, du bienheureux Jean Paul II. En ces moments difficiles où se trouve la Tradition, que ces exemples puissent nous aider à ne pas commettre les mêmes erreurs. L’ennemi est rusé. Il sait où frapper et comment frapper. Soyons dociles aux avertissements des anciens. Écoutons la voix des grands maîtres, à commencer par Mgr Lefebvre. N’écoutons pas, par contre, ceux qui peuvent nous conduire là d’où il sera difficile de sortir après.
Jean Madiran avait écrit jadis un livre dont le titre (Ils ne savent pas ce qu’ils disent) était une sorte d’application à l’actualité du mot bien connu de Notre Seigneur sur la croix : “ Père, pardonnez-les, parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font. ” Corção, qui avait apprécié la trouvaille, a ajouté : “ Ils ne savent pas ce qu’ils perdent ! ” Que cela ne soit pas dit de nous, bien au contraire. Que par l’intercession de Notre-Dame il nous soit donné de ne pas perdre ce que nous avons reçu et qui a tant coûté à S.Exc. Mgr Marcel Lefebvre, pour ne pas dire, à Notre Seigneur, à sa Sainte Mère et à tous les saints pontifes qui ont condamné et combattu le libéralisme et le modernisme.
(1) Campos a toujours eu de la difficulté à se départir d’un certain légalisme qui a fini par lui coûter très cher. C’est, peut-être, une des causes de cet

Revue-Item.com

 

 

partager cette page

bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark