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Entraide et Tradition

Histoire de la messe interdite (19)

publié dans un disciple le 8 février 2018


Histoire de la messe interdite (19)

 

Livre 3

 

Chapitre 8 

 

L’année saint 2000.

Les années 2000-2001-2002

 

L’Administration apostolique de Campos.

 

Section I : Vers l’accord avec les Pères de Campos    

§-1 L’année Sainte : l’an 2000

C’est alors qu’arrive l’année jubilaire – l’ « année sainte » : l’an 2000.

A cette occasion, les traditionalistes   – des cinq continents – l’Europe – l’Amérique – l’Afrique – l’Asie – l’Océanie – se retrouvent à Rome – le 15 août 2000.

Pieusement, les fidèles font leur pèlerinage … ils vont de basilique en basilique.  Le nombre, l’ordre, la piété impressionnent la Ville romaine.

« On ne peut plus longtemps ignorer cette réaction»… disent certains prélats romains !

Et des contacts sont repris. Le cardinal Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation du clergé, invite les évêques de la Fraternité saint Pie X à prendre un repas dans ses appartements. Trois de nos évêques peuvent s’y rendre. L’atmosphère fut, nous a-t-on dit, détendue et fraternelle.

Ainsi Rome reprend le dialogue, fait même des propositions « concrètes ».

On parle de la forme canonique proposée : « une administration apostolique ». (cf Annexe 1)

On parle du « droit à la messe dite de Saint Pie V ».

Toutes choses que Monseigneur Lefebvre demandait depuis longtemps … dans sa lettre qu’il remettait au cardinal Gagnon à la fin de sa visite canonique en décembre 1987. (cf. l’Enjeu de l’Eglise : la messe. Livre VI Ch 2 : les accords avec Rome p.629-650)

A la suite de ce repas, Mgr Fellay rencontre même le Souverain Pontife, accompagné par le Cardinal Castrillon Hoyos. Les choses vont vite…Peut-être trop vite…

Le 13 janvier 2001, Monseigneur Fellay, Supérieur général de la FSSPX,   réunit ses conseillers. Des « suggestions » sont faites :

– que « le droit soit reconnu pour tout prêtre de l’Eglise latine et romaine de dire la messe dans le  rite tridentin ».

– que « les excommunications soient levées » …

 

Le 2ème point ne semble pas faire de difficulté, le premier gêne…  plus par son aspect absolu et universel que par son objet.

Le Cardinal Castrillon Hoyos, Préfet de la Congrégation du Clergé,  l’écrit clairement à Monseigneur Fellay dans sa lettre du 7 mai 2001.

« En ce qui concerne la 1ère condition – la liberté pour tous de la messe de Saint Pie V : –  un certain nombre de Cardinaux, évêques et fidèles jugent qu’une telle permission ne doit pas être concédée ».

« Ce n’est pas que le rite sacré précédent ne mérite pas tout le respect ou qu’on méconnaisse sa solidité théologique ni sa beauté et son apport à la sanctification pendant des siècles dans l’Eglise mais parce que cette permission pourrait créer une confusion dans les esprits de beaucoup de personnes qui la comprendraient comme une dépréciation de la valeur de la Sainte Messe que célèbre l’Eglise d’aujourd’hui ».

« Il est clair que dans les statuts de votre réinsertion, on offre toutes les garanties pour que les membres de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X et tous ceux qui ont un attrait spécial pour cette noble tradition liturgique puissent la célébrer librement dans vos églises et lieux de culte.  On peut également la célébrer dans les autres églises avec la permission des ordinaires diocésains ».

Dans les  milieux  de la Tradition »  deux tendances s’expriment : une plus ouverte : celle des prêtres de Campos, qui s’étaient joints à nous pour le pèlerinage du 15 août 2000, une autre plus mesurée : celle de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X.

Le « dialogue » avec Rome  sera différent des uns aux autres.

 

§-2 Les autorités de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X

 

Les autorités de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X vont plutôt chercher à ralentir le mouvement pour le mieux contrôler et préfèrent s’asseoir à une table pour examiner les problèmes doctrinaux avant toute solution pratique.

Et c’est ainsi que la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X dépose dans les mains du souverain pontife et de certains préfets de dicastères romains : le Cardinal Ratzinger et le Cardinal Castrillon Hoyos, un livre sur la réforme liturgique : Le problème de la réforme liturgique (Clovis, 2001). Ce livre relance le débat doctrinal sur la « nouvelle messe de Paul VI ».  Il voudrait compléter le  Bref examen critique  et démontrer qu’une nouvelle conception de la théologie du « mystère pascal » est à l’origine de cette réforme. Ce livre  ne fait pas l’unanimité entre les membres de la FSSPX.  Ni ne convainc le  Cardinal Ratzinger.

Ce livre, en effet,  sera  au cœur du débat d’une réunion organisée dans le cadre de l’abbaye de Fontgombault en juillet 2001 sous la présidence du Cardinal Ratzinger.  Il y fera une claire allusion. (cf.  Autour de la question liturgique. p. 20. Ass. Petrus a Stella. Abbaye Fontgombault. 2001)

 

§-3 Les autorités de l’Union Sacerdotale Saint Jean-Marie Vianney

 

Les autorités de l’Union Sacerdotale Saint Jean-Marie Vianney (diocèse de Campos) – elles – vont accepter de Rome, un « modus vivendi » pratique, concret.

Ne  rentrons  pas ici dans le débat sur le bienfondé de l’une et de l’autre « politique ».  Elles ont leurs partisans !

Et puisqu’il est nécessaire d’attendre pour voir le résultat de la  politique  choisie par la Fraternité …et puisque la solution pratique est déjà donnée du côté des pères de Campos,  c’est elle que nous allons d’abord considérer et nous la considérerons, dans le cadre de cette   étude, uniquement  sur le rapport de la messe.

Il me semble que les pères de Campos ont gagné une bataille … mais c’est ainsi et ainsi seulement que les guerres se gagnent …bataille après bataille.

Et le temps permettra de voir si la solution proposée et acceptée est bonne … et si leur analyse a été juste!

 

Section 2 : L’administration Apostolique Saint Jean-Marie Vianney

 

Tout le monde sait aujourd’hui que les prêtres de l’ « Union sacerdotale Saint Jean-Marie Vianney », amis de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, ont été reçus par Jean-Paul II dans la « pleine communion ecclésiale » et érigés  en une administration apostolique personnelle du même nom, le 25 décembre 2001.  Elle a eu pour premier administrateur, Monseigneur Rangel. Aujourd’hui, lui a succédé Mgr Rifan, pris dans le sein de cette « Union sacerdotale ». …

L’ « administrateur » a reçu, du pape, sur ses membres, prêtres et fidèles, une « juridiction personnelle, ordinaire, cumulative ».  A lui et à ses prêtres a été donnée  la facultas  de dire la messe dans le rite tridentin.

Telle est la situation pratique obtenue.

Deux documents majeurs doivent retenir notre attention en cette affaire.

–  la lettre du pape intitulée « Ecclesiae Unitas », du 25 décembre 2001 ;

–  et le décret du Cardinal Ré, du 18 janvier 2002.

Ces deux documents accordent aux prêtres de cette administration apostolique, dans les églises dont ils ont la charge la « facultas » de célébrer la sainte messe dans le rite dit de Saint Pie V, ainsi que tous les autres sacrements.

 

§-1 Des textes historiques

Voici les textes.

D’abord le texte de la lettre du pape :

« On confirmera (confirmabitur) à l’administration apostolique la faculté de célébrer l’eucharistie et la liturgie des heures selon le rite romain et la discipline liturgique codifiée par notre prédécesseur Saint Pie V, avec les adaptations introduites par ses successeurs jusqu’au bienheureux Jean XXIII ».

Puis le texte du décret du Cardinal Ré :

« La facultas est accordée(tribuitur) à l’admininstration apostolique de célébrer la sainte eucharistie, les autres sacrements, la liturgie des heures et les autres actions liturgiques selon le rite romain et la discipline liturgique de Saint Pie V, avec les adaptations que ses successeurs ont introduites jusqu’au bienheureux Jean XXIII ».

 

Ainsi, là, à Campos, pour les prêtres dans les églises de leur administration apostolique, est reconnu, affirmé, le droit de dire la messe dans le rite codifié par Saint Pie V.

C’est un droit ferme- solidement reconnu – un droit définitif, un droit inhérent, si l’on peut s’exprimer ainsi, au titre même de cette administration nouvelle.  Elle a été créée par Rome à cet effet – pour créer un cadre juridique propre où l’on puisse dire la messe traditionnelle : c’est leur « particularité ».

Ce droit ne dépend en rien de l’évêque territorial, de son avis, de son approbation ou de son refus.  Ce droit est la propriété de cette administration.  Cette administration apostolique personnelle – sa gestion, sa vie, ses droits, ses devoirs – leur défense, leur application – est confiée (comittitur) à la seule autorité de Monseigneur Rangel  et de ses successeurs « comme à son ordinaire propre ».

 

§-2 L’aboutissement d’une évolution romaine

 

Voilà, ici,  l’aboutissement logique d’une évolution constatée  – depuis 17 ans, depuis le 13 juillet 1988, depuis le fameux discours du Cardinal Ratzinger à l’épiscopat chilien, suite aux sacres faits par Mgr Lefebvre à Ecône  – de la pensée de la hiérarchie qui veut que cesse cette guerre liturgique – cette guerre des rites au sujet de ce sacrement – le plus cher à l’Eglise – l’Eucharistie – principe et source d’unité des membres du Corps Mystique du Christ.

Les autorités – du moins certaines et pas des moindres – sur ce sujet liturgique, capital à la vie de l’Eglise et du peuple chrétien – ont manifesté une claire intention en faveur de la messe traditionnelle : voilà qui est nouveau, formidablement nouveau…Des critiques vraies de la nouvelle messe, ont pu être lues sous la plume de cardinaux… Cela doit être pris en compte…et est pris en compte ici dans le cadre de cette Administration apostolique.

 

§-3 Les paroles du Cardinal Ratzinger

 

On a  lu.  On a  médité.  On a entendu les appels du Cardinal Ratzinger.

Celui-ci : « Il est important aussi de cesser de bannir la forme de la liturgie en vigueur jusqu’en 1970 » (cf. « Voici quel est notre Dieu »  p. 291).

On l’a pris au mot et les « Pères de Campos »  lui ont demandé de passer du mot aux actes.

Alors Rome ne pouvait mieux faire que de leur accorder la messe de leur vœu dans leur administration apostolique : la messe de la Tradition.  Ce qui fut fait le 25 décembre 2001 puis confirmé le 18 janvier 2002.

Celui-là encore : « Celui qui, à l’heure actuelle, intervient pour la validité de cette liturgie ou qui la pratique est traité comme un lépreux ».

On l’a pris au mot et les Pères de Campos lui ont demandé de passer des mots aux actes.

Alors Rome ne pouvait mieux faire que de reconnaître la « pleine communion à l’Eglise catholique et romaine » des prêtres de Mgr de Castro Meyer qu’ils  servaient depuis si longtemps déjà.

Ce qui fut dit le 25 décembre 2001 et confirmé – de facto – le 18 janvier 2002.

Cet autre enfin : le refus de la liturgie ancienne est « comme un mépris de tout le passé de l’Eglise » (id. p. 291).

On l’a pris aux mots et les prêtres de Campos lui ont  demandé de passer des mots aux actes et de faire reconnaître le bon droit des pères de Campos en matière liturgique.

Rome reconnaît – par l’érection de cette « administration apostolique personnelle » – que l’on peut rester fidèle « au passé de l’Eglise » tout en étant « membre de l’Eglise Catholique ».  Et l’on ne pourra plus faire la guerre à ces prêtres pour la seule raison qu’ils veulent rester fidèles à la messe de « toujours ».

Grâce à l’érection de cette « administration apostolique personnelle », cela ne sera plus possible.

Cette administration apostolique sera pour ses prêtres – sous ce rapport – leur « bouclier » – leur « protecteur », « leur attachement public  à l’Eglise ».

Ils ont entendu cette autre phrase du Cardinal Ratzinger – nouvelle – « j’avoue aussi que je ne comprends pas pourquoi beaucoup de mes confrères évêques se soumettent à cette loi d’intolérance qui s’oppose aux réconciliations nécessaires de l’Eglise sans raison valable » (p.291).

On l’a pris au mot et les prêtres de Campos lui a  demandé de passer des mots aux actes et de lutter, de fait, contre cette intolérance.

Ce qui fut rendu aussi possible par la Providence : le Bon Dieu ayant permis que sur le siège épiscopal de Campos soit nommé, en ces circonstances, un Evêque clément, « libéral » désirant lui aussi œuvrer en faveur de cette « nécessaire  réconciliation ».

Et nous voilà avec une « administration apostolique personnelle Saint Jean-Marie Vianney » clairement érigée, forte de ses droits et de son règlement pouvant célébrer, en toute liberté, la messe de toujours.

Ce qui, hier, fut cause de division, « la messe dite de Saint Pie V »,  est, aujourd’hui, acceptée paisiblement dans l’Eglise : ce qui permettra alors de cultiver « des liens d’étroite unité avec le presbyterium du diocèse de Campos ».

Fallait-il refuser une telle opportunité – une main tendue ?

L’unité de l’Eglise est aussi un bien qui est cher à tout cœur catholique…  Elle doit être voulue sans cesse et cultivée …

Voilà ainsi 28 prêtres – à l’époque de la création de l’Administration apostolique de l’Eglise Catholique qui ne pourront plus être considérés comme « des lépreux » – à éviter – ce qu’ils furent pendant 30 ans et plus.

Voilà reconnue légitime, la célébration de la Sainte Messe dans le rite de toujours dans les églises de ce quasi-diocèse.

Rome le reconnaît aujourd’hui pour ses 28 prêtres et s’engage formellement à le respecter – à le faire respecter – Le pape s’y est engagé formellement dans sa lettre du 25 décembre 2001.

Le « principe » de la célébration de l’ancienne messe est admis aujourd’hui.

Une fois admis, il vaut pour tous.  Il suffit de tenir compte des circonstances pour voir un jour sa pratique universalisée.

Et ainsi satisfaction est donnée à la légitime demande de Jean Madiran , de Monseigneur Lefebvre de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X exprimée inlassablement depuis 30 ans,  et inlassablement refusée mais aujourd’hui acceptée : « Très Saint Père, redonnez-nous la messe de toujours »

Toutefois, il reste que ce principe soit appliqué à tous.

 

Section 3 : Analyse de cette Administration ou : de la législation Medina à l’érection de l’administration apostolique Saint Jean Marie Vianney

L’érection de l’ « administration apostolique Saint Jean Marie Vianney » par la lettre du Jean Paul II du 25.12.2001, et plus précisément l’article 3 du décret de son érection, le 18 janvier 2002,  lui donnant la facultas  de célébrer  la messe dite de Saint Pie V, a modifié la législation « Medina » de juillet 99.

Il faut d’abord reconnaître la vraie nature  de cette  facultas. Il faut ensuite  en tirer toutes les conséquences.

.

§-1 Cette  facultas  est-elle une concession ou un pouvoir permanent ? Les opinions.

 

Pour certains, il n’y aurait aucune nouveauté, aucun progrès quant à la reconnaissance du droit de la messe, mais plutôt une régression.

Il ne s’agirait, de nouveau, que d’une nouvelle « concession ».   La situation des Pères de Campos,  quant à la messe, ne serait pas différente de celle des abbés de la Fraternité Saint Pierre, vivant dans le cadre du « Motu Proprio « Ecclesia Dei Adflicta » du 3 juillet 1988.

C’est la pensée de Monsieur l’Abbé de Tanoüarn exprimée dans « Pacte » d’avril 2002.

Il conteste que ces « accords » aient pu faire avancer la cause traditionnelle.  Il traduit ainsi l’article 3 du décret : « La faculté de célébrer la Sainte Eucharistie est concédée à l’Administration Apostolique ».  Il corrige un peu plus loin sa traduction et reconnaît qu’elle est « attribuée ».  Le mot latin est « tribuitur ».

« Concédée », « attribuée » … ?  Quoiqu’il en soit cette « facultas » peut, dit-il, « aussi bien être retirée à ceux à qui elle a été octroyée ».

« Au fond pour les traditionalistes, cette faculté est une sorte de lot de consolation qui ne préjuge pas d’un avenir normalisé ».

Il conclut : « On retrouve la doctrine de la secrétairerie d’Etat sur la messe traditionnelle qui n’est pas un droit mais une concession.  Le Cardinal Ré (quel hasard) en a d’ailleurs été l’un des principaux tenants.  Il est en pleine cohérence avec lui-même ».

 

Monsieur l’Abbé Barthe – de Catholica – donne,  de cet article 3, une interprétation radicalement différente. Il écrit :

« Mais aussi étrange qu’elle soit, la pétition bi-ritualiste vient d’obtenir une consécration pratique de taille, avec la création d’une administration apostolique sur mesure pour l’évêque, Monseigneur Rangel et pour les prêtres de l’Union Sacerdotale Saint Jean-Marie Vianney dans le diocèse de Campos au Brésil.  Certes, la présence d’évêque n’est pas formellement requise pour que l’on puisse parler d’une famille liturgique spécifique, mais on ne voit pas comment les rites orientaux pourraient vivre comme tels sans la présence en leur sein de la plénitude du sacerdoce.

« Cette récente reconnaissance » d’un évêque de rite tridentin en tant que tel peut s’interpréter comme la légitimation ou l’amorce de la légitimation pour les autorités de rite Paul VI d’un rite Saint Pie V ».

« Avancée décisive de la critique de la réforme ou au contraire victoire de celle-ci qui intègre en son sein la liturgie antérieure ?  Incontestablement, l’affaire a un intérêt stratégique non négligeable car dans un système idéologique il ne peut pas y avoir pluralisme entre partisans de l’édifice ancien (rituel en l’espèce) et de diverses tendances de la construction nouvelle ».

« A cet égard, la reconnaissance de Campos crée un équilibre instable qui ébranle l’ensemble conciliaire »  (Catholica – Printemps 2002).

J’opine plutôt du côté de Monsieur l’Abbé Barthe.

Mais les arguments doivent être avancés.

 

 

        §-2  Les arguments

 

Examinons de près cet article 3 du décret d’érection de l’administration apostolique Saint Jean-Marie Vianney.

Deux textes doivent être étudiés en cette affaire :

–  la lettre du Pape Jean Paul II du 25 décembre 2001

et

–  le décret d’érection de cette administration, ses statuts approuvés par le Pape le 18 janvier 2002.

A- Le sens des mots :

Voici les textes :

– la lettre du Souverain Pontife du 25.12.2001 :

« On confirmera à l’administration apostolique la faculté (facultas) de célébrer l’Eucharistie et la liturgie des heures selon le rite romain et la discipline liturgique codifiée par notre prédécesseur Saint Pie V avec les adaptations introduites par ses successeurs jusqu’au bienheureux Jean XXIII ».  1)

Jean Paul II utilise bien le verbe « confirmare » qu’il met au futur : « confirmabitur ».

 

– le décret d’érection de l’administration du 18 janvier 2002 :

 

« Est accordé (tribuitur) à l’administration apostolique la faculté (facultas) de célébrer la Sainte Eucharistie, les autres sacrements … selon le rite romain … de Saint Pie V. »

Le verbe utilisé ici est « tribuere ».  Le verbe latin est clair.  Il veut dire « repartir » entre les tribus, distribuer, partager, donner, voire même assigner – décerner – accorder – attribuer – respecter.

 

Dans la lettre du Pape, on a le verbe « confirmare » qu’il ne faut pas traduire par « confirmer » comme le traduisent les Dominicains d’Avrillé dans « Le Sel de la Terre »  – n° 40 – p. 157.  C’est un verbe beaucoup plus précis et fort.  Il veut dire « consolider – fortifier – affermir ».  Il peut même se traduire par « cimenter » : ainsi dans l’expression « confirmare societatem jurejurando » que l’on traduira par « cimenter une alliance par un serment ».  Il peut même être utilisé dans les traités, dans les actes juridiques et on le traduira à ce moment par « ratifier ».  Or, ratifier vient du nom latin : ratus et du verbe facere.  Et ratus se traduit par « fixé », « réglé », « constant », « invariable ».  On parlera en ce sens « du cours constant et immuable des astres » : « Astrorum rati immutabilesque cursus».

C’est ainsi un verbe très fort.  Il exprime l’idée de force, de solidité, de stabilité, de constance. (1)

Du reste « firmus » est un adjectif qui veut dire ferme, solide, fort, sûr, durable.

Ces verbes – et celui de la lettre du Pape du 25.12.2001- confirmare – et celui du décret – tribuere – se complètent, se précisent l’un l’autre.  Il donne ainsi le vrai sens au mot  facultas  utilisé ici pour désigner ce qui est reconnue par Rome aux Pères de Campos : la facultas de dire la messe de Saint Pie V.

 

 

1) Je donne ici la traduction des Dominicains d’AVRILLE.  Personnellement, je traduirais : « sera ratifié à l’administration … « . Voici le texte latin : « Confirmabitur Administrationi Apostolicae facultas celebrandi Eucharistiam et Liturgiam Horarum secundem Ritum Romanum atque disciplinam liturgicam ad Nostri Decessoris sancti Pii V praescripta … »

 

B- Les interprétations :

Ce n’est pas une simple concession, comme le traduit trop vite Monsieur l’Abbé de Tanoüarn.  Sa traduction de cet article 3 du décret est fausse.  Il dit que cette facultas donnée par Rome est simplement « concédée».  Rome leur accorde une faculté.  Il traduit « tribuere » par « concéder ».  Il n’y aurait ainsi pour lui aucune différence  entre le Motu Proprio «  Ecclesia Dei » et surtout la lettre « Quattuor abhinc annos » et le décret d’érection de l’administration en ses documents constitutifs !

 

  La lettre « Quattuor abhinc annos » :

 

Là, avec la lettre « Quattuor abhinc annos », puis le « Motu Proprio « Ecclesia Dei Adflicta » Rome concédait, permettait de fait – c’est le terme – un simple « indult ».  De plus, cet indult n’était pas concédé aux prêtres et aux fidèles qui, par aventure, en feraient la demande, mais simplement à l’évêque.  La lettre « Quattuor abhinc annos » concède à l’Evêque le pouvoir de donner l’indult de la messe Saint Pie V, à ceux qui lui en feraient la demande, sous certaines conditions très restrictives.

La lettre du Pape du 25 décembre 2001 et son décret:

Ici, avec le décret du 18 janvier 2002 et la lettre du Pape du 25 décembre 2001, les choses sont différentes.

 

C’est une faculté donnée – accordée. Il y a une certitude. « Confirmare » a une valeur juridique.  C’est une sorte de traité – qui est ratifié par les deux parties signataires – qui est comme cimenté – qui est comme un engagement – une alliance cimentée qui engage les deux parties signataires, qui ne dépend donc pas d’une seule partie, qui serait mutable, changeable à merci par la volonté d’un seul et selon son seul caprice.  Non ! Ce décret est comme un traité – un accord ratifié par les parties – réciproquement.  Il engage sur l’honneur – la signature donnée – les parties au contrat.  Un des objets de ce contrat est la messe ancienne.  Elle est donnée aux prêtres de cette administration.  Ils ont la faculté – la  facultas  – de célébrer la messe et tous les autres sacrements – l’épiscopat le moment venu – dans le rite dit de Saint Pie V.

 

C- Le sens du mot  facultas :

 

Facultas  – en latin – est un mot aussi très fort, très précis – c’est le pouvoir de faire quelque chose, de dire, d’exécuter. Il exprime la puissance physique ou morale qui rend un être capable d’agir.  On pourra alors le traduire par le mot : vertu, le mot : propriété.  Au sens figuré on le traduira par le droit de faire une chose.   C’est ainsi que les juristes vont même jusqu’à le traduire par « droit ».

 

Ce qui, ici, conviendrait bien, étant donné l’utilisation des verbes latins « tribuere » et « confirmare » qui, encore une fois, ont une connotation juridique et sont utilisés pour la signature d’actes juridiques, de traité ou d’alliance ou d’accord juridique.  Ce qui est le cas.

 

C’est pourquoi, je ne partage pas l’avis trop tranché de Monsieur l’Abbé de Tanouarn dans le « Pacte » d’avril 2002.  Il s’est trompé sur le sens du verbe tribuere. Ce qui l’a conduit à nous proposer une fausse analyse de la facultas  donnée aux pères de Campos.

 

§-3 La messe dite de Saint Pie V : un droit reconnu pour les Pères de Campos

 

Le sens des mots étant précisé, on peut conclure : il y a une différence essentielle entre la lettre « Quattuor abhinc annos » et donc avec le Motu Proprio « Ecclesia Dei Adflicta » qui en reprend la substance d’avec le décret qui donne existence à l’administration apostolique et qui en précise le pouvoir quant à l’usage du rite traditionnel pour la célébration de la Sainte Messe.

La messe de toujours est, cette fois, depuis le 25 décembre 2001, reconnue de droit.  Elle est de droit la « propriété » de l’administration apostolique personnelle Saint Jean-Marie Vianney.

Ce droit, son exercice – cette « facultas » – ce pouvoir de la dire – ne dépend plus de l’ordinaire du lieu comme en 1984 avec la lettre « Quattuor abhinc annos ».

Ce droit – cette « facultas » – est « la propriété » de cette administration apostolique, son bien, celui de Monseigneur Rangel … qui a pleine juridiction sur ses membres, son clergé, ses fidèles.  Dans cette administration apostolique, il n’existe plus « de bi-ritualisme » mais bel et bien et uniquement le rite dit de Saint Pie V. Quelle différence avec ce que Rome a imposé en 2000 à la Fraternité Saint Pierre !

C’est un « pouvoir » – une « facultas » – inhérent à toute église, à tout prêtre qui se trouve dans cette administration.  Il n’est plus question de leur en donner seulement libre usage dans « leurs prieurés » par exemple  ni de désigner, éventuellement, des églises dans le diocèse et d’en préciser les horaires comme pour la Fraternité Saint Pierre dans le cadre du Motu Proprio « Ecclesia Dei Adflicta. »

Ici, dans l’administration apostolique de Campos, le curé est de plein droit responsable de son église.  Il a pleine juridiction.  Il a pleine jouissance de sa « facultas ».  Il a la « cura animarum »  … avec la faculté de dire la messe de Saint Pie V pour le bien de ses fidèles, aussi bien pour les messes basses, les messes chantées, pour les messes de « requiem » que pour les messes de mariage et ainsi pour tous les autres sacrements … indépendamment des désirs de l’Evêque « résidant » de Campos.

 

Les précisions que donnait le Cardinal Medina aux prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint Pierre – le 18 octobre 1999 – alors en pleine crise liturgique ne sont plus de règle pour les membres et les prêtres de l’administration apostolique Saint Jean-MarieVianney.

 

 

§-4 Droit ou simple tolérance :

Est fini le caractère limitatif prévu dans l’indult de 1984, repris dans le Motu Proprio de 1988 avec cependant une plus grande libéralité … du moins dans la pensée du Pape …   Et en ce sens, Jean Madiran, avec raison, pouvait intituler son article dans Itinéraires : « la messe revient ». Mais on sait en effet avec quelle limitation, restriction, les ordinaires des lieux donnaient le bénéfice de l’indult.  La messe ancienne existait de nouveau, certes mais avec quelle restriction il pouvait en être fait usage Comme en liberté surveillée. Elle jouissait – de nouveau – d’une tolérance dans l’Eglise mais comme on tolère un mal.  Les membres de ces communautés Ecclesia Dei allèrent du reste un jour se plaindre à Rome de « cette politique épiscopale » par trop restrictive. Nous étions le 24 octobre 1998.

 

Il n’y a rien de tel maintenant avec la  facultas  reconnue aux prêtres de Campo en faveur de la messe.  Ils viennent d’obtenir tout simplement, cette fois sans restriction aucune, la « possibilité de continuer à recourir à l’intègre et fécond missel romain de Saint Pie V », comme le demandait à l’époque le Cardinal Ottaviani…  Ce qu’il n’obtint pas. Ce que nul n’a obtenu … Ce que Monseigneur Rangel a obtenu…Quelle évolution ! Il faut voir les choses concrétement.

 

 §-5 Droit sans concession :

 

Il faut même préciser.

 

Cette « facultas » de dire la messe de toujours a été reconnue aux Pères de Campos sans qu’ils soient obligés – pour autant – de reconnaître « la rectitude doctrinale » de la nouvelle messe.  C’était le cas pour les prêtres des communautés Ecclesia Dei.  Ils devaient – eux – pour pouvoir célébrer la messe de toujours selon la permission concédée par l’indult :

– non seulement reconnaître la « validité » de la nouvelle messe – ce que personne n’a jamais nié.

– mais aussi et surtout, reconnaître la parfaite « légitimité et rectitude doctrinale » de la nouvelle messe.

Cette permission – cet indult – n’était donnée – de soi – qu’à cette condition.  C’était expressément écrit dans la lettre « Quattuor abhinc annos. »  C’était la première condition à satisfaire.  Et cette condition fut expressément reprise dans le « Motu Proprio Ecclesia Dei Adflicta » : c’était la note 9 du petit « c » du chapitre 6. Et elle fut réclamée de tous…

Elle était encore rappelée par le Cardinal Medina,  le 18 octobre 1999 : « que ces fidèles   – les bénéficiaires de cet indult – de leur côté acceptent sincèrement la doctrine du Concile Vatican II ainsi que la légitimité et la cohérence avec la foi orthodoxe des textes liturgiques promulgués dans le cadre de la rénovation liturgique. »

Le « bi-ritualisme » si l’on veut – était de rigueur … mais dans une profonde inégalité d’un rite à l’autre.

« La loi générale demeurait l’usage du rite rénové depuis le concile, alors que l’usage du rite antérieur relevait de privilèges qui devaient garder le caractère d’exception ». (Mgr. Ré – lettre du 17 janvier 1994).

 

Rome sut attendre dix ans pour amener l’ensemble des communautés Ecclesia Dei adflicta à cette confession « d’orthodoxie » de la nouvelle messe, et ainsi à la reconnaissance de la « légitimité » du bi-ritualisme.

 

Ce fut Dom Gérard, on le sait, qui le 24 octobre 1998, au nom de tous, le proclama devant le Cardinal Ratzinger: « C’est dans cet esprit de paix et de communion que le 27 avril 1995 j’ai accepté de concélébrer avec le Saint Père, désirant montrer par là que nous tous qui militons pour le maintien de l’ancien missel, nous croyons à la validité et à l’orthodoxie du nouveau rite. »

Rien de tout cela n’est demandé – cette fois – à Monseigneur Rangel et à ses prêtres.  Ils l’auraient du reste refusé … eux qui venaient de rappeler à leurs fidèles la pensée de Monseigneur de Castro Mayer, sa prise de position contre la nouvelle messe, pour le maintien de la messe ancienne.  Ils ont seulement reconnu – ce que Monseigneur Lefebvre reconnaissait lui-même :

« la validité du Novus Ordo Missae promulgué par le Pape Paul VI lorsqu’il est célébré correctement, avec l’intention d’offrir le véritable sacrifice de la messe ». (cf Annexe 2

 

Section 4 :L’administration Saint Jean-Marie Vianney : une famille liturgique spécifique

 

Hier, Rome écrivait aux prêtres des communautés Ecclesia Dei adflicta : « Comme la manière actuelle de célébrer, selon le rite romain correspond à la norme liturgique commune, on ne doit pas parler de « deux rites » ou « de bi-ritualisme ».  La concession faite pour le  Motu Proprio Dei Adflicta sauvegarde la sensibilité liturgique des prêtres et des fidèles habitués à la manière ancienne de célébrer mais ne les constitue nullement en une église rituelle ».

Avec les pères de Campos, c’est chose faite aujourd’hui, même s’il ne faut pas employer le mot.  Une administration apostolique personnelle – un diocèse – pourra célébrer sans problème, de plein droit, la messe tridentine.

Monsieur l’Abbé de Tanoüarn, dans son article de « Pacte » (avril 2002) semble ne pas le reconnaître : « il ne s’agit pas d’un exarchat traditionaliste » (p.3).  Je lui réponds : « mais bien sûr que si. »

 

Monsieur l’Abbé Barthe le reconnaît du reste lui-même : « Mais aussi étrange qu’elle soit, la pétition bi-ritualiste (2) vient d’obtenir une consécration  pratique de taille, avec la création d’une administration apostolique sur mesure pour évêque, Monseigneur Rangel, et pour les prêtres de l’Union Sacerdotale Saint Jean-Marie Vianney, dans le diocèse de Campos, au Brésil ».

 

(2) Précisons : cette expression « La pétition bi-ritualiste » peut s’entendre sur le plan pratique et nullement sur le plan  théologique.  On ne peut admettre, de soi, le nouveau rite en raison de son équivocité mais il ne dépend pas de nous que ce rite nouveau existe dans l’église, même si on doit tout faire pour sa disparition.

 

« Certes, la présence d’évêque n’est pas formellement requise pour que l’on puisse parler d’une famille liturgique spécifique mais on ne voit pas comment les rites orientaux pourraient vivre comme tels sans la présence en leur sein de la plénitude du sacerdoce. »

 

C’est, du reste, ce qu’a  confirmé le secrétaire de la Congrégation du Clergé, au nom de Cardinal Castrillon Hoyos, Mgr  Csaba Ternyàk, dans sa lettre protocolée sous le n° 20021399, du 10 juillet 2002, à Mgr Rangel : 

« Conformément à la lettre autographe « Ecclesiae unitas » du Saint Père Jean-Paul II, datée du 25 Décembre 2001, et au décret « Animarum bonum », du 18 Janvier 2002, émanant de la Congrégation des évêques, le rit liturgique codifié par saint Pie V, avec les adaptations décidées par ses successeurs jusqu’ au Bienheureux Jean XXIII, est devenu le rit propre de l’Administration apostolique, de sorte qu’aucun prêtre légitimement admis à célébrer dans les églises propres de l’ Administration apostolique personnelle Saint Jean-Marie Vianney n’a pas  besoin d’autorisation supplémentaire pour user du Missel romain dans son édition typique de 1962… »

 

Section 5 :   Les conséquences : une nouvelle législation.

 

Dès lors, il est fini le temps où la hiérarchie pouvait affirmer sans restriction que la messe nouvelle était la seule loi générale en matière liturgique.  Il faudra bien qu’elle tienne compte – aujourd’hui – de cette facultas  de nouveau accordée,  de nouveau affirmée en faveur de la messe « tridentine » pour les pères de Campos.  Elle redevient un droit – un droit reconnu – « cimenté » – « ratifié » dans un diocèse.

Dès lors, il est fini le temps où Monseigneur Ré pouvait affirmer à Monsieur de Saventhem  en 1994 : « les diverses dispositions prises (en matière liturgique) depuis 1984 avaient pour but de faciliter la vie ecclésiale à un certain nombre de fidèles, sans pérenniser pour autant les formes liturgiques antérieures ».

 

Ce temps en faveur exclusivement de la nouvelle messe est fini.  Cette affirmation « sans pérenniser pour autant les formes liturgiques antérieures » est finie, obsolète.  Une faculté est donnée à certains pour précisément pérenniser dans l’Eglise, la forme liturgique antérieure.

Les mots ont un sens.  Les affirmations aussi.  Ce qui est écrit est écrit et ne peut pas ne pas avoir été écrit.

 

 La messe de toujours : un droit positif.

Certes, c’est du droit positif,  me dit Monsieur l’Abbé de Tanoüarn, et le droit positif peut changer.  Bien sûr !

Mais il faut reconnaître que la lettre du Pape Jean-Paul II a été signée un 25 décembre de l’année 2001 – et que cette lettre dit : « Confirmabitur facultas ».  C’est publiquement – officiellement que la facultas  a été donnée à certains prêtres, ceux de l’Administration Apostolique Saint Jean-Marie Vianney de célébrer les Saints Mystères dans le rite ancien, pour en assurer la pérennité dans l’Eglise et leurs églises.

 

Rien ne fera que le décret d’érection de cette administration ne fut signé le 18 janvier 2002 et que ce décret dise : « Tribuitur facultas ». (3)

 

(3) ROME confirme – du reste – cette interprétation.  Dans sa lettre du 4 mai 2002 à Monseigneur Fellay, le Cardinal Castrillon Hoyos écrit en effet :

‘Tale abbraccio si è concretizzato con la forma giuridica piu adatta, offerta in modo permanente, allo sviluppo del carisma della suddetta Unionne, in sena all’unica Chiesa di Cristo con a Capo Pietro : mi riferisco all’Amministrazione Apostolica personale di Campos, che non è una soluzione transitoria ma è data stabilmente (di questa stabilità e di questa volontà non si può in alcun modo dubitare). So che molte persone, laici, sacerdoti e religiosi della Fraternita San Pio X, vogliono trovare la pace della conscienza, nella piena riconciliazione con la Chiesa ».

On voit en particulier combien sont futiles les paroles du Père COTTIER le 19 janvier dans une interview à l’Agence ZENIT (texte cité dans le SEL DE LA TERRE- n° 40 – p. 166). : « Peu à peu, il faudra prévoir des pas supplémentaires : par exemple, qu’ils participent aussi à la célébration dans le rite réformé.  Mais nous ne devons pas précipiter »).  Il n’est du reste pas chargé du dossier et ne connaît pas les engagements de l’autorité.

L’Eglise, par la main du Pape Jean Paul II, le reconnaît aujourd’hui et le veut faire respecter. Elle veut « pérenniser » cette messe.  Elle utilise un verbe en conséquence « confirmabitur facultas ».

 

Comme l’écrivait très joliment Monsieur de Saventhem à Monseigneur Ré dans sa lettre du 27 mai 1994 lui contestant son interprétation de l’indult du Pape de 1984 : « sans pérenniser pour autant les formes liturgiques antérieures » : « Même ecclésiologiquement, cette clause paraît indéfendable.  La « liturgie classique » du rite romain de la messe est déjà douée de pérennité intrinsèque en tant que monument incomparable de la foi.  Son usage universel et multi-séculaire bien avant la Constitution apostolique « Quo Primum » lui confère en outre la pérennité canonique de la consuetudo immemorabilis.  Par conséquent,  la pérennisation  dont parle votre lettre n’est aujourd’hui ni à octroyer ni à ôter à la liturgie classique. Elle est simplement à reconnaître et à faire respecter dans les dispositions réglant son emploi à côté des rites réformés » (Nef – p.388).

 

 « Le droit de dire la messe de toujours est » :

 

C’est précisément ce que le Pape a fait le 25 décembre 2001 et le 18 janvier 2002 en créant une forme juridique ad hoc. C’est un début.

Dès lors, ils sont finis ces temps où une autorité pouvait écrire :

« La loi générale demeure l’usage du rite rénové depuis le Concile alors que l’usage des rites antérieurs relève actuellement de privilèges qui doivent garder le caractère d’exception ».  C’est Monseigneur Ré – toujours lui – qui s’exprimait ainsi.

Le Cardinal Medina lui emboîtait le pas le 3 juillet 1999 –  Il était encore préfet de la Congrégation du Culte Divin –  Il ne s’exprimait pas différemment pour les communautés Ecclesia Dei.  Il ne cessait, lui aussi, d’invoquer, pour éviter de voir pérenniser la messe ancienne, les notions « d’indult », de « privilège », de « période d’exception ».  La messe de Saint Pie V n’était que « tolérée ».  Elle n’était qu’un privilège, qu’un indult … pour une période transitoire.

Ce temps-là est fini.

L’autorité ne pourra jamais plus écrire : « On doit affirmer que le missel romain antérieur au Concile Vatican II n’est plus en vigueur comme une alternative de libre choix pour l’ensemble des Eglises qui appartiennent au rite romain ».

 

C’était Monseigneur Médina à son Eminence le Cardinal Bonicelli, archevêque de GÊNES en 1999

Ce temps est fini, bien fini. Du moins, faudrait-il « préciser », « prendre en compte »  le cas de Campos.

Il y a une faculté  – un droit, un pouvoir – qui a été officiellement reconnue, publiquement publiée, aujourd’hui en vigueur. Elle est.  Le droit de dire la messe de toujours est.

Hier – le 25 décembre 2001, il était dit : « confirmabitur facultas » …

Aujourd’hui, le 18 janvier 2002 – cette même  facultas  « tribuitur »  – « elle est donnée ».

Elle est.

Non point que nous n’avions pas le droit de la célébrer ni hier, ni aujourd’hui : « Son usage universel et multiséculaire bien avant la Constitution apostolique Quo Primum lui conférait la pérennité canonique de la Consuetudo immemorabilis ».

Mais précisément, ce droit  ayant été contesté, nié, bafoué, détruit, pendant des années, il est heureux qu’enfin la hiérarchie reconnaisse et fasse respecter ce droit dans des dispositions réglant son usage … d’abord particulier puis un jour universel.

Ainsi, cette facultas  – donnée, scellée -, n’a peut-être pas encore été déclarée pour « l’ensemble des églises » … mais elle est reconnue pour « certaines églises », celles de l’Administration Apostolique personnelle Saint Jean-Marie Vianney, à Campos, au Brésil.  Demain, cette  facultas  le sera pour d’autres églises, pour nous…  Et après-demain « pour tous » pour « l’ensemble des Eglises ». Je le crois. Comme le disait le cardinal Stickler en 1986, le mouvement en faveur de la messe tridentine est « irréversible ». On le verra lorsque le pape Benoît XVI donnera son Motu Proprio « Sommum Pontificum ».

 

Section 7 : Le 24 mai 2003 : le cardinal Castrillon Hoyos affirme le « droit de cité » de la messe de « toujours ». Une journée historique

 

Aussi ne faut-il pas être étonné que le cardinal Castrillon Hoyos ait pu déclarer, le 24 mai 2003, à Sainte Marie Majeure, au nom du Pape, que la messe « traditionnelle  ait « droit de cité » dans la sainte Eglise catholique et romaine.

Il y a des mouvements inéluctables.

Celui du retour de la messe de toujours dans l’Eglise en est un.

 

La messe du 24 mai 2003

 

C’est ainsi qu’à l’autel principal de la Basilique Romaine Sainte Marie Majeure,  fut célébrée, le samedi 24 mai 2003, une grande messe grégorienne avec diacre et  sous diacre, selon le rite dit « tridentin » ou « de Saint Pie V ».

Tous les cardinaux de la curie romaine y furent invités. Quatre ou cinq purent se libérer et y assistèrent dont le cardinal Stickler.

 

Cette messe fut célébrée  en la  fête de Notre Dame, auxiliatrice des chrétiens.

J’y ai vu un signe de Dieu…

Le titre d’ « Auxilium » (auxilium christianorum) fut ajouté par le pape aux litanies de la Sainte Vierge en reconnaissance de la Victoire remportée sur l’invasion ottomane (en français : « secours des chrétiens »). Puis la fête de « Sainte Marie auxiliatrice » fut établie à perpétuité au 24 mai par Pie le Septième, en 1814, lors de son retour à Rome après ses cinq années de captivité napoléonienne à Savone puis à Fontainebleau.

Ce fut  donc une messe célébrée en l’honneur de Notre Dame et en reconnaissance, une messe dite Salve sancta parens  excepté l’oraison, la secrète et la postcommunion propres.

Elles fut  célébrée par le cardinal Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation du clergé  et président de la Commission Pontificale Ecclésia Dei, au nom du Souverain Pontife, Jean-Paul II.

« Plus qu’un geste, la  célébration de cette  messe à  Sainte-Marie-Majeure fut  un acte », « un acte historique »,  « en direction des traditionalistes, certes, mais surtout en direction de l’être historique de l’Eglise, de son patrimoine sacré reçu en dépôt, de sa liturgie dont nous sommes les héritiers ». (Jean Madiran. Présent). C’est à ce titre, surtout,  que nous nous en sommes profondément réjouis et que j’avais décidé d’y participer. (Malheureusement j’en ai reçu l’interdiction formelle du Supérieur Général, alors que j’étais en « exil » au Canada. J’avais déjà pris mon billet d’avion. Ce fut une perte sèche).

Cet acte fut, en effet, un acte de respect, d’honneur et de justice.

Un acte de respect.

Par cette célébration, le Pape Jean-Paul II a voulu redire le respect  que tous, nous  devons  accorder à « l’être historique de l’Eglise, à ses coutumes légitimes et immémoriales »,  que nous devons au  « patrimoine religieux reçu en héritage »,que nous devons enfin  à  ce rite, à cette « tradition légitimement constituée » (§ 46 de Ecclesia de Eucharistia de Jean Paul II). Ce sont là ses titres de gloire, raison de notre respect dû.

Un acte d’honneur

« L’Eglise de Rome, mater et magistra omnium ecclesiarum, mère et maîtresse de toutes les Eglises diocésaines, a rendu, écrit Jean Madiran toujours dans Présent,  son honneur à la messe catholique traditionnelle, latine et grégorienne selon le Missel Romain de saint Pie V »

Par la célébration solennelle du 24 mai, « elle a rendu son honneur à une messe offensée et presque entièrement recouverte par trente-trois années de dénigrements, de diffamations, de mépris, d’interdictions abusives et de persécutions ecclésiastiques ». (Jean Madiran, Présent)

Acte de justice

« Avec l’honneur à nouveau rendu, est venue aussi la justice ». C’est déclaré par la bouche du Cardinal Castrillon Hoyos: la messe traditionnelle a « droit de cité » dans l’Eglise. Nous le savions. Mais officiellement, dans l’Eglise, on ne le disait plus depuis trente-trois ans sinon quelques cardinaux dont le cardinal Ratzinger et le cardinal Stickler. Nous avons analysé leurs discours…

 

Ce respect, cet honneur, cette justice seront confirmés, très bientôt, par le Pape Benoît XVI, l’ancien cardinal Ratzinger. Comment ne pourrait-il pas réaliser ce qu’il a enseigné des années durant…ce qu’il a, en collaboration avec le cardinal Castrillon Hoyos, réglé pour les pères de Campos, surtout maintenant qu’il est « successeur de Pierre ».

 

Et ainsi la paix sera redonnée à l’Eglise, et à ses enfants.

 

 

Annexe 1 : Lettre de Mgr Lefebvre au cardinal Gagnon 

 

Annexe I

La lettre de Mgr Lefebvre au Cardinal Gagnon

Séminaire International Saint-Pie X, le 21 novembre 1987

En la fête de la Présentation de la T. S. Vierge Marie

Éminence,

 

Vous avez pu voir et entendre les membres de la Fraternité, examiner leur formation, les rejoindre dans leur ministère, écouter les fidèles qui s’adressent à eux pour leur sanctification.

Vous avez également conversé avec des religieux, des religieuses qui trouvent dans la Fraternité ou leur origine ou leurs secours spirituels, ou les grâces des ordinations et des professions religieuses.

Sans doute, vous avez pu remarquer ici ou là quelque exagération, un peu d’amertume. Mais je ne puis douter que vous ayez retrouvé un climat de foi, de dévotion, de zèle pour la vérité et la Sainteté que vous avez connu autrefois et dont vous reconnaissez la valeur aux fruits extraordinaires que produit ce climat de la Tradition catholique.

Nous formons donc une grande famille, vivant dans cette ambiance et cette atmosphère catholique, attachée à l’Église Romaine, attachée à Pierre et à ses successeurs, mais absolument et radicalement allergique à l’esprit conciliaire, de la liberté religieuse, de l’œcuménisme, de la collégialité, à l’esprit d’Assise, fruits du modernisme, du libéralisme tant de fois condamnés par le Saint-Siège.

Les conséquences de cet esprit sont désastreuses et nous les fuyons comme la peste de nos esprits et de nos cœurs ; nous faisons tout pour nous en protéger et en protéger la jeunesse de nos foyers catholiques. Comparez-nous à Israël au milieu des nations perverses, aux Macchabées et encore à tous ces saints réformateurs du clergé : saint Charles Borromée, saint Vincent de Paul, saint Jean Eudes, Monsieur Olier.

Voilà la réalité, nous formons une armada décidée à tout prix à demeurer catholique face à la déchristianisation qui s’opère à l’extérieur et à l’intérieur de l’Église.

Nous acceptons volontiers d’être reconnus par le Pape tels que nous sommes et d’avoir un siège dans la Ville Éternelle, d’apporter notre collaboration au renouveau de l’Église ; nous n’avons jamais voulu rompre avec le Successeur de Pierre, ni considérer que le Saint-Siège est vacant, malgré les épreuves que cela nous a values.

Nous vous soumettons un projet de réintégration et de normalisation de nos rapports avec Rome. Considérant ce que désormais vous connaissez de nous et de nos œuvres, vous ne serez pas surpris de nos exigences, uniquement fondées sur le zèle pour le bien de l’Église et le salut des âmes pour la gloire de Dieu.

C’est seulement dans cet esprit et en tenant compte de ces considérations qu’une solution peut être valable et stable. Si, dans ces conditions, une solution est impossible, alors nous poursuivrons notre chemin comme à présent, en attendant des circonstances plus favorables, pereseverantes in oratione et praedicatione verbi.

Cependant, nous vous garderons une profonde gratitude, quoi qu’il arrive, pour votre charité, votre aménité, votre compréhension, votre patience et dès à présent, nous prions Notre Dame de Fatima de vous rendre en bénédictions ce que vous avez fait pour nous.

Daignez agréer, Éminence, mes respectueuses et fraternelles salutations en Notre Seigneur et Notre Dame.

Écône, le 21 novembre 1897.

Mgr Lefebvre

Archevêque-Evêque de Tulle

Fondateur de la FSSPX.

 

Les propositions de règlement apportant une solution aux problèmes des œuvres et des initiatives en faveur de la liturgie traditionnelle dans l’Église.

 

1 – Nous référant à la suggestion du Concile dans le texte « Presbyterorum ordinis » n° 10, dont voici la teneur :  « Là où les conditions de l’apostolat le réclameront, on facilitera non seulement une répartition adaptée des prêtres, mais encore des activités pastorales particulières pour les différents milieux sociaux à l’échelle d’une région, d’une nation ou d’un continent. Il pourra être utile de créer à cette fin des séminaires internationaux, diocèses particuliers, prélatures personnelles et autres institutions auxquelles les prêtres pourront être affectés ou incardinés pour le bien commun de toute l’Église, suivant des modalités à établir pour chaque cas, et toujours dans le respect des droits des ordinaires locaux ». et à la lettre du Cardinal Ratzinger du 28 juillet 1987, il apparaît qu’une solution peut être trouvée pour le problème qui nous préoccupe.

2- En conformité avec la position du Cardinal Ratzinger dans la lettre précitée, un visiteur – le Cardinal Gagnon – a accompli une visite prolongée des œuvres de la Fraternité du 11 novembre au 7 décembre.

3- Sans préjuger des conclusions de la visite, mais dans l’espoir qu’elles seront positives, il nous semble indispensable avant d’aller plus avant dans les entretiens avec le Saint-Siège d’exprimer une condition sine qua non, nous faisant l’écho de tous les prêtres et fidèles attachés à la Tradition.

4- Si le Saint-Siège désire sincèrement que nous devenions officiellement des collaborateurs efficaces pour le renouveau de l’Église, sous son autorité, il est de toute nécessité que nous soyons reçus comme nous sommes, qu’on ne nous demande pas de modifier notre enseignement, ni nos moyens de sanctification, qui sont ceux de l’Église de toujours.

5- Il nous apparaît donc absolument nécessaire, pour que de bonnes relations s’instaurent avec le Saint-Siège que ces relations soient confiées à des personnes, à la fois très respectueuses et attachées au Saint-Siège, mais aussi convaincues de l’urgente nécessité pour l’Église, de favoriser les initiatives qui maintiennent la Tradition et de ne rien faire qui les contraignent à s’éloigner de nouveau.

6- Ainsi le Cardinal, le Secrétaire et les « minutanti » du Secrétariat Romain, s’il est accepté, devront être choisis suivant les critères ci-dessus exprimés, sinon ce sera l’échec des efforts entrepris depuis plusieurs mois pour une entente.

I

Le Secrétariat Romain

1° Nécessité d’une organisation permanente Romaine.

7- L’extension mondiale rapide de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X et la multiplication d’œuvres similaires réclament une organisation qui ait son siège à Rome, à l’instar d’un Secrétariat ou d’une Commission pour le maintien et le développement de la Liturgie latine selon les prescriptions de Jean XXIII

2° Composition de ce Secrétariat

8- À l’instar des autres secrétariats et commissions de ce genre, c’est-à-dire :

•un Cardinal préfet, nommé par le Pape avec agrément du Supérieur Général de la FSSPX

•un Archevêque ou Évêque, Secrétaire et Président et quelques « minutanti », présentés par le Supérieur Général de la FSSPX

3° Les pouvoirs de ce Secrétariat

9- Ils seraient assez semblables à ceux qu’ont la Propagande vis-à-vis des territoires de Missions et l’Orientale vis-à-vis des Rites Orientaux.

4° But de ces pouvoirs

10- Ces pouvoirs auraient pour but de normaliser les œuvres et les initiatives en faveur de la Tradition et de les aider à remplir leur rôle dans l’Église, dans les circonstances présentes, spécialement pour la FSSPX :

•veiller à leur continuité par l’octroi de l’Épiscopat à plusieurs membres,

•veiller à leur développement harmonieux et dans la paix vis-à-vis des Évêques diocésains et de la part de ceux-ci,

•veiller à amener les Ordinaires des lieux à comprendre le bien de la collaboration, par exemple, pour les séminaires.

5° Détermination des œuvres et des initiatives acceptées par le Secrétariat

11- Celles qui ont toujours utilisé exclusivement les éditions liturgiques de Jean XXIII et prié pour le Pape, selon les formules publiques de la Liturgie,

– Celles qui s’accordent avec l’esprit et le Droit de l’Église, dans leurs constitutions, esprit des fondateurs, esprit des constitutions originelles, pour le choix des sujets, préparation, spiritualité, doctrine, habit, vie de communauté etc.

II Statut canonique des diverses sociétés, des prêtres, religieux ; religieuses isolées. Relations avec le Secrétariat Romain.

Note préliminaire

12- Avant de procéder à l’étude et la normalisation de toutes ces sociétés et personnes adonnées à la Tradition, ce qui peut se réaliser avec le temps, il est urgent de :

•lever les suspenses et interdits,

•reconnaître à nouveau les statuts de la FSSPX, comme avant 1975,

•de modifier quelques articles de ses statuts afin de pourvoir à la succession épiscopale de Mgr Lefebvre.

– Canoniquement, il semble que l’on puisse se référer à ce qui a été décidé l’an dernier, le 21 avril 1986, au sujet de l’Ordinariat aux armées.

13- On pourrait d’ailleurs laisser l’application dans tous ces détails à une étude précise entre le Secrétariat ou le Cardinal Visiteur et la Fraternité.

Les différentes étapes à suivre pourraient être les suivantes :

14- 1° Considérer la Fraternité comme le support de l’Ordinariat pour la Liturgie latine en inscrivant dans ses Constitutions que le Supérieur général, s’il est agréé par Rome à travers le Secrétariat, recevra la Consécration épiscopale et pourra présenter deux auxiliaires pour l’aider dans sa charge et qui deviendront Évêques auxiliaires.

15 Toutefois exceptionnellement, pour la première désignation ou présentation des Évêques, elle sera faite par Mgr Lefebvre en accord avec le Cardinal Visiteur.

16- 2° Cette première étape accomplie viendra alors une étude plus approfondie des applications à faire de l’exemple de l’Ordinariat aux armées à la situation de la FSSPX. Ainsi l’application de la jurisprudence cumulative semble très réaliste et résout beaucoup de problèmes.

17- 3° Il ne semble pas que le fait que le Supérieur général soit Évêque soit un inconvénient : s’il n’est pas réélu, il peut ou devenir auxiliaire ou être chargé d’un diocèse ou être employé au Secrétariat Romain ou occuper d’autres fonctions.

18- 4° Les relations entre les divers œuvres et initiatives, d’une part, et la FSSPX, d’autre part, demeureraient celles qu’elles sont actuellement pour les ordinations, confirmations et autres assistances : bénédictions, retraites, cérémonies de professions etc. Mais tout ce qui concerne le statut canonique et les dispenses à soumettre à Rome, irait directement au Secrétaire Romain.

III Incardination et Juridiction

19- Les Normes de la Constitution apostolique « Spirituali militum curae » au sujet de l’incardination peuvent bien être appliquées à la FSSPX chargées des soins spirituels d’une petite armée de ceux qui maintiennent la Tradition Apostolique.

20- « Servatis servandis », dans le futur, la possibilité d’incardiner reviendra aux sociétés religieuses intéressées.

21- La juridiction vis-à-vis des fidèles est confirmée par Rome, c’est-à-dire que les prêtres de la FSSPX reçoivent juridiction de Rome, par le Supérieur Général et que les autres la reçoivent directement du Secrétariat de Rome, sur la demande des divers Supérieurs.

22- Il est évident que ces prêtres doivent observer les prescriptions du Droit pour conférer les sacrements selon les indications du Rituel de 1962.

Conclusion

23- Il ne semble pas qu’il doive y avoir de difficultés majeures du point de vue canonique, ni de la part des fidèles de la Tradition, si les indications ci-dessus sont exactement observées.

24- Nous souhaitons ne pas devoir dépasser le dimanche du Bon Pasteur, 17 avril 1988 pour les consécrations épiscopales.

 

 

Annexe 2 : Les « Prêtres de Campos » :

Reconnaissance par le Saint-Siège de l’Administration

Apostolique personnelle Saint-Jean-Marie-Vianney

 

Le 18 janvier 2002, dans la Cathédrale diocésaine de Campos, dans une belle cérémonie qui a consisté en la lecture des documents officiels et le chant du Te Deum d’action de grâce, en présence de Son Éminence le Cardinal Dario Castrillon Hoyos représentant Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, en présence de Son Excellence le Nonce apostolique, de Son Éminence le Cardinal Eugênio Sales, de Rio de Janeiro, de l’Archevêque Métropolitain de Niteroi, Monseigneur Carlos Alberto Navarro, de l’Evêque diocésain de Campos, Monseigneur Roberto Gomes Guimarães, et des Évêques de la Région, ont été reconnus officiellement en la pleine communion avec l’église catholique, l’Évêque et les prêtres de l’Union Sacerdotale Saint-Jean- Marie-Vianney, en nommant son Évêque, Monseigneur Licinio Rangel, Administrateur Apostolique de l’Administration Apostolique Personnelle, ce jour créée et dénommée « Saint Jean Marie Vianney », avec le droit de maintenir la Liturgie et la Discipline romaines traditionnelles, dite de saint Pie V. Ainsi fut reconnue, juridiquement, notre « réalité ecclésiale », avec le respect assuré de nos « caractéristiques particulières ».

 

• NON-ACCORD MAIS COMPREHENSION:

 

Bien que le mot « accord » fut alors utilisé par Monseigneur Marcel Lefebvre dans les conversations avec le Saint-Siège en 1988, nous l’avons considéré moins adapté pour la présente circonstance. En premier lieu, parce qu’on ne fait pas d’accord avec un supérieur, encore moins avec le Pape : à lui est dû égard et obéissance, selon les normes de l’Église.

Deuxièmement, parce qu’un « accord » suppose concessions et marchandages, ce qui ne fut vraiment pas le cas. Le mot qui exprime le mieux ce qui s’est passé, c’est « entente », une meilleure intelligence (ou meilleure compréhension).

 

Réellement, nous étions connus d’une manière négative et caricaturale : les « prêtres de Campos », « des traditionalistes », étaient considérés comme n’acceptant pas le Pape et ne reconnaissant ni le Concile Vatican II, ni la validité du Novus Ordo Missae, la Messe de Paul VI. Voilà pourquoi nous avons dû exposer notre vraie position qui, une fois « comprise » comme telle, a permis notre approbation et reconnaissance comme des Catholiques, dans la parfaite communion avec la Sainte Église.

Il y eut, par conséquent, une « compréhension ».

 

Et voilà pourquoi nous avons écrit au Pape: « Très Saint-Père, nous avons toujours considéré être dans l’Église Catholique, dont nous n’avons jamais eu l’intention de nous séparer, malgré la situation de l’Église et les problèmes qui ont affecté les catholiques de la

ligne traditionnelle, que Votre Sainteté connaît et qui, nous le croyons, remplissent Votre cœur comme le nôtre de douleur et d’angoisse: cependant juridiquement, nous avons été considérés en marge de l’Église. Voici donc notre demande: « Que nous soyons acceptés et reconnus comme Catholiques ».

 

À cette demande, le Saint-Père, a répondu avec bonté : « Après avoir considéré toutes ces choses et ayant devant les yeux la gloire de Dieu, le bien de la Sainte Église, ainsi que cette loi supérieure qui est le salut des âmes (cf. Canon 1752 c/c), et étant d’accord sincèrement avec votre requête de pouvoir être admis à l’entière communion avec l’Église catholique, nous reconnaissons que vous lui appartenez canoniquement ».

 

En conséquence, le Saint-Père enleva toute les censures ecclésiastiques que nous aurions pu encourir : « C’est assurément avec une très grande joie pour que la pleine communion soit rendue certaine, que nous déclarons levée la censure dont il est traité au canon 1382 CIC à votre égard, Vénérable Frère (concernant l’Evêque Monseigneur Licinio Rangel) en même temps que la levée de toutes les censures et le pardon de toutes les irrégularités dans lesquelles sont tombés les autres membres de cette Union ».

 

• LA RECONNAISSANCE DU PAPE:

 

Dans notre déclaration publique, nous avons dit : « Nous reconnaissons le Saint-père, le Pape Jean-Paul II, avec tous ses pouvoirs et prérogatives, lui promettant notre obéissance filiale et offrant notre prière pour lui ».

Cela nous l’avons toujours reconnu. Dans toutes nos sacristies. Comme il est de coutume dans toutes nos églises, est exposé un tableau avec les noms du Pape Jean-Paul II et de l’Évêque diocésain par lui nommé. Dans nos prières publiques on a toujours prié pour le Pape Jean-Paul II et pour l’Évêque diocésain. Nous n’avons jamais adopté de position sédévacantiste et nous n’avons jamais voulu faire un diocèse parallèle, contestant l’unité de l’Eglise. Même quand, par nécessité et en accord avec la Doctrine Catholique, nous avons dû résister, cela n’a jamais signifié de notre part la contestation de l’autorité papale ou sa non-reconnaissance.

De plus, nous avons toujours eu pleine conscience du caractère anormal, occasionnel et exceptionnel de la résistance cependant nécessaire, souhaitant toujours une régularisation et une normalisation prompte. Nous avons toujours eu présent en notre esprit le dogme de Foi : « Nous déclarons, disons, définissons et prononçons qu’il est absolument nécessaire au salut, pour toute créature humaine, d’être soumise au Pontife Romain » (Boniface VIII.

Bule Unam Sanctam, Dz-Sh 875).

C’est pourquoi dans notre lettre au Pape, nous avons écrit « Nous déposons dans les augustes mains de Votre Sainteté, notre profession de Foi catholique : nous professons une parfaite communion avec la Chaire de Pierre, dont Votre Sainteté est le légitime successeur. Nous reconnaissons votre primauté et votre gouvernement sur l’Église Universelle, pasteurs et fidèles, nous déclarons que, pour rien en ce monde, nous ne voulons nous séparer de la pierre sur laquelle Jésus-Christ a fondé son Église ». C’est le texte même de notre profession de foi catholique de 1982, écrit sous la direction de Monseigneur Antonio de Castro Mayer.

 

• LA RECONNAISSANCE ET L’ACCEPTATION DU CONCILE

VATICAN II :

 

Dans notre déclaration, nous avons également affirmé : « Nous reconnaissons le Concile Vatican II comme l’un des Conciles Œcuméniques de l’Église catholique l’acceptant à la lumière de la Sainte Tradition ».

Nous reconnaissons ainsi que le Concile Vatican II a été convoqué légitimement et a été présidé par le Pape Jean XXIII et continué par le Pape Paul VI, avec la participation des Évêques du monde entier, y compris Monseigneur Antonio de Castro Mayer et Monseigneur Marcel Lefebvre qui ont signé ses actes. Monseigneur Antonio de Castro Mayer a écrit plusieurs lettres pastorales sur le Concile, surtout une, en 1966, au sujet de l’application des documents promulgués par le Concile.

Toutefois est apparu le « pernicieux esprit du Concile » qui, d’après le Cardinal Ratzinger, « est l’anti-esprit, selon lequel l’histoire de l’Église devrait commencer à partir de Vatican II, considéré comme une espèce de point zéro » (Cardinal Ratzinger, entretien sur la foi, chap. II – p. 37). Voilà pourquoi, nous avons dit dans notre déclaration : « Nous reconnaissons le

Concile Vatican II comme l’un des Conciles Oecuméniques de l’Église catholique ». L’Église ne peut pas se séparer de son passé, ni le contredire.

Mais par rapport aux enseignements du Concile, à cause de son caractère éminemment pastoral, proclamé par lui-même, en vue d’adapter la doctrine immuable à nos temps, il est nécessaire que ses enseignements soient acceptés en accord avec l’ensemble du Magistère de l’Église, c’est-à-dire, à la lumière de la Sainte Tradition.

Nous disons cela parce que plusieurs, profitant du Concile, ont essayé et essayent encore d’introduire des doctrines hérétiques dans le sein de l’Église, doctrines déjà condamnées par le Magistère pérenne, qui constitue la Tradition. Le Pape Paul VI a parlé de la « fumée de Satan » qui pénètre dans le Temple de Dieu (Allocution du 29 juin 1972) et Sa Sainteté le Pape Jean Paul II regrettait lui aussi : « Les idées contredisant la vérité révélée et enseignée depuis toujours ont été répandues à pleines mains. De véritables hérésies ont été propagées dans le domaine dogmatique et moral, créant des doutes, des confusions, des rébellions, même la liturgie a été manipulée (Discours au Congrès des Missions 6.2.1981 – cité par Iota Unum p. 14). Voilà pourquoi nous utilisons, comme critère d’interprétation, la lumière de la Sainte Tradition.

Et accepter le Concile à la lumière de la Tradition, c’est ce que tout le monde devrait faire. C’est le critère d’interprétation indiqué par les Papes qui l’ont convoqué et qui l’ont présidé.

Dans l’allocution du 11 octobre 1962, à l’ouverture du Concile, le Pape Jean XXIII s’exprima ainsi : « L’objet essentiel de ce Concile n’est donc pas une discussion sur tel ou tel article de la doctrine fondamentale de l’Église… Pour pareille reprise, on n’avait pas besoin d’un concile, mais de l’adhésion renouvelée, dans la sérénité et le calme, à tout l’enseignement de l’Église dans sa plénitude et sa précision tel qu’il continue de briller dans les actes conciliaires de Trente à Vatican I, l’esprit chrétien, catholique et apostolique, dans le monde entier, attend une nette avance dans le sens de la plénitude de la doctrine et de la formation des consciences, en correspondance plus parfaite avec la fidélité professée envers la doctrine authentique – celleci étant d’ailleurs étudiée et exposée suivant les méthodes de recherche et la présentation dont use la pensée moderne –. Autre est la substance de la doctrine antique contenue dans le dépôt de la foi, autre la formulation dont on la revêt : en se réglant, par les formes et les proportions, sur les besoins d’un magistère et d’un style surtout pastoral ».

De fait, ce fut le critère également utilisé par le Pape Jean-Paul II quand il a parlé de la « doctrine intégrale du Concile », cela veut dire, a-t-il expliqué, que « la doctrine doit être comprise à la lumière de la Sainte Tradition et rapportée au Magistère constant de la Sainte Église » (Jean-Paul II, Discours à la réunion de l’Ecole Sacrée, le 5 novembre 1979).

Et il ne peut en être autrement : c’est ce qu’enseigne le Concile Oecuménique Vatican I : « Le Saint-Esprit n’a pas été promis aux successeurs de Pierre pour qu’ils fassent connaître, sous sa révélation, une nouvelle doctrine ; mais pour qu’avec son assistance, ils gardent saintement et exposent fidèlement la révélation transmise par les Apôtres, c’est-à-dire, le dépôt de la foi ».

D’ailleurs, Monseigneur Marcel Lefebvre lui-même a dit : « J’accepte le Concile, interprété à la lumière de la Tradition ».

De même, Monseigneur Bernard Fellay, successeur de Monseigneur Lefebvre, a déclaré : « Accepter le Concile n’est pas un problème pour nous. Il y a un critère de discernement.

Et ce critère c’est ce qui a toujours été appris et cru : « la Tradition » » (interview au journal suisse La Liberté le 11 mai 2001).

 

Sur ce critère d’interprétation « à la lumière de la Sainte Tradition », le célèbre écrivain catholique français Jean Madiran s’est bien exprimé (Itinéraires, novembre 1966, p. 13) : « Nous recevons les décisions du Concile en conformité avec les décisions des Conciles antérieurs. Si tels ou tels textes devaient paraître, comme il peut arriver à toute parole humaine susceptibles de plusieurs interprétations, nous pensons que l’interprétation juste est fixée précisément par et dans la conformité avec les précédents Conciles et avec l’ensemble de l’enseignement du Magistère… S’il fallait – comme certains osent le suggérer – interpréter les décisions du Concile dans un sens contraire aux enseignements antérieurs de l’Église, nous n’aurions alors aucun motif de recevoir ces décisions, et personne n’aurait le pouvoir de nous les imposer. Par définition, l’enseignement d’un Concile prend place dans la continuité vivante de tous les Conciles. Ceux qui voudraient nous présenter l’enseignement du Concile hors de ce contexte et en rupture avec cette continuité nous présenteraient une pure invention de leur esprit, sans aucune autorité ».

C’est donc, avec ce critère que nous reconnaissons et acceptons

le Concile Vatican II.

 

• SUR LA SAINTE MESSE:

 

Nous conserverons, dans notre Administration Apostolique Personnelle Saint-Jean-Marie-Vianney, comme le Saint-Père Jean-Paul II nous en donne le droit : la Sainte Messe traditionnelle, codifiée par le Pape saint Pie V, mais non seulement la Messe mais aussi toute la discipline liturgique traditionnelle, conformément aux dires du Saint-Père. Et nous la conservons parce que c’est une richesse authentique de la Sainte Église catholique, parce que c’est une Liturgie qui a sanctifié beaucoup d’âmes, parce que cette Messe est celle que les Saints ont célébrée, parce que cette Messe est celle à laquelle les Saints ont assisté, Messe qui exprime d’une façon claire et sans ambiguïtés les dogmes eucharistiques, elle constitue une authentique profession de foi, symbole de notre identité Catholique, un vrai patrimoine théologique et spirituel de l’Église. Elle doit être conservée.

Comme le Cardinal Dario Castrillon Hoyos, préfet de la Sacrée Congrégation pour le Clergé l’a bien exprimé : « L’ancien rite de la Messe sert à beaucoup de gens pour maintenir vivant ce sens du mystère. Le rite sacré, avec le sens du mystère, nous aide pour pénétrer avec nos sens dans l’enceinte du mystère de Dieu. La noblesse d’un rite qui a accompagné l’Église pendant tant d’années vaut bien la peine de ce qu’un groupe choisi de fidèles maintienne l’appréciation de ce rite, et l’Église par la voix du Souverain Pontife l’a compris ainsi quand elle demande qu’il y ait des portes ouvertes pour la célébration… Nous célébrons ensemble un beau rite, rite qui fut celui de nombreux Saints, une belle Messe qui a rempli les voûtes de nombreuses cathédrales et qui fit résonner ses accents mystérieux dans les petites chapelles du monde entier » (extrait de l’homélie pendant la Messe de saint Pie V, qui a été célébrée à Chartres, le 4 juin 2001).

 

En ce qui concerne encore la Messe traditionnelle, le Pape Jean- Paul II la propose comme modèle de révérence et d’humilité pour tous les célébrants du monde: « Le peuple de Dieu a besoin de voir dans les prêtres et les diacres un comportement plein de révérence et de dignité, capable de l’aider à pénétrer les choses invisibles, même avec peu de paroles et d’explications. Dans le Missel romain, dit de saint Pie V, on trouve de très belles prières avec lesquelles le prêtre exprime le plus profond sens d’humilité et de révérence face aux saints

mystères : celles-ci révèlent la substance même de toute liturgie » (Jean-Paul II, message à l’assemblée plénière de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, sur le thème « Approfondir la vie liturgique parmi le peuple de Dieu », le 21 septembre 2001.)

Certes, nous avons reconnu, comme nous l’avons dit dans notre déclaration, la validité du Novus Ordo Missae, promulgué par le Pape Paul VI, toutes les fois qu’il est célébré correctement et avec l’intention d’offrir le vrai Sacrifice de la Sainte Messe.

Mais c’était déjà l’enseignement de Monseigneur Antonio de Castro Mayer et de Monseigneur Marcel Lefebvre. Ce dernier, dans le protocole d’accord du 5 mai 1988, a accepté de signer : « Nous déclarons, en outre, reconnaître la validité du Sacrifice de la Messe et des Sacrements célébrés avec l’intention de faire ce que fait l’Église et selon les rites indiqués dans les éditions typiques du Missel romain et des Rituels des Sacrements promulgués par les Papes Paul VI et Jean-Paul II » (Protocole d’accord – 5 mai 1988, I 4).

 

Pourquoi avons-nous fait la réserve « toutes les fois que célébré correctement et avec l’intention d’offrir le vrai Sacrifice de la Sainte Messe » ?

Parce que si le prêtre célèbre la Messe avec l’intention de faire un repas de communauté ou une simple réunion, ou même une simple narration de l’institution de la Cène du Seigneur, sans l’intention d’offrir le vrai Sacrifice de la Messe, c’est la validité même de la Messe qui est en jeu.

Et, en outre, elles ne sont pas rares ces Messes, même valides dans lesquelles « la liturgie a été violée », comme l’a dit le Pape Jean-Paul II (discours au Congrès des Missions, 6 février 1981), « dans lesquelles il y a une liturgie dégénérée en « show », où l’on essaie de rendre la religion intéressante à l’aide de bêtises à la mode et de maximes morales aguichantes, avec des succès momentanés dans le groupe des fabricants liturgiques… », selon la critique du Cardinal Ratzinger (Présentation du livre La Réforme Liturgique, de Monseigneur Klaus Gamber, p. 6).

 

• NOTRE DEMANDE DE PARDON:

 

Avoir l’humilité de demander pardon des erreurs ou offenses possibles est une attitude éminemment chrétienne. Seuls les orgueilleux et les têtus, pensent toujours avoir raison, ils n’admettent même pas la simple possibilité d’erreur. Pourtant, saint Pie X disait, que dans la chaleur de la bataille il est difficile de mesurer la précision et la portée des coups. De là, les manques ou excès possibles, excusables et compréhensibles, mais fautifs.

Voilà pourquoi, dans notre lettre au Pape, nous avons écrit : « Et si par hasard dans la chaleur de la bataille pour la défense de la vérité catholique nous avons commis quelques erreurs ou causé quelques déplaisirs à Votre Sainteté, bien que notre intention ait toujours été de servir la Sainte Église, humblement nous demandons votre pardon paternel ».

Bien que la cause soit légitime et sacrée, des erreurs et des excès dans la façon de parler ou d’écrire peuvent arriver, et même un trop grand esprit critique et un manque également de vénération et de respect dû aux supérieurs. C’est de cela que nous demandons pardon, pour nous et pour tous les fidèles par nous assistés. Il est bien certain que nous n’avons pas à demander pardon à cause de notre position catholique doctrinale et liturgique, laquelle a été reconnue par le Saint-Père, le Pape lui-même.

 

• NOTRE ENGAGEMENT POUR LA DÉFENSE DE L’ÉGLISE

CONTINUE:

 

Le fait que le Saint-Père nous ait donné une Administration Apostolique Personnelle, ne veut pas dire que la crise de l’Église soit terminée et que notre combat pour la défense des valeurs traditionnelles devienne tiède.

Comme nous l’avons écrit au Pape: « Et au nom de notre foi catholique apostolique et romaine nous nous sommes efforcés de garder la Sainte Tradition doctrinale et liturgique que la Sainte Église nous a léguée et, dans la mesure de nos faibles forces et aidés par la grâce de Dieu, de résister à ce que votre prédécesseur d’illustre mémoire, le Pape Paul VI, a appelé l’auto-démolition de l’Église, c’est de cette manière que nous espérons rendre le meilleur service à Votre Sainteté et à la Sainte Église ».

Et maintenant, étant reconnus canoniquement, nous nous offrons au Pape pour officiellement, avec lui, collaborer au combat contre les erreurs et hérésies qui malheureusement sont au sein de notre Église. C’est ce que nous avons dit au Pape dans la même lettre : « Nous voulons, officiellement, collaborer avec Votre Sainteté dans l’œuvre de la propagation de la Foi et de la Doctrine catholique, avec zèle et pour l’honneur de la Sainte Église – Signum levatum in nationes – et dans le combat contre les erreurs et hérésies qui essaient de détruire la barque de Pierre, inutilement puisque les portes de l’Enfer ne prévaudront pas contre Elle ».

Et le Saint-Père avec bonté a accueilli notre offre : « Nous avons reçu, avec une très grande joie pastorale, le fait que vous vouliez collaborer avec le successeur du Bienheureux Pierre, à la propagation de la Foi et de la Doctrine catholique recherchant l’honneur de la Sainte Église – qui est l’étendard levé parmi les nations (Is.11, 12) – et combattant contre ceux qui essaient de détruire la Barque de Pierre, en vain parce que les portes de l’Enfer ne prévaudront pas contre Elle » (Mt. 16,18).

Et c’est pourquoi, nous avons conclu notre déclaration en disant : « Nous nous engageons à approfondir tous les sujets encore ouverts, prenant en considération le canon 212 du Code de Droit Canonique ». Ce canon reconnaît le droit et même parfois le devoir pour les fidèles d’exprimer leur jugement et ce, même d’une manière publique dans l’Église. La citation de ce canon signifie que nous ne nous sommes pas engagés à aucun silence complice devant l’erreur.

Pour cette raison, en voulant être fidèles au Magistère de l’Église, avec la grâce de Dieu, nous continuerons à combattre les erreurs que la Sainte Église a toujours condamnées et combattues. Mais ce combat sera toujours mené selon les normes de respect, de l’humilité et de la charité, comme nous l’avons dit dans la fin de notre déclaration : « Avec un sincère esprit d’humilité et de charité fraternelle envers tous ». In principiis unitas, in dubiis libertas, in omnibus charitas – dans les principes, l’unité, dans les choses libres, la liberté, en toutes choses, la charité (Saint Augustin).

À ceux qui se réjouissent avec nous, nos remerciements !

À ceux qui sont en désaccord avec nous, notre compréhension !

À ceux qui nous attaquent, notre pardon !

À tous, notre demande de prières pour notre persévérance !

Sainte Église romaine catholique Une, excellente, divine, immortelle

Qui conserve la Foi apostolique

Et les promesses de la vie éternelle

Nous vous aimons, nous sommes vos enfants,

Dans votre sein nous voulons vivre

Et de la lumière que vous nous donnez, parmi les éclats,

Dans vos bras maternels, mourir !

 

 

Lettre de l’Union Sacerdotale Saint-Jean-Marie-Vianney

au Pape du 15 août 2001

 

Très Saint-Père,

 

Humblement prosternés aux pieds de Votre Sainteté, nous prêtres de l’Union Sacerdotale Saint-Jean-Marie-Vianney du diocèse de Campos, État de Rio, Brésil, désirons présenter une demande au Vicaire du Christ et lui exprimer notre gratitude. Nous n’avons aucun titre à mettre en avant ; nous sommes les derniers prêtres de votre presbyterium ; nous ne possédons ni distinction, ni qualité, ni mérite. Mais notre état, d’ailleurs honorable, est de faire partie des brebis de votre troupeau et cela est assez pour retenir l’attention de Votre Sainteté. L’unique titre que nous revendiquons avec honneur est celui de catholiques apostoliques et romains. Et, au nom de notre foi catholique apostolique et romaine, nous nous sommes efforcés de garder la sainte Tradition doctrinale et liturgique que la Sainte Église nous a léguée et, dans la mesure de notre faible force et soutenus par la grâce de Dieu, de résister

à ce que Votre prédécesseur d’illustre mémoire, le Pape Paul VI, a appelé l' »autodémolition » de l’Église. C’est de cette manière que nous espérons rendre le meilleur service à Votre Sainteté et à la Sainte Église.

 

Très Saint-Père,

Nous avons toujours considéré être dans l’Église catholique, dont nous n’avons jamais eu l’intention de nous séparer malgré la situation de l’Église et les problèmes qui ont affecté les Catholiques de la ligne traditionnelle, que Votre Sainteté connaît, et qui, nous le croyons, remplissent votre cœur comme les nôtres de douleur et d’angoisse : cependant juridiquement nous avons été considérés comme vivant en marge de l’Église.

Voici donc notre demande: que nous soyons acceptés et reconnus comme catholiques.

 

Venant au-devant de notre désir, Votre Sainteté a chargé Son Éminence le Cardinal Dario Castrillón Hoyos, Préfet de la Sacrée Congrégation pour le Clergé, de procéder à la reconnaissance juridique de notre position de Catholiques dans l’Église.

Que nous en sommes reconnaissants à Votre Sainteté ! Nous demandons, officiellement, à collaborer avec Votre Sainteté dans l’œuvre de la propagation de la foi et de la doctrine catholique, avec zèle et pour l’honneur de la Sainte Église– « Signum levatum in nationes » – ; dans le combat contre les erreurs et les hérésies qui menacent de détruire la barque de Pierre, inutilement puisque  » les portes de l’Enfer ne prévaudront pas contre elle ». Nous déposons dans les augustes mains de Votre Sainteté notre profession de foi catholique : nous professons une parfaite communion avec la Chaire de Pierre dont

Votre Sainteté est légitime successeur. Nous reconnaissons Votre primauté et Votre gouvernement sur l’Église universelle, pasteurs et fidèles. Nous déclarons que, pour rien en ce monde nous ne voulons nous séparer de la pierre sur laquelle Jésus-Christ a fondé son Église. Et si, par hasard, dans la chaleur de la bataille pour la défense de la Vérité catholique, nous avons commis quelque erreur ou causé quelque déplaisir à Votre Sainteté, en dépit du fait que notre intention ait toujours été de servir la Sainte Église, nous implorons humblement votre pardon paternel.

Nous renouvelons l’expression du plus profond sentiment de vénération envers l’auguste personne du Vicaire de Jésus-Christ sur la terre, et sollicitons pour nous et pour notre ministère le bienfait précieux de la bénédiction apostolique. Nous sommes de Votre Sainteté, les fils humbles et obéissants,

 

Campos de Goytocazes, État de Rio de Janeiro, Brésil,

le 15 août 2001, fête de l’Assomption de la Très Sainte Vierge

Marie.

(suivent les signatures de Mgr Rangel et de tous les autres membres

de l’Union Sacerdotale Saint-Jean-Marie-Vianney)

 

 

 

Décret du 18 janvier 2002

Congrégation des Évêques

 

Nomination comme administrateur apostolique de

l’administration apostolique personnelle « Saint-Jean-Marie- Vianney ».

Décret

 

Pour pourvoir au gouvernement de l’Administration apostolique personnelle « Saint-Jean-Marie-Vianney », au territoire de Campos (Brésil), par le présent décret de la Congrégation des Évêques, le Souverain Pontife Jean Paul II, pontife par la Divine Providence, nomme et établit comme administrateur apostolique Son Excellence Monseigneur Licinio Rangel, lui donnant, en même temps, le titre épiscopal de l’Église de Zarnen, avec tous les droits, les pouvoirs et les devoirs établis dans le décret de la création de cette Administration apostolique

Donné à Rome, des Actes de la Congrégation des Évêques, le

18 janvier 2002.

 

 

NB : J’ai eu la joie et l’honneur d’assister à Campos dans l’église cathédrale, puis dans l’église de l’Administration encore en construction, aux  cérémonies de la « réconciliation » entre Rome et l’Administration Apostolique Saint Jean Marie Vianney. J’aurais tellement aimé que la FSSPX suive le même chemin et profite, elle-aussi, de normaliser sa situation canonique avec Rome. C’est pourquoi n’approuvant pas la position de la Maison Générale en cette affaire, j’ai donné ma démission d’assistant  du Supérieur Général. Je garde de cette cérémonie un souvenir ému. Et j’en rends grâce à Dieu et à l’Eglise romaine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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