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Jean Madiran -« L’identité nationale est un héritage »

Jean Madiran -« L’identité nationale est un héritage »

publié dans regards sur le monde le 17 mars 2010


Jean Madiran -« L’identité nationale est un héritage »

 

Une philosophie erronée entraîne la mauvaise définition selon laquelle « la nation est une  association de citoyens ». Cette erreur provient d’une confusion entre « association » et « société », elle est la source irréversible d’une cascade de méprises et de sophismes. On devient membre d’une association par une adhésion volontaire; on peut en sortir quand on veut. On est membre d’une société par sa naissance, on ne peut pas supprimer cette origine, on peut seulement la renier : « On se met d’un parti, on naît d’une nation. Il y a entre les deux termes la différence de l’Association à la Société. Ceux qui s’associent créent l’élément commun établi entre eux.Les membres d’une société commencent par en être. » (Charles Maurras, Dictionnaire politique et critique, tome III, p. 153).

 

Les « patriotes » de la Révolution française, concevant la nation comme une association, se sont attribué la liberté de la reconstruire selon leur idéologie, plutôt que de la recevoir comme un don merveilleux qui fait de nous des débiteurs insolvables.

 

Un étranger peut venir, lui, volontairement « s’associer » à la nation française : il le pourra s’il y est admis, l’ayant mérité par le sang versé ou les services rendus. Cela doit demeurer une exception, tant mieux si elle est fréquente et son admission ne dépend pas seulement de lui. Essentiellement, la nation reste un fait de naissance. Elle est un héritage. Et pour tout ce que ce que l’on a ainsi reçu sans l’avoir ni mérité, ni voulu, la nation relève de la piété filiale, quatrième commandement du Décalogue.

 

La nation n’est donc pas une utopie idéologique. Le président Sarkozy a voulu orienter le « débat », et en quelque sorte le conclure avant qu’il ait eu lieu : « On est français, a-t-il dit, parce que l’on regarde la Chrétienté et les Lumières comme les deux versants d’une même civilisation dont on se sent héritier ». Et encore : « On comprend l’histoire de France quand on accepte de vibrer avec le souvenir du sacre de Reims et d’être ému par le récit de la Fête de la Fédération ». Marier ces deux traditions fut la belle chimère et l’échec, malgré son génie, de Napoléon Bonaparte. L’alliance des contradictoires est un rêve irréalisable et décevant : « Dans tout héritage, un être raisonnable fait et doit faire la défalcation du passif.  » (Charles Maurras, Mes idées politiques, p. 124).

 

On ne peut être à la fois avec Dieu et sans Dieu. Et plus précisément en appelant Dieu par son nom, une nation ne peut être à la fois avec Jésus et sans Jésus. Avec le Christ-Roi et sans Lui.
En 1980, à la suite d’une longue tradition romaine, c’est un pape pourtant polonais qui est venu lui aussi nous le confirmer une fois de plus. Invoquant à plusieurs reprises, par une répétitioninsistante, le titre de notre identité nationale : « France, fille aînée de l’Église », il a rattaché aux promesses de notre baptême la vocation historique d’enseigner les nations. Non point certes les enseigner comme seule peut le faire la mère Église. Mais comme peut le faire la fille aînée, par son exemple, par ses croisades quand il le faut, par ses missionnaires dans tous les continents, par son être même et ses vertus, quand la France est fidèle. Elle peut partager avec d’autres nations le fait d’être « de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne », elle ne partage avec aucune autre son titre de fille aînée, et c’est bien là son identité.

Jean Madiran
Article paru dans « Présent », du 28 novembre 2009.
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