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Entraide et Tradition
Sermon pour la communion solennelle

Sermon pour la communion solennelle

publié dans couvent saint-paul le 16 mai 2010


Sermon pour la communion solennelle du 16 mai 2010.

Dimanche après l’Ascension

« Je renonce à Satan, à ses pompes et à ses œuvres et je m’attache à Jésus-Christ pour toujours »

Telle va être la phrase que vous allez prononcer dans quelques instants.
Malgré son caractère un peu vieillot, qui fait un peu 19ème siècle, elle est très juste, vraie et glorieuse. Nous avons essayé, hier, de la bien comprendre. Nous avons essayé de vous en donner pleine intelligence. Il ne convient pas que vous la prononciez seulement pour faire plaisir à papa et maman, pour faire honneur à vos grands parents. Non ! Il faut que vous en soyez convaincu. Cette phrase va engager votre avenir, votre être. Elle doit être votre idéal. Elle est, elle sera votre promesse. Elle doit signifier votre idéal, votre volonté arrêtée, fermement arrêtée. Si vous avez l’âme généreuse et vous l’avez, – vous ne seriez pas autrement un « Touchague », un « Pinoche » -, elle ne sera pas pour vous la formule d’un jour, mais elle sera la formule de toujours, la formule d’une vie, celle de votre baptême, pour toujours. Vos parents le souhaitent vivement. Ils se dépensent pour cela. Vous devez leur faire honneur. C’est justice. C’est le du que vous leur devez si vous avez l’âme animée de piété filiale. Certes la communion solennelle n’est pas un sacrement, comme le sacrement de confirmation et à ce titre, cette cérémonie est moins importante que le sacrement de confirmation. Toutefois, ayant estimé que vous aviez l’âge, vous avez l’âge de vous prendre en mains et de faire cette profession de foi devant toute l’assemblée.

Vu cet enjeu personnel et social, il m’incombait de vous bien expliquer cette formule ; C’est ce que nous avons essayé de faire hier dans cette belle propriété de M et Mme Courtois que nous remercions de nouveau de leur hospitalité.

Cette phrase est celle du vrai disciple de NSJC. Car tout disciple du Seigneur doit, de fait, « renoncer à Satan, à ses pompes et à ses œuvres pour s’attacher au Seigneur ».
Mais qu’est-ce donc que de « renoncer à Satan, à ses pompes et à ses œuvres » ? C’est dire, dans un langage plus moderne, « renoncer au monde ».

Mais qu’est-ce donc que « renoncer au monde ». Est-ce renoncer au progrès moderne. Est-ce renoncer à la voiture, à l’avion. Pour ces dames et demoiselles, est-ce renoncer à la machine à laver le linge, la vaisselle ? Faut-il, s’il faut « renoncer au monde », retourner à l’âge préhistorique. Faut-il retourner aux grottes de « Lascaux » ? Faut-il retourner à l’âge de pierre ?

Que non pas !

Mais alors qu’elle est la signification de cette expression « renoncer au monde » ?

J’ai essayé avec vous, de trouver la vraie signification du mot « monde » auquel le disciple du Christ doit renoncer… en feuilletant l’Evangile et quelques unes de ces paraboles et affirmations. Le mot « monde » se trouve très souvent dans l’Evangile. Quel sens a-t-il dans ’Evangile ?

Nous avons tout d’abord rencontré la « parabole de l’ivraie et du bon grain ». Le « Royaume des cieux est semblable à un homme qui avait semé de bonne semence dans son champ ». Or son ennemi, en cachette, la nuit, sema de l’ivraie au milieu du froment. Tout cela leva au cours du printemps. Fallait-il aller arracher l’ivraie ? Non point…de peur d’arracher en même temps le froment. Et NSJC donna l’explication de cette parabole à ses disciples. Il leur dit « le champ c’est le monde, la bonne semence ce sont les fils du royaume ; l’ivraie ce sont les fils du Malin. L’ennemi qui l’a semée, c’est le diable. La moisson c’est la consommation des siècles…Comme on ramasse l’ivraie et qu’on la brûle dans le feu, ainsi en sera-t-il à la consommation des siècles. Le Fils de l’homme enverra ses anges et ils enlèveront de son royaumes tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité et ils les jetteront dans la fournaise de feu ; c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père.
Que celui qui a des oreilles, entende.

Le monde est donc le lieu de l’ivraie et du froment. L’ivraie c’est l’œuvre du démon. Le froment c’est la bonne semence du bon propriétaire
Ils cohabitent, ils coexistent ensemble dans le monde. C’est ainsi. Il ne faut se faire d’illusion. Dieu permet ainsi les choses…Il faut chercher à être le froment. Ce sont les fils du royaume. Ils sont comme le soleil, lumineux rayonnant de lumière. Ils ont Dieu pour Père, le plus bon des Pères et le royaume de Dieu pour demeure ultime : « Ils resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père » alors que l’ivraie, les fils du Malin, sont voués « à la fournaise de feu », là où il y aura pleurs et grincements de dents.
Que celui qui a des oreilles, entende. C’est un appel du Seigneur pour chacun d’entre nous. Quel sera notre choix ? Serons-nous l’ivraie ? Serons nous le bon grain ?
Si j’en juge par la finalité d’un chacun, de l’ivraie ou du bon grain, pour l’un la fournaise de feu ; pour l’autre, le « royaume de leur Père », mon choix est fait. Je ne veux ni « iniquités », ni « scandales ». Je veux être compté parmi le froment, le bon grain. Mon âme voit claire. Elle n’est pas sourde. J’ai compris et j’affirme :
« Vouloir renoncer à Satan, à ses pompes et à ses œuvres et m’attacher à Jésus-Christ pour toujours ». J’aime le soleil et l’éternité du salut.

Mais saint Jean, dans son Prologue, nous précise mieux encore ce qu’est le monde.
Il affirme « Et le Verbe était dans le monde et le monde par Lui a été fait, et le monde ne l’a pas connu. Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, Il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom…De Dieu ils sont nés.
Le monde, pourtant créature de Dieu, propriété de Dieu, ne l’a pas reçu. Le monde tout en étant la chose de Dieu, se dresse contre Dieu. Il se définit en sa relation au Verbe de Dieu, mais en une relation d’opposition, d’hostilité, de refus. Il refuse de le connaître et de le recevoir. Il y a quelque chose d’étrange. Ontologiquement, quant à l’être, le monde est la propriété de Dieu et pourtant il se dresse contre Lui. Le monde vit ainsi dans une injustice profonde. Il est injuste. Il en fut bien ainsi. Son peuple refusa qu’il règne sur lui. Il refusa de le connaître, le reconnaître alors qu’il eut tous les signes nécessaires et suffisants. Devant Pilate, ils dirent « Nous ne voulons pas qu’il règne sur nous. Nous avons César pour Roi »…Mais pour ceux qui le reçoivent, le Verbe a le pouvoir d’en faire des enfants de Dieu, des fils de Dieu. « S’ils sont fils, ils sont héritiers, cohéritiers du Christ ». Le Royaume des cieux est à eux.
Je ne suis pas sourd. J’entends et je vois. Je ne veux pas être de ce monde hostile, injuste, qui tient injustement la vérité cachée dans son cœur. Je ne serai pas de ce monde antichristique…je ne serai pas de ce monde laïciste qui refuse le règne du Christ sur la France. Non seulement refuse mais lutte contre ce règne en favorisant le mal et en niant l’ordre divin et sa loi, sa loi naturelle jusqu’à admettre les choses contre nature…bien sûr au nom de la liberté. « O ! Liberté que de crimes, on commet en ton nom ». « Et on se pête la gueule »…Face à ce monde hostile et haineux…celui qui croit en NSJC devient enfant de Dieu. Mon choix est fait : je renonce à ce monde « antichristique » pour m’attacher à NSJC pour toujours.

Il faut ajouter que la haine du monde contre le Christ et son Père est gratuite, sans raison. Plus même, il refuse les preuves qui sont évidentes. Il a multiplié les miracles, des actes que nul d’entre les hommes n’a jamais faits…à tel point que Jésus leur dit un jour : « si vous ne croyez pas en moi, croyez au moins à mes œuvres ». Rien n’à faire. Ce monde vit dans l’injustice. J’aime la justice, j’aime le Juste. J’aime le Christ et ne veut connaître ce monde, dans ce sens là, d’opposition, de refus gratuit et haineux.
Je ne saurais être comme Demas, le serviteur de Paul en prison, qui l’a quitté « ayant aimé, dit-il, le siècle présent », i.e. ayant fait grand cas, apprécier, «finalement préférer le siècle présent.

Mais maintenant si je regarde positivement les choses, je préfère le Christ au monde présent. J’aime celui qui est mon bienfaiteur. J’aime celui qui m’a donné la lumière, le soleil et les étoiles. J’aime celui qui me donne la nourriture parce qu’il fait tomber la pluie fertile sur une terre propice. J’aime celui qui réjouit ma journée par les oiseaux qui volent et qui chantent. J’aime celui qui a crée les mers riches de tous les poissons. J’aime celui qui a crée les couleurs, les couleurs de l’arc en ciel, la terre et les étoiles…J’aime celui qui m’a donné l’être et la vue et l’ouie pour voir et écouter tant de merveilles. J’aime celui qui m’a donné la vie et avec la vie, l’intelligence, la volonté, la liberté. J’aime celui qui m’a donné ainsi ce qui me grandit, et fait de moi plus qu’un simple animal mais un être capable d’aimer. Et c’est ainsi qu’au cœur de mon âme, une justice innée se fait entendre : elle me crie qu’il faut aimer de tout mon être Celui auquel je me sais redevable de tout ce que je suis. Car je ne revendique rien, Seigneur, de ce que je suis, rien de ma dignité. J’attribue tout à votre nom de qui tout provient. Et c’est pourquoi je sais, oui je sais, que Dieu mérite que je l’aime pour lui-même, en raison d e ce qu’il est.

Mais plus encore, je connais l’amour de Dieu. Je le contemple dans la nativité, dans la rédemption, sur le bois de la Croix, dans sa Passion. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime ». Saint Jean me le révèle cet amour divin.. Il a contemplé le plan de salut voulu par Dieu, préparé depuis toujours et aujourd’hui manifesté dans le Verbe. Il affirme que « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle ». Je sais que l’amour de Dieu est un amour gratuit, premier, bienveillant, bienfaisant, immense, éternel. Je crois en l’amour de Dieu. Dès lors « mieux on comprend qu’on est aimé, et plus il est facile d’aimer. Je vois le Fils unique du Père portant sa croix ; je vois le Dieu de majesté couvert de plaies et souillé de crachats, l’auteur de la vie et de la gloire cloué au bois, percé d’un coup de lance, saturé d’opprobres et qui donne enfin pour ses amis son âme tant aimée. Je vois tout cela et le glaive de l’amour me perce le cœur. Car nous avons tout reçu de lui et en abondance, grâce sur grâce. Qui garde dans son cœur et dans sa foi, le souvenir du Maître, sa Passion, sa Résurrection et tous ses bienfaits, ne peut pas ne pas s’attacher à Lui pour toujours. Car je vois en Lui mon Sauveur, celui qui pour l’éternité a la bonté de conserver ma vie, de l’accomplir, mieux encore de l’introduire dans la gloire : « afin que celui qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » Je sais qu’il ma donné non seulement mon être, mais le sien même… « Nous sommes enfants de Dieu ». Avant même toutes ses preuves d’amour, le commandement était fait d’aimer Dieu par-dessus toute chose. A plus forte raison aujourd’hui. Car, comme le dit saint Bernard : « Si déjà je me dois tout entier pour prix de ma création, qu’ajouterai-je en échange de ma réparation, et surtout de cette réparation là ? Il n’a pas été aussi facile de me refaire que de me faire ». Une seule parole a suffi pour me faire… ». Mais celui qui pour me faire n’a eu besoin que d’une seule parole, a du, pour me refaire, en prononcer beaucoup et accomplir des actes miraculeux, et subir de dures peines, non seulement dures mais indignes de lui »
Que rendrai-je au Seigneur en échange de tout ce qu’Il m’a donné ? Dieu a mérité notre amour. Que rendrai-je ? Au moins un acte d’amour : « je m’attache à Jésus pour toujours. « La mesure d’aimer Dieu c’est de l’aimer sans mesure.
C’est la moindre des choses. C’est justice. Amen.

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