Extraits du sermon de Mgr Fellay à Kansas City, le 13 octobre 2013
publié dans nouvelles de chrétienté le 17 octobre 2013
DICI] Extraits du sermon de Mgr Fellay à Kansas City, le 13 octobre 2013
SOURCE – DICI – 16 octobre 2013
Voici les extraits les plus significatifs du sermon donné par Mgr Bernard Fellay, Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, durant la Messe pontificale célébrée le dimanche 13 octobre en l’église Saint-Vincent de Paul, à Kansas City, lors du Congrès de l’Angelus Press. Avec l’aide de John Vennari que nous remercions vivement. L’enregistrement intégral de ce sermon est disponible en anglais sur le site dici.org/en.
Mgr Fellay a développé certains points concernant Fatima, le secret, les relations en 2012 de la Fraternité avec Rome, puis il a évoqué certains des nombreux problèmes graves qui sont liés au pape François.
« Depuis le début, a-t-il dit, nous avons le sentiment que quelque chose ne va pas avec ce pape. Dès le début il a voulu se distinguer, être différent des autres ».
« Nous devons regarder, a déclaré Mgr Fellay, quelle est sa vision de l’Eglise, sa vision du Concile, et quelles sont ses perspectives.
»
C’est au moment des Journées mondiales de la jeunesse, vers la fin du mois de juillet de cette année, que François a commencé une série impressionnante de discussions, entretiens, appels téléphoniques, etc. « Nous ne pouvons pas avoir une idée précise à ce stade, mais nous avons de quoi être terrifiés. »
Déclarations contradictoires du pape
Comme cela est typique du moderniste, ce dont saint Pie X nous avertit dans Pascendi : le moderniste parlera parfois d’une façon hérétique, et ensuite parlera de manière orthodoxe. Mgr Fellay a donné un exemple d’une de ces contradictions.
Il a cité l’entrevue de début octobre que le pape François a accordée au journaliste athée, Eugenio Scalfari, dans le quotidien romain La Repubblica. François semble alors promouvoir un relativisme dangereux.
Scalfari : Votre Sainteté, existe-t-il une vision unique du Bien ? Et qui en décide ?
Pape François : Tout être humain possède sa propre vision du Bien, mais aussi du Mal. Notre tâche est de l’inciter à suivre la voie tracée par ce qu’il estime être le Bien.
Scalfari : Votre Sainteté, vous-même l’aviez écrit dans une lettre que vous m’avez adressée. La conscience est autonome, disiez-vous, et chacun doit obéir à sa conscience. A mon avis, c’est l’une des paroles les plus courageuses qu’un pape ait prononcée.
Pape François : Et je suis prêt à la répéter. Chacun à sa propre conception du Bien et du Mal et chacun doit choisir et suivre le Bien et combattre le Mal, selon l’idée qu’il s’en fait. Il suffirait de cela pour vivre dans un monde meilleur.
Avec une bonne dose d’émotion, Mgr Fellay a déclaré au sujet de la réponse du pape : « Ce n’est vraiment pas catholique ! Parce que tout ce que je pense n’a absolument aucune valeur si cela ne correspond pas à la réalité. La première réalité est Dieu !… Dieu est l’unique bonté et la référence pour tout ce qui est bon ! … »
Nous avons une conscience, mais nous ne nous dirigeons vers le ciel que si notre conscience est un miroir de Dieu. La conscience doit être formée selon la loi de Dieu. « Donc, prétendre que chacun puisse suivre sa propre idée, c’est une sottise », a-t-il affirmé. « Cela n’a rien à voir avec l’enseignement catholique. C’est un relativisme absolu. »
Cependant, quelques jours après, le pape François a parlé de la nécessité de combattre le diable, de la bataille finale avec le diable, que personne ne peut combattre le démon à moitié et que nous devons combattre le relativisme.
« François a déclaré le contraire de ce qu’il a dit à La Repubblica. »
Quelle est la vision du pape François sur Vatican II ?
Mgr Fellay affirme que le pape François « tient pour acquis que le Concile a été un succès éclatant. Quel était le but principal du Concile ? : relire la foi à la lumière de la culture moderne ». On pourrait dire : « Incarner l’Evangile dans le monde moderne». François « est très heureux avec cela … », et estime que « le Concile a produit beaucoup de bons fruits. Le premier exemple qu’il donne est la liturgie – la liturgie réformée. C’est le beau fruit du Concile. C’est ce qu’il dit. Et il en est très satisfait. »
François nous affirme que « cette re-lecture de l’Evangile dans la culture moderne est irréversible, donc nous n’allons pas revenir en arrière. Comment voulez-vous que nous soyons d’accord avec lui ? Nous sommes en face d’un combat majeur. »
Le pape François et la Messe
A propos de la liturgie et de l’ancienne messe, François parle du ‘Vetus Ordo’ (l’ancien ordo). Il estime que Benoît XVI a probablement contribué à restaurer l’ancienne messe, comme un acte de prudence pour ceux qui tiennent encore à elle. « Mais ne vous attendez pas à ce que François revienne à l’ancienne messe. Peut-être va-t-il permettre qu’elle soit célébrée en paix. Dieu seul le sait. »
Mais François « voit qu’il y a un problème avec cette ancienne messe. Parce qu’il y a des gens qui idéologisent cette messe. Devinez qui est-ce qu’il vise… Je n’ai pas besoin d’en dire plus. Alors que va-t-il se passer avec nous ?… Ce que je constate, c’est qu’il y a une obsession chez lui pour ces gens qui se tournent vers le passé. Ecoutez les paroles du pape :
Pape François (dans l’entretien avec les jésuites) : « Ce qui est inquiétant, cependant, est le risque de l’idéologisation du Vetus Ordo, son exploitation. … Si le chrétien est légaliste ou cherche la restauration, s’il veut que tout soit clair et sûr, alors il ne trouvera rien. La tradition et la mémoire du passé doivent nous aider à avoir le courage d’ouvrir de nouveaux espaces à Dieu. Celui qui aujourd’hui ne cherche que des solutions disciplinaires, qui tend de manière exagérée à la “sûreté” doctrinale, qui cherche obstinément à récupérer le passé perdu, celui-là a une vision statique et non évolutive. De cette manière, la foi devient une idéologie parmi d’autres. Pour ma part, j’ai une certitude dogmatique, Dieu est dans la vie de chaque personne. »
Mgr Fellay poursuit : « L’impression que nous avons avec le pape actuel, c’est qu’il a un zèle pour le ‘plus ou moins’, pour l’‘à peu près’ ; et il veut à tout prix échapper à ce qui est trop clair et trop certain. Mais la foi est ainsi, parce que Dieu est ainsi. Eh bien, ce n’est pas ce qu’il pense. »
Une autre citation troublante du pape François (dans l’entretien avec les jésuites) :
« Si quelqu’un dit qu’il a rencontré Dieu avec une totale certitude et qu’il n’y a aucune marge d’incertitude, c’est que quelque chose ne va pas. C’est pour moi une clé importante. Si quelqu’un a la réponse à toutes les questions, c’est la preuve que Dieu n’est pas avec lui, que c’est un faux prophète qui utilise la religion à son profit. Les grands guides du peuple de Dieu, comme Moïse, ont toujours laissé un espace au doute. »
En réponse, Mgr Fellay s’exclame : « Quel est donc son Evangile ? Quelle Bible possède-t-il pour dire de telles choses ? C’est horrible. Qu’est-ce que cela a à voir avec l’Evangile ? Avec la foi catholique ? C’est du pur modernisme, mes bien chers frères. Nous avons en face de nous un véritable moderniste. » …
« Combien de temps sera nécessaire pour que les personnes investies d’une autorité dans l’Eglise se lèvent et disent : ‘nous ne pouvons pas accepter !’ [ce nouvel enseignement] J’espère et je prie pour que cela arrive. Mais cela signifie qu’il y aura une immense division dans l’Eglise. »
François nous dit aussi qu’il est un grand admirateur du cardinal jésuite ultralibéral Martini (aujourd’hui décédé). Martini a écrit un livre appelant à une révolution totale dans l’Eglise. « Et c’est ce que François veut. Et il nous a dit que les huit cardinaux qu’il a choisis pour l’aider à ‘réformer’ l’Eglise, pensent comme lui ! ».
Donnant comme dernier exemple l’œcuménisme, Mgr Fellay dit que le pape François soutient que « très peu de choses ont été faites dans cette direction ». C’est incroyable, estime le Supérieur de la Fraternité, parce que l’œcuménisme est à l’origine d’une catastrophe indicible dans l’Eglise, menant les nations chrétiennes à l’apostasie. « Pourtant, le pape actuel dit ‘très peu, presque rien n’a été fait dans ce sens.’…, et il ajoute : ‘mais j’ai l’humilité et l’ambition de faire quelque chose !’ »
S’accrocher à la Tradition et au chapelet !
En conclusion, Mgr Fellay déclare : « Le mystère de l’éclipse de l’Eglise n’a jamais été aussi grand. Nous allons au devant de moments très durs. Il ne faut pas se faire d’illusions. Et il est clair que la seule solution est de tenir fortement à ce que nous avons, de le garder, de ne le laisser échapper d’aucune façon…
« Le pape saint Pie X a dit que c’était l’essence de tout catholique de tenir fermement au passé, et qu’en ce sens tout catholique est traditionnel. Le pape actuel dit exactement le contraire : ‘oubliez le passé, lancez-vous dans l’incertitude de l’avenir
.’
Certainement nous avons besoin du Cœur Immaculé de Marie. Ce que nous vivons, c’est le Secret de Fatima. Nous savons ce que nous devons faire : prier, prier, prier, et pénitence, pénitence, pénitence. Prier le Cœur Immaculé de Marie, moyen qui nous est donné précisément dans ces moments difficiles… et prier le chapelet.
»
« Soyez-en sûrs », dit Mgr Fellay, « la prochaine Croisade du Rosaire n’est pas loin. Allez au chapelet. Priez-le tous les jours. Nous vivons dans des temps très dangereux pour la foi et nous avons besoin de cette protection céleste qui a été promise et accordée, à nous de la prendre !… Il nous faut croître dans cette intimité avec la Vierge Marie et Dieu ».
(Sources : Catholic Family News/sspx.org – Traduction française DICI n°283 du 18/10/13