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Entraide et Tradition

T 8 Chapitre 16 Psaumes du dimanche à Vêpres Psaume 110

publié dans couvent saint-paul le 28 mars 2020


Tome 8

Chapitre 16

Les psaumes du dimanche à Vêpres

Psaume 110

Psaume de louange. Ses raisons

 

Ce psaume 110 est un merveilleux psaume, comme je les aime, un psaume de louange. De cette louange,  il nous en donne, d’une manière explicite, les raisons. Elles sont bien sûr tirées de l’histoire de l’Ancien Testament, ce sont les bienfaits accordés par Dieu à son peuple Israël. Mais ces bienfaits, les Pères de l’Eglise, les ont considérés comme « figuratifs » des bienfaits du Nouveau Testament, de la vie du Christ et de ses mystères, comme des « symboles », des « annonces » des mystères du Christ. Par exemple, la manne de l’Ancien Testament comme symboles de la sainte Eucharistie. Ils sont donc tout autant des raisons de louer Dieu et son Christ. Nous allons le voir tout au long de notre commentaire.

« Confitebor tibi Domine, in toto corde meo, in consilio justorum et congregatione » « Seigneur, je vous confesserai de tout mon Coeur dans la réunion et dans l’assemblée des justes »

« Confitebor ». Ce mot de « confitebor » ne marque pas ici l’aveu des péchés, comme dans le « confiteor » de notre messe,  mais il exprime « la louange de Dieu confessée avec piété ». (Saint Augustin). Et cette confession est une vraie proclamation. Elle se fait avec  joie, dans la droiture, la justice. Oui ! Cette louange affirmée est joyeuse, juste et intense : « in toto corde meo » « de tout mon cœur », d’une manière intense « par une intense dilection ». C’est ainsi que saint Bruno interprète « in toto corde meo », par « une entière dilection » qui inclut et le cœur et l’agir. « Si quelqu’un m’aime, il gardera mes paroles » (Jn 14 23). On sait que c’est ainsi que Dieu veut être aimé de sa créature : « Aimez Dieu de tout votre cœur ». C’est ainsi qu’Il désire être loué, d’un cœur franc, total. Et c’est pourquoi l’auteur de ce psaume insiste et dit que cette confession se fait  « in concilio justorum et congregatione » « dans la réunion et dans l’assemblée des justes », voire à l’imitation des justes et donc  en toute droiture et non d’un cœur partagé et double. Il ne m’aimera pas seulement de bouche, hypocritement, comme les pharisiens, mais réellement, « en paroles et en actes ». Souvenez-vous des critiques de Notre Seigneur contre l’hypocrisie des Pharisiens dans le culte qu’ils portaient à Dieu du temps du Christ. Il  fustige l’hypocrisie des pharisiens, ce n’est pas comme cela que Dieu aime être loué, confessé : « Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, qui payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et qui négligez les points les plus graves de la Loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi ! Ce sont ces choses qu’il fallait pratiquer, sans omettre les autres.

Guides aveugles, qui filtrez le moucheron, et avalez le chameau !

« Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, tandis que le dedans est rempli de rapine et  Pharisien aveugle, nettoie d’abord le dedans de la coupe et du plat, afin que le dehors aussi soit pur.

« Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis, qui au dehors paraissent beaux, mais au dedans sont pleins d’ossements de morts et de toute sorte de pourriture. Ainsi vous, au dehors, vous paraissez justes aux hommes, mais au dedans vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité.

« Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, qui bâtissez les tombeaux des prophètes et ornez les monuments des justes, et qui dites : Si nous avions vécu aux jours de nos pères, nous n’aurions pas été leurs complices pour verser le sang des prophètes. Ainsi vous rendez contre vous-mêmes ce témoignage, que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes. Comblez donc la mesure de vos pères !

« Serpents, race de vipères, comment éviterez-vous d’être condamnés à la géhenne ? « C’est pourquoi voici que je vous envoie des prophètes, des sages et des docteurs. Vous tuerez et crucifierez les uns, vous battrez de verges les autres dans vos synagogues, et vous les poursuivrez de ville en ville » (Mt 23 25 35)

La louange de Dieu : la suite du psaume donne, nous l’avons dit les raisons multiples de louer Dieu. Tout d’abord l’œuvre créatrice :

« Magna opera Domini : exquisita in omnes voluntates eius » « Les œuvres du Seigneur sont grandes, proportionnées à toutes ses volontés »

Cette louange est dû à Dieu en raison d’abord, de la grandeur de ses œuvres : la création : « Les œuvres du Seigneur sont grandes » « magna opera Domini ». Il est le maître du monde. Il l’a créé. Il en dirige les éléments et les peuples. « Le ciel et la terre et la mer » comme aime à le dire la Genèse, sont les œuvres de ses mains. Ce « magna opera Domini » est suivi d’une expression dont il est difficile de préciser le sens. « Exquisita ».  « Exquiro, exquirere » veut dire « chercher, rechercher avec soin ». L’adverbe « exquisite » se traduit : « avec grand soin, avec distinction » Il faudrait alors traduire : « cette création divine » mérite d’être recherché », elle est digne d’être étudiée avec soin. Mais cet « exquisita » est suivi de cette expression « in omnes voluntates eius ». Alors  ce « eius »  au singulier, nous rapporte à Dieu. Ainsi il faudrait comprendre « ces œuvres sont dignes de la considérartion de Dieu », de « l’attention » de Dieu, de « la complaisance » de Dieu. C’est un  sens possible de « voluntas ». C’est le sentiment que la Genèse attribue à Dieu dans la création du monde : Gen 1 31 « Et vidit cuncta quae fecerat et erant valde bona ». Il la regarde avec « complaisance », « avec admiration et bonheur ».  Mais  l’Hebreux, nous dit la bible de Pirrot-Clamer, traduit le pronom « eius » par un pluriel : « eorum ». Alors, ce « eorum »  se réfère aux justes de la première strophe. Le sens serait différent mais tout aussi merveilleux : « ces œuvres sont dignes de la complaisance des justes » i.e  « exquises pour tous ceux qui les aiment ; pour tout le plaisir qu’elles donnent à tous ceux qui les étudient ». Aussi comprend-on la traduction française  qu’en donne Pirrot-Clamer: « Grandes sont les œuvres de Dieu, dignes d’admiration pour ceux qui s’y complaisent ». Cette traduction me fait penser au prologue de l’Epître aux Romains de saint Paul. Je l’ai déjà cité souvent. Allez relire le texte.

« Confessio et magnificentia opus eius et justitia eius manet in saeculum saeculi » « Ses oeuvres sont la confession et la magnificence et sa justice demeure dans tous les siècles »

Mais la création n’est pas la seule œuvre divine digne de louange. La  « confession »  des péchés est aussi l’œuvre divine. Nullement l’œuvre humaine mais l’œuvre de la grâce de Dieu, l’œuvre de la magnificence de Dieu ? Magnificence : mot composé de deux mots : magana et facere : faire de grandes choses. Ainsi du pardon du pécheur…qui est le don de Dieu. (magna anima). « Qu’as-tu que tu n’aies reçu et si tu l’as reçu pourquoi t’en orgueillir ».  Ce pardon montre la grande magnificence de Dieu. Dieu veut que chacun opère en lui l’humble confession de ses péchés. La justification de l’impie, n’est-ce pas l’œuvre la plus admirable de la bonté de Dieu? C’est toute la Rédemption. C’est en cette œuvre surtout qu’apparait la magnificence du Seigneur. Voyez la belle scène de la femme prise en flagrant délit d’adultère : « Où sont ceux qui voulaient vous condamner. Ils sont partis. Et bien moi non plus, je ne te condamne pas. Vas en paix, ne pêches plus ». N’est pas une scène d’une grande beauté, d’une grandeur d’âme remarquable ? C’est la magnificence en acte, œuvre du Seigneur par excellence. Saint Augustin est formel. Il dit dans son commentaire : « C’est donc dans la justification du pécheur que resplendit la magnificence de Dieu, dans l’élévation de quiconque s’humilie ».  Et de fait celui à qui l’on a beaucoup pardonné, aime beaucoup. C’est le cas de Marie Madeleine.  C’est là aussi un effet de la magnificence du Seigneur. Telle est enfin la magnificence du Seigneur, « qu’il y ait surabondance de grâce où il y avait abondance de péché  » (Rm 4 20). Et c’est là l’œuvre du seul Seigneur, qui est « juste » et fait justice à qui il veut. Il n’a pas de compte à rendre à personne. Il est le Seigneur et Maître et sa Justice est éternelle.

« Memoriam fecit mirabilium suorum, misericors et miseritor Dominus, escam dedit timentibus» « Le seigneur a institué un mémorial de ses merveilles, lui qui est miséricordieux et compatissant ; il a donné une nourriture à ceux qui le craignent »

Dans ce mémorial institué par le Seigneur, ne pourrait-on pas voir aussi un mémorial liturgique, celui par exemple de fêter annuellement la Pâque, commémorant, pour tous les Juifs, la délivrance d’Israël. La Pâque ne célèbre-t-elle pas le passage de l’Egypte en Terre d’Israël. N’est-ce pas le plus beau mémorial auquel même Notre Seigneur a voulu être fidèle. Souvenez-vous du témoignage de saint Luc : «Arriva le jour des Azymes, où l’on devait immoler la Pâque. Jésus envoya Pierre et Jean :  » Allez, leur dit-il, nous préparer le repas pascal.  » Ils lui dirent :  » Où voulez-vous que nous le préparions ?  » Il leur répondit :  » En entrant dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau ; suivez-le dans la maison où il entrera, et vous direz au maître de cette maison : Le Maître te fait dire : Où est la salle où je mangerai la Pâque avec mes disciples ? Et il vous montrera un grand cénacle meublé : préparez-y ce qu’il faut.  » Ils partirent, et trouvèrent les choses comme il le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque » (lc 22 1 7-13)

« Il a donné une nourriture à ceux qui le craignent » «  lui qui est miséricordieux et compatissant « « 

Il n’est pas difficile d’y voir ici une nette allusion à la manne que Dieu a envoyée au peuple élu depuis son entrée au désert (Ex 16 9-36) et peut-être aussi les cailles dont la première apparition est mentionné au même chapitre : «  Toute l’assemblée des enfants d’Israël murmura dans le désert contre Moïse et Aaron. Les enfants d’Israël leur dirent :  » Que ne sommes-nous morts par la main de Yahweh dans le pays d’Egypte, quand nous étions assis devant les pots de viande, que nous mangions du pain à satiété ? Car vous nous avez amenés dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette multitude. Yahweh dit à Moïse :  » Voici, je vais faire pleuvoir pour vous du pain du haut du ciel. Le peuple sortira et en ramassera jour par jour la provision nécessaire, afin que je le mette à l’épreuve, pour voir s’il marchera, ou non, dans ma loi.Le sixième jour, ils prépareront ce qu’ils auront rapporté, et il y en aura le double de ce qu’ils en ramassent chaque jour.  » Moïse et Aaron dirent à tous les enfants d’Israël :  » Ce soir, vous reconnaîtrez que c’est Yahweh qui vous a fait sortir du pays d’Egypte ; et, au matin, vous verrez la gloire de Yahweh, car il a entendu vos murmures qui sont contre Yahweh ; nous, que sommes-nous, pour que vous murmuriez contre nous ? « Moïse dit :  » Ce sera quand Yahweh vous donnera ce soir de la viande à manger et, au matin, du pain à satiété ; car Yahweh a entendu les murmures que vous avez proférés contre lui. Nous, que sommes-nous ? Ce n’est pas contre nous que sont vos murmures, c’est contre Yahweh.  » Moïse dit à Aaron :  » Dis à toute l’assemblée des enfants d’Israël : Approchez-vous devant Yahweh, car il a entendu vos murmures. « Pendant qu’Aaron parlait à toute l’assemblée des enfants d’Israël, ils se tournèrent du côté du désert, et voici que la gloire de Yahweh apparut dans la nuée. Yahweh parla à Moïse en ces termes :  » J’ai entendu les murmures des enfants d’Israël. Dis-leur : Entre les deux soirs vous mangerez de la viande, et au matin vous vous rassasierez de pain, et vous saurez que je suis Yahweh, votre Dieu. « Le soir, on vit monter des cailles, qui couvrirent le camp, et le matin il y avait une couche de rosée autour du camp. Quand cette rosée fut dissipée, voici qu’il y avait à la surface du désert quelque chose de menu, de granuleux, de menu comme le givre sur le sol. Les enfants d’Israël le virent, et ils se dirent les uns aux autres :  » Qu’est-ce que cela ?  » car ils ne savaient pas ce que c’était Moïse leur dit :  » C’est le pain que Yahweh vous donne pour nourriture. Voici ce que Yahweh a ordonné : Que chacun de vous en ramasse ce qu’il faut pour sa nourriture, un gomor par tête, suivant le nombre des personnes ; chacun en prendra pour ceux qui sont dans sa tente. « Les enfants d’Israël firent ainsi, et ils recueillirent les uns plus, les autres moins. On mesurait ensuite avec le gomor, et celui qui en avait ramassé beaucoup n’avait rien de trop, et celui qui en avait ramassé peu n’en manquait pas : chacun en recueillait selon sa consommation. Moïse leur dit :  » Que personne n’en laisse jusqu’au lendemain matin  »  Ils n’écoutèrent pas Moïse, et des gens en gardèrent jusqu’au matin ; mais il s’y mit des vers et tout devint infect. Moïse fut irrité contre eux. Tous les matins, ils ramassaient de la manne, chacun selon sa consommation, et quand le soleil faisait sentir ses ardeurs, le reste se liquéfiait. Le sixième jour, ils ramassèrent une quantité double de nourriture, deux gomors pour chacun. Tous les principaux du peuple vinrent en informer Moïse, qui leur dit :  » C’est ce que Yahweh a ordonné. Demain est un jour de repos, un sabbat consacré à Yahweh : faites cuire au four ce que vous avez à faire cuire, faites bouillir ce que vous avez à faire bouillir, et tout ce qui restera, mettez-le en réserve pour le lendemain matin.  » Ils mirent donc l’excédent en réserve jusqu’au matin, comme Moïse l’avait ordonné, et il ne devint point infect, et les vers ne s’y mirent point. Moïse dit :  » Mangez-le aujourd’hui, car c’est le jour du sabbat en l’honneur de Yahweh ; aujourd’hui vous n’en trouveriez point dans la campagne. Vous en recueillerez pendant six jours ; mais le septième jour, qui est le sabbat, il n’y en aura point.  »  Le septième jour, quelques-uns du peuple sortirent pour en ramasser, mais ils n’en trouvèrent pas.

Alors Yahweh dit à Moïse :  » Jusques à quand refuserez-vous d’observer mes commandements, et mes lois ? Voyez : c’est parce que Yahweh vous a donné le sabbat qu’il vous donne, le sixième jour, du pain pour deux jours. Que chacun reste à sa place, et que nul ne sorte le septième jour du lieu où il est.  » Et le peuple se reposa le septième jour. La maison d’Israël donna à cette nourriture le nom de manne. Elle ressemblait à de la graine de coriandre ; elle était blanche et avait le goût d’un gâteau de miel.  Moïse dit :  » Voici ce que Yahweh a ordonné : Emplis-en un gomor, pour la conserver pour vos descendants, afin qu’ils voient le pain dont je vous ai nourris dans le désert, lorsque je vous ai fait sortir du pays d’Egypte.  » Et Moïse dit à Aaron :  » Prends un vase, mets-y de la manne plein un gomor, et dépose-le devant Yahweh, afin qu’il soit conservé pour vos descendants. « Comme Yahweh l’avait ordonné à Moïse, Aaron le déposa devant le Témoignage, afin qu’il fût conservé. Les enfants d’Israël ont mangé la manne pendant quarante ans, jusqu’à leur arrivée dans un pays habité ; ils ont mangé la manne jusqu’à leur arrivée aux frontières du pays de Chanaan.(Ex 16 9-34)

La manne est bien un effet de la miséricorde et de la compassion du Seigneur envers un peuple qui ne les méritaient peu, mais qui souffrait dans la traversée du désert.

L’Eglise applique cette strophe, bien évidemment à l’Eucharistie dont la manne a toujours été considérée comme une figure. L’Eucharistie est bien la nourriture du Seigneur pour le peuple du Nouveau Testament. Souvenez-vous du récit de son institution en saint Luc : L’heure étant venue, Jésus se mit à table, et les douze Apôtres avec lui ; et il leur dit :  » J’ai désiré d’un grand désir de manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. Car, je vous le dis, je ne la mangerai plus jusqu’à la Pâque parfaite, célébrée dans le royaume de Dieu.  » Et prenant une coupe, il rendit grâces et dit :  » Prenez et partagez entre vous. Car, je vous le dis, je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu. « Puis il prit du pain, et ayant rendu grâces, il le rompit et le leur donna, en disant :  » Ceci est mon corps, qui est donné pour vous : faites ceci en mémoire de moi.   Il fit de même pour la coupe, après le souper, disant :  » Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, lequel est versé pour vous ». Lc 22 14-20

Mais il faut surtout citer ici le texte de saint Jean qui fait une parallèle explicite entre la manne et l’Eucharistie, le vrai pain de vie : Jn ; 6 31-33 48-51 :  » Quel miracle faites-vous donc afin que nous le voyions et que nous croyions en vous ? Quelles sont vos œuvres ? Nos pères ont mangé la manne dans le désert, ainsi qu’il est écrit : Il leur a donné à manger le pain du ciel.  » Jésus leur répondit :  » En vérité, en vérité, je vous le dis, Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel ; c’est mon Père qui donne le vrai pain du ciel. Car le pain de Dieu, c’est le pain qui descend du ciel et qui donne la vie au monde.  »

Ils lui dirent donc :  » Seigneur, donnez-nous toujours de ce pain.  » Jésus leur répondit :  » Je suis le pain de vie : celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif. Mais, je vous l’ai dit, vous m’avez vu, et vous ne croyez point. Tout ce que le Père me donne viendra à moi, et celui qui vient à moi, je ne le jetterai point dehors ; car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Or la volonté de celui qui m’a envoyé, est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour.  Car c’est la volonté de mon Père [qui m’a envoyé], que quiconque voit le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle ; et moi je le ressusciterai au dernier jour.  » Les Juifs murmuraient à son sujet, parce qu’il avait dit :  » Je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel.  » Et ils disaient :  » N’est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? Comment donc dit-il : Je suis descendu du ciel ?  » Jésus leur répondit :  » Ne murmurez point entre vous. Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les Prophètes : Ils seront tous enseignés par Dieu. Quiconque a entendu le Père et a reçu son enseignement, vient à moi. Ce n’est pas que personne ait vu le Père, sinon celui qui est de Dieu ; celui-là a vu le Père. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle. Je suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. Voici le pain descendu du ciel, afin qu’on en mange et qu’on ne meure point. Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour le salut du monde.  » (Jn 6 31 54)

Or il est clair que la Sainte Eucharistie est bien le « mémorial du Seigneur. La formule de consécration du vin lors du Sacrifice Eucharistique l’affirme clairement : « Ceci est le calice de mon Sang », et l’Eglise ajoute : « de la Nouvelle et Eternelle  Alliance » « Novi et Aeterni Testamenti »

Tout cela est une merveilleuse explication de cette strophe du psaume : « Le Seigneur a institué un mémorial de  ses merveilles, lui qui est miséricordieux et compatissant : il a donné une nourriture à ceux qui le craignent ».

« Memor erit in saeculum testamenti sui : virtutem operum suorum annuntiabit populo suo » » Il se souviendra éternellement de son alliance. Il fera connaître à son peuple la puissance de ses œuvres »

Cette alliance, Dieu l’a conclue avec Abraham. Elle sera éternelle. C’est l’affirmation de  Dieu dans  la Genèse : « Lorsque Abram fut arrivé à l’âge de quatre-vingt-dix-neuf ans, Yahweh lui apparut et lui dit :  » Je suis le Dieu tout-puissant ; marche devant ma face et sois irréprochable : j’établirai mon alliance entre moi et toi, et je te multiplierai à l’infini.  Abram tomba la face contre terre, et Dieu lui parla ainsi :  » Moi, voici mon alliance avec toi : tu deviendras père d’une multitude de nations. On ne te nommera plus Abram, mais ton nom sera Abraham, car je te fais père d’une multitude de nations. Je te ferai croître extraordinairement, je ferai de toi des nations, et des rois sortiront de toi. J’établis mon alliance, entre moi et toi et tes descendants après toi, d’âge en âge, en une alliance perpétuelle, pour être ton Dieu et le Dieu de tes descendants après toi. Je te donnerai, à toi et à tes descendants après toi, le pays où tu séjournes comme étranger, tout le pays de Chanaan, en possession perpétuelle, et je serai leur Dieu « . Dieu dit à Abraham :  » Et toi, tu garderas mon alliance, toi et tes descendants après toi, d’âge en âge. Voici l’alliance que vous avez à garder, l’alliance entre moi et vous, et tes descendants après toi : tout mâle parmi vous sera circoncis. Vous vous circoncirez dans votre chair, et ce sera le signe de l’alliance entre moi et vous. Quand il aura huit jours, tout mâle parmi vous, d’âge en âge, sera circoncis, qu’il soit né dans la maison, ou qu’il ait été acquis à prix d’argent d’un étranger quelconque, qui n’est pas de ta race. On devra circoncire le mâle né dans la maison ou acquis à prix d’argent, et mon alliance sera dans votre chair comme alliance perpétuelle. Un mâle incirconcis, qui n’aura pas été circoncis dans sa chair, sera retranché de son peuple : il aura violé mon alliance. » (Gen 17 1-11)

Moïse, après la prévarication de son peuple dans le désert, commettant un acte d’idolâtrie,  saura rappeler à Dieu, dans une prière fervente,  cette alliance éternelle pour éloigner du peuple sa colère: « Yahweh dit à Moïse  :  » Va, descends ; car ton peuple que tu as fait monter du pays d’Egypte, s’est conduit très mal. Ils se sont bien vite détournés de la voie que je leur avais prescrite ; ils se sont fait un veau en fonte, ils se sont prosternés devant lui, et ils lui ont offert des sacrifices, et ils ont dit : Israël, voici ton Dieu, qui t’a fait monter du pays d’Egypte.  » Yahweh dit à Moïse :  » Je vois que ce peuple est un peuple au cou raide. Maintenant laisse-moi : que ma colère s’embrase contre eux et que je les consume ! Mais je ferai de toi une grande nation.  » Moïse implora Yahweh, son Dieu, et dit :  » Pourquoi, Yahweh, votre colère s’embraserait-elle contre votre peuple, que vous avez fait sortir du pays d’Egypte par une grande puissance et par une main forte ? Pourquoi les Egyptiens diraient-ils : C’est pour leur malheur qu’il les a fait sortir, c’est pour les faire périr dans les montagnes et pour les anéantir de dessus la terre ? Revenez de l’ardeur de votre colère, et repentez-vous du mal que vous voulez faire à votre peuple. Souvenez-vous d’Abraham, d’Isaac et d’Israël, vos serviteurs, auxquels vous avez dit, en jurant par vous-même : Je multiplierai votre postérité comme les étoiles du ciel, et tout ce pays dont j’ai parlé, je le donnerai à vos descendants, et ils le posséderont à jamais.  Et Yahweh se repentit du mal qu’il avait parlé de faire à son peuple » (Ex 32 7-14)

Cette prière de Moïse est très belle et fortement fondée sur la promesse éternelle de l’alliance éternelle conclue par Dieu avec Abraham.

Quant à l’éternelle alliance du Christ scellée dans son sang avec son peuple, saint Paul, comme un nouveau Moïse, sait  affirmer que « Jésus-Christ est le Médiateur du nouveau Testament, afin que, par sa mort, ceux qui sont appelés reçoivent l’héritage éternel qui leur a été promis » (Hb 9 13) Vraiment l’Ancien Testament est bien une figure, un symbole  du Nouveau Testament.

« Ut det illis hereditatem gentium : opera manum eius veritas et juditium » « En leur donnant l’héritage des nations : les œuvres de ses mains son vérité et justice »

Cette strophe indique l’objet de cette alliance éternelle, ce n’est rien d’autres que le don de toutes les nations en héritage. Cette œuvre est « juste et vrai »« vérité et justice » puisqu’il est le Seigneur et Maître de tout. Tout est son domaine. Tout doit être remis en son pouvoir : C’est vérité et justice.  Il est Seigneur et Maître. Ce qui est pareillement affirmé pour le Seigneur Jésus-Christ dont le Père remettra toutes choses sous ses pieds lors de son Ascension, en sa gloire, à la droite de son Père.

« Fidelia omnia mndata eius : confirmata in saeculum saeculi, facta in veritate et equitate » « Tous ses préceptes sont immuables, affermis pour les siècles des siècles, fondé sur la vérité et l’équité ».

C’est une claire allusion au don de la loi fait par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï, ce sont les commandements et cette loi n’est pas le moindre des dons du Seigneur à son Peuple. En elle se trouve la vérité et l’équité et la sagesse. Raison supplémentaire de louer Dieu.

Enfin le psalmiste revient sur la « délivrance »  de son peuple de la terre d’Egypte. Il n’y a pas de doute, cette délivrance est considérée par Israël comme le don par excellence, raison évidente de la louange du peuple. Saint Jérôme, lui, parle de « redemption » : « redemptionem misit populo suo »

« « Redemptionem misit populo suo, mandavit in aeternum testamentum suum » « Il a envoyé la délivrance à son peuple: il a établi pour toujours son alliance »

Moïse fut l’auteur de cette « délivrance » du peuple de la terre d’Egypte. NSJC fut le « rédempteur » de toutes les Nations, pas sa Croix sur le monde. Cette rédemption est l’œuvre par excellence du Christ Seigneur. « C’est l’œuvre cachée en Dieu et révélée à la plénitude des temps, à l’âge apostolique: « Je viens o Dieu faire votre volonté » dira Jésus. Mais aussi « Ma nourriture est de faire la volonté de mon Père ». Or cette volonté c’est le salut des hommes. C’est l’objet de la prédication de tous  les Apôtres, de toute l’Eglise. Elle ne cesse de répéter : « Ecce Agnus Dei, Ecce qui tolit peccata mundi ».

C’est dans la foi en ce message de l’Eglise que consiste la sagesse des Nations, la sagesse et la vraie crainte du Seigneur. C’est sur ces exhortations que se conclut notre psaume. La vraie intelligence est en tous ceux qui agissent selon cette « crainte » « sa louange subsiste dans les siècles des siècles »

« Il a établi pour toujours son alliance », « testamentum suum », son « sacrifice » « novi et aeterni testamenti ». Heureux qui en vit car il sait ainsi rendre à Dieu, toute honneur et toute louange, raison de son existence.

 

 

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