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Une bonne analyse des élections législatives aux Pays-Bas

publié dans regards sur le monde le 20 mars 2017


(Source : Correspondance européenne | 332)

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Pays-Bas : le résultat des élections législatives

 

Comme quoi, il suffit de peu de choses pour faire changer les intentions de vote ! On se souvient que deux ministres turcs voulaient organiser des meetings aux Pays-Bas dans le cadre de la campagne d’Erdogan en vue du prochain référendum en Turquie. Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, avait refusé leur présence.

L’un des deux était expulsé, l’autre interdit d’accès aux Pays-Bas. Erdogan s’enflamme et l’ambassadeur néerlandais est rappelé à La Haye. Des Turcs résidant aux Pays-Bas organisent des manifestations pour protester contre les « mauvais traitements » dont les ministres ont été victimes. Rutte fait disperser les manifestants. Peu après Erdogan annonce que les frontières turques seront fermées aux citoyens néerlandais et on commence à craindre pour le commerce entre les deux pays. L’incident prend une dimension internationale. Erdogan lance au hasard l’accusation de nazisme qui fait toujours mouche et menace de traîner les Pays-Bas devant la Cour européenne de Justice.

Là-dessus se tiennent les élections législatives néerlandaises. Les sondages donnaient le PVV de Geert Wilders aussi haut que le VVD de Mark Rutte. Mais l’incident a frappé les esprits. La population est effrayée de la réaction turque et craint des répercussions négatives. Les Néerlandais qui sont très attachés à leurs affaires et à la paix domestique, n’aiment pas trop devenir le point de mire de tensions internationales. De plus ils considèrent les conséquences d’un petit geste de fermeté – la décision de Mark Rutte d’interdire les deux ministres turcs – et mesurent à quoi ils devraient s’attendre si Wilders devenait Premier ministre…

28 partis politiques ont participé aux élections législatives de ce 15 mars dernier, qui doivent renouveler les 150 membres de la Chambre basse des Etats généraux. Lors de la législature sortante, la majorité était représentée par le VVD (parti libéral) avec 41 membres, suivi du PvdA (Partij van de Arbeid – Parti du Travail d’orientation social-démocrate) avec 38 membres, suivi du SP (Parti socialiste, plus à gauche que le PvdA) avec 15 membres et enfin le PVV (Partij voor de Vrijheid – parti populiste libertaire) avec 15 membres. Le reste des députés se partageaient entre sept fractions parlementaires et quelques indépendants. On y trouvait, entre autres, quelques curiosités comme le D 66 (parti libéral de gauche), le SGP (parti protestant fondamentaliste), le 50+ (parti des personnes âgées), ou encore le PvdD (Partij voor de Dieren qui prend la défense des droits des animaux). Chacun à sa façon contribue à la diversité de la ménagerie politique des Pays-Bas.

Mais cette diversité a un prix qui est l’instabilité politique du pays. Entre 2002 et 2012, tous les gouvernements ont démissionné avant la fin de leur mandat. Une certaine stabilité était revenue depuis lors avec la coalition présidée par le VVD de Mark Rutte qui a gouverné avec le PvdA et le SP – le PVV étant dans l’opposition. Vu la submersion migratoire dont les Pays-Bas sont victimes, le PVV de Geert Wilders avait de bonnes chances de devenir le premier parti du pays.

Les sondages le donnaient ex-aequo avec le VVD. Au final, ce dernier a perdu 8 sièges et se retrouve avec 33 sièges, mais il reste quand même le premier parti. Le PVV arrive en deuxième position avec 20 sièges, soit un gain de 5 sièges, suivi du CDA (parti démocrate chrétien) et du D66. On peut donc s’attendre à ce que le VVD soit reconduit à la tête d’une coalition avec Mark Rutte comme Premier ministre pour la troisième fois. Le PvdA n’ayant plus que 9 sièges (une perte de 29 sièges !), la coalition se fera sans lui. Il faut s’attendre à y voir entrer le CDA ou le D66 ou les deux. Le PVV, pourtant deuxième parti du pays, pourrait être laissé dans l’opposition, ce qui ne fera que le renforcer pour les prochaines élections.

On peut penser que l’affaire des ministres trucs a bien profité à Mark Rutte puisque son parti devance encore le PVV de 13 sièges. C’est donc une victoire même si elle n’a rien de brillant. Il faut aussi noter que le parti turc Denk (qui signifie « pense » en néerlandais et « égalité » en turc) fait son entrée au Parlement avec 3 députés… (Christophe Buffin de Chosal)

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