C’était il y a deux semaines. Information d’Andrea Tornielli (23/6/2014)
Lundi 9 et mardi 10 juin, le Pape avait annulé plusieurs engagements, donnant des inquiétudes sur sa santé, et le Père Lombardi avait allégué la fatigue, du reste parfaitement compréhensible, dûe aux nombreux engagements, et surtout accumulée au cours voyage en Terre Sainte. Depuis lors, nous avons appris, grâce à Andrea Tornielli, que le lundi 9, il avait concédé une longue interviewe à un journal espagnol (cf. Les dessous d’une interview…). Le même Tornielli nous informe aujourd’hui que le lendemain 10 juin, François avait rencontré pendant une heure et demi dans la chapelle de Santa Marta, les « dissidents » des Franciscains de l’Immaculée. Il aura fallu deux semaines pour que le porte-parole officieux du Pape divulgue l’information. Qu’on ne s’y trompe pas, l’article qui suit n’est pas du simple journalisme. C’est de la communication (une communication qui une fois de plus passe par-dessus la cellule ad hoc du Vatican). Elle a le mérite de clarifier certaines choses, notamment que le Pape est parfaitement au courant de la situation, et que c’est lui qui la contrôle.
LE PAPE DIALOGUE AVEC LES JEUNES FRANCISCAINS DE L’IMMACULÉE [lien]
La rencontre a duré une heure et demie, a eu lieu le mardi 10 Juin dans la chapelle de Santa Marta. Sur le Concile, Francçois a dit que l’herméneutique correcte est celle proposée par Benoît XVI
Andrea Tornielli
23 juin 2014
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La rencontre a eu lieu dans la matinée du mardi 10 Juin dans la chapelle de Santa Marta au Vatican, en dépit de l’indisposition du pape qui avait causé l’annulation de plusieurs rendez-vous de la journée précédente. François s’est entretenu pendant une heure et demie avec une soixantaine de frères franciscains de l’Immaculée, l’ordre fondé par le père Stefano Manelli, pour lequel le Saint-Siège a nommé l’année dernière un commissaire pour résoudre les conflits internes liés au gouvernement, à l’administration, au rapport avec la branche féminine, à l’usage devenu désormais quasi exclusif de l’ancien missel et à l’interprétation du dernier Concile. Il y avait environ quarante séminaristes, novices ou étudiants en théologie et philosophie, avec leurs formateurs et le commissaire du pape, le père Fidenzio Volpi.
Les Franciscains ont chanté l’Ave Maria de Fatima et ont renouvelé dans les mains du pape leur vœu de totale consécration à l’Immaculée. Ensuite, ils ont posé à François des questions sur les thèmes les plus épineux concernant la vie interne de l’institution. Le Pape Bergoglio s’est montré très informé sur tout, il suit l’affaire de près, et a démontré à maintes reprises son estime pour le père Volpi, démentant ainsi que les actions de gouvernement du commissaire et de ses collaborateurs ont été prises à son insu.
Après la nommination d’un commissaire et la restriction de l’usage de l’ancien missel, qui, contrairement à ce qui se passe en vertu du motu proprio « Summorum Pontificum », dans le cas des Franciscains de l’Immaculée peut être utilisé sous réserve d’une demande d’autorisation préalable aux supérieurs, il y a eu des défections parmi les frères et les séminaristes. Sur les 400 religieux dans le monde, quarante ont demandé la dispense des vœux, dont environ la moitié sont encore séminaristes et donc des étudiants qui n’avaient émis que des vœux temporaires.
Sur le motu proprio, le Pape François a dit qu’il ne voulait pas s’écarter de la ligne de Benoît XVI, et a réaffirmé que les Frères Franciscains de l’Immaculée avaient encore la liberté de célébrer l’ancienne messe, même si pour le moment, étant donné les polémiques sur l’utilisation exclusive de ce missel – élément qui ne faisait pas partie du charisme de fondation de l’Institut – il faut un «discernement» avec le supérieur et l’évêque s’il s’agit de célébrations dans les paroisses, les sanctuaires et les maisons de formation. Le pape a expliqué qu’il doit y avoir la liberté, à la fois pour ceux qui veulent célébrer selon l’ancien rite, et pour ceux qui veulent célébrer avec le nouveau rite, sans que le rite devienne une bannière idéologique.
Une question a concerné l’interprétation de Vatican II. François a exprimé à nouveau son appréciation pour le travail de l’archevêque Agostino Marchetto (1), le qualifiant de «meilleur herméneute» du Concile. Puis, il a répondu à l’objection selon laquelle Vatican II ne serait qu’un Concile pastoral qui a causé des dommages à l’Église. Le Pape a dit que bien qu’ayant été pastoral, il contient des éléments doctrinaux et c’est un concile catholique, réaffirmant la ligne de l’herméneutique de la réforme dans la continuité de l’unique sujet Eglise, présentée par Benoît XVI dans son discours à la Curie romaine en Décembre 2005. Il a ensuite rappelé que tous les conciles avaient provoqué un tollé et des réactions, parce que le démon «ne veut pas que l’Eglise devienne forte». Il a également dit qu’il fallait aller de l’avant avec une herméneutique théologique mais non idéologique de Vatican II.
François a également dit que c’était lui qui avait voulu la fermeture de l’institut théologique interne aux Franciscains de l’Immaculée (STIM), veillant à ce que les séminaristes étudient dans les faculté théologiques pontificales romaines. Il a ensuite déclaré que l’orthodoxie est garantie par l’Église à travers le successeur de Pierre.
A la fin de la rencontre, le pape a personnellement salué toutes les personnes présentes. Deux d’entre eux ont exprimé de la perplexité pour le traitement subi par le père fondateur Stefano Manelli. L’un de ces deux séminaristes, quelques jours après la rencontre, a annoncé sa décision de quitter le noviciat parce qu’il s’est dit opposé au Concile Vatican II.